« Ma vie est un ENFER ABSOLU.
J'ai besoin d'être seule pour faire le point.
JE T’ENVOIE NOTRE FILLE.
Wanda »
C'est par ces mots que la vie de Bob Frank bascule du jour au lendemain. Lui, le taximan à la vie bien posée, va devoir assumer son nouveau rôle de père.
Cela faisait plus de dix ans que Joel Orff n'avait pas été publié par les éditions Ça et Là. Si l'auteur de Nuits blanches et Au fil de la nuit a continué de dessiner et à explorer sa passion pour le rock, il n'en a pas totalement terminé avec l'art séquentiel. Son nouveau livre prend pour cadre une ville qui lui est chère, Minneapolis, et dépeint le quotidien banal de Bob Frank chauffeur de taxi de son état. Trentenaire, en pause dans sa relation sentimentale, sans grande ambition, le héros décrit par Joel Orff respire la platitude. Jusqu'à l'arrivée de sa fille et le bouleversement qu'elle va provoquer dans ce train-train. Sans grand effet, mais avec beaucoup de pudeur et de justesse, l'artiste parvient à restituer la force des premiers instants de cette découverte réciproque. Il propose des personnages touchants et fragiles que la situation et le ton rendent rapidement attachants.
Jouant sur les silences, les regards et l'expressivité, il donne une belle ampleur à ces petits riens qui créent du lien. Un style simple, au noir et blanc judicieux et à la mise en page sobre et efficace qui offrent une belle fluidité jusqu'à l'ultime séquence. Joel Orff revient avec bonheur pour narrer avec un vrai talent Quelques heures de la vie d'un loser. Une lecture qui se déguste avec plaisir, un moment de poésie entêtant qui donne envie d'en lire d'autres plus souvent.
C'est une histoire d'une jeune adolescente qui débarque chez un père trentenaire un peu simplet qu'elle n'a jamais connu sur ordre de sa mère qui a besoin de réorganiser sa vie. Il s'en suit une merveilleuse rencontre mais qui ne durera pas très longtemps avec pour toile de fond la cité de Minnéapolis et sa précarité.
Il est vrai que cette bd assez discrète ne payait pas de mine au premier abord. Le graphisme est plutôt sombre. Or, il ne faut jamais se fier aux apparences car elles peuvent être trompeuses.
J'ai été retourné par cette fin qu'on n'avait pas vu venir. On en garde un sentiment de malaise assez profond. Je suis sidéré par la gentillesse de certaines personnes et par la méchanceté d'autres qui n'hésitent pas à utiliser tout les stratagèmes possibles pour arriver à leurs fins.