1989, les praticiens sont subjugués à la suite d’un accouchement. L’enfant naît adulte et il possède « le regard ». Ses premiers mots, lancés quelques minutes après sa mise au monde, le distingue du commun des mortels : « ze veux un crayon ». Le pseudo-gamin a déjà l’ambition de devenir le fleuron des dessinateurs de la planète. Mais, il fera mieux. Il incarnera l’élite des scribouillards de l’Univers. L’ultime Comic Beast !
Pour sa première publication, Chariospirale construit un récit décalé sur la vie d’un créateur de bande-dessinée où le non-sens succède à l’absurde. Le protagoniste principal, presque quasi unique, est porté par des objectifs messianiques transcendants. Il ignore la raison de sa passion dévorante pour l’illustration qui le prend dès la séquence inaugurale de sa propre naissance, allégorie évidemment de l’éveil d’un auteur. Suivent des événements un peu foutraques, pas toujours drolatiques, mais dont l’intérêt est de porter ce personnage au firmament, avant qu’il ne subisse un échec. Passer sous les Fourches Caudines le contraint alors à se remettre en question. Le scénariste évoque ainsi le doute puis la peur d’être réduit à une œuvre n’ayant pas rencontrée son public.
Les influences graphiques qui transparaissent dans le livre sont principalement à retrouver dans la scène indépendante française, en particulier les artistes Antoine Marchalot, Morgan Navarro, Delphine Panique, Pierre Ferrero ou encore Olivier Texier. Inséré à l’intérieur d’un gaufrier essentialisé, le style penche plutôt vers de la ligne claire avec un supplément d’effets informatiques, notamment des ombres colorisées ou des ajouts d’éclats de lumière. Les visages dérangent volontairement : des petites dents perdues au milieu de bouches énormes et déformées, des veines à profusion et surtout des litres et des litres de transpiration. L’ensemble génère un sentiment d’antipathie à l’égard des interprètes de papier. Quant aux aplats de couleurs, ils distinguent les plans afin de faciliter la lecture, sans que les fonds de cases soient singulièrement détaillés. Finalement, la gamme chromatique met à l’honneur des dégradés de verts et de rouges à mesure que la narration bascule en direction de la science-fiction, voire du n’importe quoi !
En somme, Le Meilleur Dessinateur de tous les temps est une fausse biographie assumée et tout à fait frappadingue qui se découvre rapidement et laisse un arrière-goût d’incompréhension. Le but est-il atteint ? Aucune idée.
Poster un avis sur cet album