L
a combattante d’élite de l’an 2544, Wynn, est blessée. Oliver s’en occupe. Seulement, ce n’est pas par bonté d’âme. Effectivement, en furetant autour du trône de pierre découvert, quelques semaines plus tôt, en Perse, il a actionné accidentellement la machine à voyager dans le temps. La balade temporelle a très peu chamboulé le docker, qui mena, en 2020, des fouilles aux archives publiques. Il y apprit le jour de sa mort et aperçut une photo sur laquelle il identifia un autre corps. Une belle blonde étrangement vêtue. Étendue là. Morte. Tombé sur la plantureuse de retour à son époque (1874), le jeune Londonien espère survivre. Il aspire également à sauver la jolie archéologue, Béatriz Bentham-Rose, à chasser le parasite et, éventuellement, à amasser une petite fortune !
Après un premier volet laissant peu de répit aux interprètes, le scénario accélère une nouvelle fois, rebondissant de raccourcis bienvenus en pirouettes d’écriture. Chronomètre à la main, Stéphane Desberg presse ses héros afin que tous les événements, ou presque, soient rentrés dans l’ordre avant le top final. Pour ce faire, l’auteur élude les règles inhérentes au genre, notamment l’effet papillon. Le script ne se risque pas davantage à évoquer les boucles temporelles, qui condamnent habituellement les apprentis sorciers à vivre indéfiniment les mêmes situations. Épurée de ces contingences, l’histoire a toutefois esquissé trop de pistes. L’écrivain ne peut décemment toutes les soigner, et pourtant il ne tranche pas dans le vif. Le continuum est alors porté par l’action à profusion au détriment de la profondeur des interactions. Le compteur tourne en surrégime. Le récit s’emballe abandonnant le lecteur à quai.
Brusqué, Griffo ne tient pas véritablement ses personnages principaux, dont la forme des visages évolue encore en fonction des cadrages. Tenu par des délais de parution ramassés, l’artiste expurge en outre ses décors. Il compose ses pages avec de nombreux plans serrés, ce qui conduit à l’enchaînement de fonds de cases tristement vides. De manière surprenante, une scène à l’intérieur du métro est mise en image par une double planche. Le dessinateur encadre son trait de vignettes au format Scope. Ainsi allongées, elles imitent la longueur du subway anglais. L’intention est bonne, mais le dispositif ne présente pas d’intérêt narratif et, surtout, l’exécution est grossièrement détaillée.
Par ailleurs, la peinture de l’album ne transcende pas les faiblesses du titre. L’ensemble des temporalités adoptent une même technique de colorisation et les teintes des séquences sont plus contiguës qu’à l’occasion du précédent tome.
Oliver Page & les Tueurs de Temps résonne comme un rendez-vous manqué entre deux grands artistes du neuvième art et un public exigeant qui en veut pour son argent. Promptement édité, hâtivement lu et prestement oublié, le diptyque n’entrera pas au panthéon des œuvres de la bande dessinée. Enfin, qui sait ce que le futur nous réserve ?
C'est avec grand intérêt que je me suis plongé dans ce diptyque dont l'idée de départ était alléchante et prometteuse (un parasite tueur se retrouve au XIXe siècle à Londres via une machine à remontrer le temps).
Le scénario promettait son lot de rebondissements et de paradoxes temporelles tout en jouant sur les différences d'époque et de mentalités, malheureusement rien ne s'est passé comme prévu :(
Pour commencer, l'histoire a été scindée en deux tomes sortis quasiment en même temps, laissant peu de marge aux auteurs pour la finalisation (des décors ou les dessins de certains personnages). Le récit va également subir les affres du peu de temps imparti mais aussi de choix scénaristiques très DISCUTABLES.
En effet, l'idée de mélanger les univers du XIXe, XXIe et XXVIe siècle n'est pas mauvaise en soi, encore eut-il fallu ne pas user de raccourcis scénaristiques et d'incohérences !
Le récit s'emballe tel un moteur et accumule les rebondissements et l'action au détriment des paradoxes et autres problématiques temporelles habituelles associées au genre, ce qui est un choix que je peux admettre. Néanmoins, plus le récit avance, plus cela devient capillotracté à l'extrême !
L'histoire va aussi accumuler pléthore de références à des œuvres cinématographiques préexistantes: Alien le huitième passager, le blob, The Thing (pour le chien aux yeux bleus).
J'ai noté une assez bonne retranscription du Londres poisseux et brumeux de Jack l'Eventreur.
Enfin, on a le droit à un tacle envers l'ancien président américain Donald Trump, c'est gratuit et totalement facile…
On peut passer un bon moment de lecture si on met de côté les problématiques, mais je finirai par reprendre les termes de la critique du site au sujet du volume 2: "Promptement édité, hâtivement lu et prestement oublié, le diptyque n’entrera pas au panthéon des œuvres de la bande dessinée".
Un léger mieux pour cette second partie. Le dessin est au niveau de son prédécesseur, mais l'histoire elle, évolue dans le bon sens. On gagne en rythme et en intensité. Les rebondissements s’enchaînent, les aller-retours dans le futur également, le tout intelligemment associé. Le scénario a donc tendance à gagner un peu en profondeur. Il a le mérite de nous tenir en haleine jusqu'au dénouement.
Avec ce second tome, je persiste et je signe en disant qu'il aurait véritablement fallu faire un gros One-shot regroupant les 2 albums. L'ensemble aurait été d'une tout autre qualité et l'approche aurait été complètement différente. C'est vraiment dommage...