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n vagabond, baluchon à l’épaule et souliers usés, promène sa bobine dans un village typique des années trente fantasmées. Soudain, il se retrouve le nez collé à une vitrine, les yeux écarquillés et le cœur battant la chamade. À l’intérieur du magasin, trône un magnifique et très attrayant saxophone. Seulement, cet instrument coûte une fortune. Qu’est-ce que ce voyageur aimerait sentir le métal sous ses doigts et actionner les clés en laiton au rythme de son souffle sur l’anche. Peut-être qu’en vendant sa force de travail, le tenancier acceptera de le rétribuer. Par ailleurs, il y a un petit oiseau au chant divin. Son auditoire serait subjugué si sa voix portait davantage. Parfois, lorsque deux démunis se rencontrent, ils font cause commune et, ainsi, ensemble, gravissent des montagnes !
Les éditions de la gouttière ont déniché un auteur prometteur, au coup de crayon séduisant. La mélodie graphique de David Périmony est en parfaite harmonie avec son sujet. L’amitié est au cœur du récit et la musicalité très douce de son trait accompagne ce sentiment noble. Le grain du papier met en valeur une gamme chromatique pastel autour d’un nuancier de beige et de marron. Les couleurs claironnent en opposition aux silences assourdissants des planches. L’artiste agrémente sa partition de rupture de tempo. En contrepoint de cases cadencées, il propose des pleines pages inventives. Utiles à sa narration, elles séquencent les grandes étapes de l’histoire. À l’inverse, une bascule s’opère aux trois-quarts du livre. La luminosité est étouffée pendant quelques feuillets plus sombres et, sans doute, plus artificiels. Le choix de l’illustrateur est alors de faire résonner les émotions contradictoires du musicien, hésitant entre l’appât du gain et l’amour de son prochain.
Le héros ganté à la salopette a un faux air de personnage de Disney, tout comme l’orchestre des seconds couteaux, du luthier au directeur de salle de concert, des spectateurs au crocodile. Cette sensation est accentuée par la rondeur du style du dessinateur et par le titre de l’album, qui fait directement référence aux Silly Symphonies, une série de courts métrages musicaux produits par les studios du papa de Mickey, de 1929 à 1939.
En somme, Billy Symphony est une ballade acoustique, un peu irrégulière et aux visuels doux, où le compagnonnage et la liberté swinguent au son tapageur du Jazz !
C'est une BD destinée à la jeunesse qui évoque pour moi une certaine douceur. Billy est un brave gars qui n'hésite pas à travailler pour acquérir un instrument de musique à savoir un saxophone. Il va se lier d'amitié avec un oiseau avant d'être exploité par un patron véreux.
On va suivre tout un parcours qui pourrait être celui du sens de la vie ou d'une quête pour le bonheur. La fin sera un peu plus triste mais heureusement tout se terminera bien. Le méchant crocodile va révéler un autre comportement moins prédateur au son de la musique qui change la vie.
A noter que la bande dessinée est totalement muette mais qu'on comprend assez vite les différentes situations. J'ai beaucoup aimé la finesse et la beauté de ce dessin qui évoque par un ton sépia les dessins animées de Walt Disney des années 30 (notamment les Silly symphonies).
Au final, c'est une belle symphonie qui souligne une poésie de l'âme. C'est également une réussite pour son auteur qui réalise avec ce titre sa toute première bande dessinée. On attend la suite avec une certaine impatience.