B
éa et Lou errent sur des routes imaginaires, à la recherche d’elles-mêmes et de West, car il faut bien ramener Diamant chez elle !
Sur la route de West est la dernière graphic novel de la prolifique Tillie Walden.
Certains albums demandent une empathie qui n’est pas innée, car malgré toute la bonne volonté du monde, il est parfois difficile de s’affranchir de ses a priori, afin de comprendre, sans interpréter outre mesure, un propos par trop personnel. Il y a aussi cette réserve à s’immiscer, dans l’intimité d’une autrice pour qui ce one-shot prend des airs de catharsis, car une nouvelle fois… Tillie fait du Walden !
Structuré, dans sa première moitié, comme un road-movie, ce récit glisse progressivement vers l’abstraction, non sans rappeler, à certains égards, Alice au pays des Merveilles. Quoi qu’il en soit, cette fuite dans un Texas évanescent et des passés douloureux trouve rapidement ses limites pour qui n’est pas en capacité d’apprécier la parabole waldienne. Reste que, techniquement, le graphisme minimaliste est servi par une mise en page pleine d’inventivité et des couleurs d’une simplisme complexité, ce qui laisse au plus grand nombre un espace de liberté à investiguer.
Tillie Walden cultive, avec talent et créativité, une rhétorique militante et névrotique dont elle semble prisonnière. Pourquoi ne pas explorer d’autres manières de concevoir les différences, ne serait-ce que dans la complémentarité ?
Ce n'est pas la première fois que je lis un road-movie. Celui-ci possède une particularité à savoir la rencontre entre Lou et Béa sur une route texane. Une profonde amitié va se construire entre elles bien qu'une dizaine d'années les séparent. Chacune d'elle fuit un passé devenue trop lourd à porter entre viol et homosexualité.
C'est très long : près de 300 pages colorés et plutôt bien dessinés. Les couleurs sont d'ailleurs assez sombres ce qui donnent tout de suite une ambiance assez oppressante. Le récit commence par un véritable roman graphique assez réaliste avant de se terminer dans le fantastique et l'onirique. J'avoue ne pas avoir apprécié ce passage un peu surfait. Reste une belle histoire d'amitié.
On dit néanmoins qu'il se dégage de l’œuvre de Tillie Walden récompensée par un Eisner Award en 2018 une force assez envoûtante. Ce n'est pas faux, je dois le reconnaître. Cependant, ce manque de logique et parfois de cohérence n'a pas produit chez moi l'émerveillement attendu. Quête initiatique et récit intimiste seront au rendez-vous et cela peut plaire à pas mal de lectrices.