T
roisième et dernier enfant d’une prostituée et d’un indien, Bouncer a perdu son bras en se battant avec un de ses frères. Devenu tueur et redresseur de torts, le voilà également promu contre son gré bourreau officiel de Barro-city. Aussi indépendant que manipulé, il défend aussi bien l’orphelin et le fermier qu’il peut être le bras d’une justice aveugle ou l’instrument de la vengeance. Impitoyable Ouest.
Bouncer présente au moins deux qualités. La première, c’est de rendre accessible à la curiosité du commun des bédéphiles l’œuvre de deux figures emblématiques du neuvième art. Car gageons qu’un nombre important de lecteurs ont découvert le trait de Boucq et les obsessions de Jodorowsky avec les aventures du shérif manchot. Ici point d’univers délirant, d’onirisme échevelé, d’humour tordu ou de science-fiction absconse. Et les deux complices réussissent ce tour de force sans pour autant renoncer à leur style ou aux thèmes qui leur sont chers. Les personnages ont par exemple de vraies « gueules » qui portent les stigmates de leur vécu et les histoires de famille et les destins, au sens large et aux contours toujours à découvrir, empruntent plus aux ténèbres qu’aux longs fleuves tranquilles. La seconde, c’est de nous redonner goût aux westerns, à ces histoires rudes où tout finit par se régler à coups de revolvers sur fond de poussière. Dernièrement, en bande dessinée comme sur grand écran, la veine s’était tarie si l’on excepte Gibier de potence ou le prometteur Ethan Ringler dans un registre moins classique.
Ce quatrième tome s’ouvre sur une longue scène qui relève autant de l’exercice de style que du morceau de bravoure. Le plaisir de Boucq à jouer avec les mouvements irradie les planches, tout comme il séduit dans la description des étendues rocailleuses et désertiques baignées de soleil ou les lieux sombres éclairés à la lampe à pétrole. Là, la fusillade est intense, les corps tombent. Les seuls vainqueurs sont sans doute ceux qui se relèvent, obtenant un sursis jusqu’à la prochaine balle. La bonne. Enfin, c’est une expression… A son terme, les fils d’un passé qui éclabousse inévitablement les protagonistes d’un microcosme tout entier voué à la tragédie sont reconstitués. Avant que ne s’ouvrent de nouvelles perspectives en fin d’album. Ironiquement, on se dit en effet qu’il est difficile de se passer de nouveaux personnages pour la suite, un grand nombre des anciens jonchant désormais le sol.
Ce deuxième diptyque, peut-être en léger retrait par rapport au précédent, permet donc de tourner une page de l’histoire du Bouncer. Et comme on dit, suite au prochain épisode, les deux comparses paraissant prendre toujours autant de plaisir à tirer les ficelles de son destin.
Je donne cet avis pour les 4 premiers tomes.
Je suis assez partagé quant aux aventures du Bouncer.
D'un côté, le dessin adapté, la mise en scène ultra-brutale, l'ambiance glauque à souhait, sont vraiment superbes.
D'un autre, le scénario est très classique, voir parfois vraiment poussif (le hasard fait trop bien les choses !).
J'ai aussi un peu du mal à avoir de l’empathie pour le Bouncer. On connait son histoire, certes, mais pas lui. Ainsi, à part suivre les aventures d'un type qui fait toujours la tête et qui a eu une enfance difficile, c'est un peu... Vide !... Quant aux autres persos, ils ont a peu prêt tous la même personnalité...
Du coup, je ne sais pas encore si j'investirais dans le tome 5...
Pour des raisons que je ne peux expliquer sans dévoiler la fin de l'album précédent, le bouncer n'est pas content de ses dernières pendaisons. Il faut dire qu'on lui a un peu forcé la main. Du coup, il va se venger en essayant d'empêcher le massacre généralisé d'une famille de paysans.
Cette séquence est le morceau d'anthologie de l'album, violente certes mais réussie. Et après cela le bouncer récupère son "pôpa" et on retombe dans le sirupeux.
Cette série est aussi énervante que réussie. Réussie grâce à l'intrigue et les dessins, énervante par un certain nombre de détails qui foutent tout par terre.
A noter que jamais plusque dans cet album, le dessin de Boucq ne m'a fait autant penser à celui d'Hermann.
L'attaque du ranch est une des scènes d'action les plus intenses qu'il m'ait été de lire en BD. Rien que pour ce moment de bravoure et de talent (tant au dessin qu'au scénario), les auteurs méritent toute mon admiration.
Le bouncer est vraiment né sous une mauvaise étoile : après avoir combattu ses 2 frères jusqu’à la mort dans le cycle précédent, ce fils d’une prostitué et d’un indien croit enfin trouver le bonheur dans les bras d’une prostitué au passé bien sombre, mais c’est évidemment pour mieux retomber dans l’horreur et le malheur ! Si le seul fait de se faire planter le jour de son mariage aurait suffit à son malheur, ce videur de saloon manchot se voit également contraint d’exécuter sa bien-aimée après avoir été désigné bourreau officiel de Barro-City par un sort qui à l’art de s’acharner de façon malsaine sur lui dans cette fantastique série.
Si le scénario m’a semblé un peu moins fluide que dans le premier cycle, le dessin aux paysages panoramiques du grand Ouest de cette époque reste fabuleux et les personnages portent toujours leur personnalité sur le visage.
Comme dans le cycle précédent la quête de vengeance est à la base de cette nouvelle tranche de malheur du bouncer, avec une histoire qui connaît son apogée avec le siège du ranch qui est digne des plus grandes scènes cinématographiques de l’Ouest !