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lbert Camus (1913 – 1960) est une figure centrale de l’intelligentsia française de la première moitié du XXe siècle. Journaliste, dramaturge et philosophe, il fut couronné du prix Nobel de littérature en 1957. Sa disparition tragique dans un accident d’automobile choqua le monde entier et laissa orphelin une foule d’admirateurs. Soixante ans après sa mort, son œuvre continue de fasciner et sa pensée libre et humaniste demeure toujours d’actualité.
Biopic appliqué et à la facture originale, Camus, Entre justice et mère retrace la trajectoire de l’écrivain, de son enfance algérienne à ce funeste jour de janvier où la Facel Vega de Michel Gallimard quitta brutalement la route. Organisée en un long retour en arrière alors que Camus est sur le point de donner son célèbre Discours de Stockholm, la narration plonge dans différents épisodes fondateurs. Ce truc de scénariste est classique, cependant José Lenzini et Laurent Gnoni vont plus loin que la simple récitation. Prenant au mot le romancier, ils tentent de reconstituer la nature même de leur sujet et ses relations avec sa patrie – la France et l’Algérie –, sa famille et ses contemporains. Extraits de textes enchâssés, reconstitutions de scènes clefs, quelques compositions pleine page muettes, mais tellement lumineuses, la lecture surprend au premier abord, avant de séduire et de couler de source, tant cette construction savante s’avère naturelle.
Si les citations imposent logiquement leur force, les dessins et, surtout, les couleurs éclatantes, de Gnoni apportent une présence tangible au penseur et à ses idées. Basée sur des portraits connus, la silhouette de ce dernier se détache également avec ce qu’il faut de fragilité et, finalement, d’humanité. Le dessinateur utilise à bon escient tous les outils de la bande dessinée (découpage ouvert, mise en scène libre) pour retranscrire son récit d’une manière admirable.
Excellente introduction tant à la pensée qu’à leur auteur, Camus, Entre justice et mère réussit la gageure d’aller à l’essentiel sans oublier les petits détails futiles ou insignifiants qui, en fait, furent le véritable de creuset de la réflexion d'un homme qui jamais ne dérogea à ses principes.
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