P
as facile de débarquer dans une nouvelle école sans y connaître personne. D'autant plus lorsque son pouvoir ne s'est pas encore manifesté. Aussi, lorsque l'ourson Arthur pénètre dans la cour, il n'en mène pas large. Mais à peine noue-t-il connaissance avec Gonzague, Pélagie et Willo que d'inquiétantes disparitions se produisent. Les quatre amis, rejoints par l'impressionnante renarde Kitsu, se mettent à soupçonner tout le monde et comptent bien découvrir la vérité. Enfin s'ils en ont le temps...
Avant la réédition, en mai, du tome deux, Cœur de renard, et surtout une troisième aventure inédite annoncée pour octobre, Dargaud donne l'occasion de (re)découvrir l'école des Mitaines, ses élèves, ses profs et ses mystères avec La Peau de l'Ours. Par rapport à la première version chez Didier Jeunesse de 2014, seule l'apparition d'une couverture cartonnée est à noter.
Les Jours sucrés, Chaussette, Les Chroniques de l'île perdue, Miss Charity, en quelques albums, Anne Montel (dessins et couleurs) et Loïc Clément (scénario) ont su installer un véritable style. Des histoires bien écrites et poétiques, loin d'être niaises, sur des sujets forts, habillées d'un trait aérien d'aquarelles envoûtantes. Le temps des Mitaines ne déroge pas à la règle, tout en apportant sa différence. Si le héros apparaît naïf, la situation dans laquelle le scénariste du Voleur de souhaits le plonge n'a rien de fleur bleue. De comment se faire une place dans un nouvel environnement avec l'impression d'être différent à une série de disparitions qui ont tout d'enlèvements, l'intrigue grimpe en tension patiemment. Grâce à sa bande de copains, aux personnalités marquées, Arthur va prendre son destin en mains en même temps qu'ils avancent dans leurs investigations.
Ponctuant le récit de répliques drôles, de quelques quiproquos débouchant sur des situations qui prêtent à sourire et de pas mal de rebondissements, les auteurs parviennent à maintenir l'attention tout au long des cent quinze planches. La fluidité est garantie par un découpage propre, dynamisé avec à propos par quelques trouvailles pour signifier les flashbacks ou les pensées des protagonistes. Jouant des vignettes sans cadre et des textes hors bulles et cases, le duo réussit à proposer une lecture active et distrayante, sortant des sentiers battus de la bande dessinée jeunesse académique. Généreuse dans ses couleurs autant que ses décors, Anne Montel offre une belle constance qui permet une pleine immersion. Ils tiennent ainsi en haleine leurs lecteurs jusqu'à la révélation finale et la résolution de l'affaire, surprenante mais cohérente.
Sous des allures de conte aux dessins ronds et légers, se cache une enquête prenante, marquée par l'humour, le mystère, des personnages attachants et un univers magique. Une lecture tous publics qu'il ne faut rater sous aucun prétexte.
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