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umas est un groupe terroriste sévissant au cœur des quartiers déshérités de la mégalopole, Hasgar. Mêlant la fougue de la jeunesse à un cocktail d’armes à feu et de drogues, ces combattants de la liberté entendent faire plier le gouverneur et obtenir une autonomie juridique. En représailles, l’Administration centrale a déployé les forces de l’Ordre et ferme les yeux sur leurs interventions musclées. À l’occasion, d’une ratonnade visant davantage à apeurer les civils qu’à appréhender des indépendantistes, un individu au visage masqué émerge de la masse sourde. Le peuple opprimé tient son héros, un certain Guess What !
Fondée en 2003, la maison d’édition Ki-oon se spécialise dès son origine dans la traduction d’œuvres asiatiques. Depuis, l’entreprise a fait du chemin et propose désormais des créations originales, dont la dernière production est le manga Guess What !. L’équipe aux commandes de ce seinen est inexpérimentée, mais ne manque pas de talents. Abendsen, le jeteur d’idées, verse habituellement du côté de la musique alors que son compère Ubik, le poseur de ligne, s’épanouissait déjà un crayon à la main, sans avoir pu poser un pied dans le neuvième art. Tout au long d’une pagination élevée, les auteurs installent une ambiance et esquissent à peine les premiers enjeux. La critique du modèle économique emprunté par les sociétés modernes est très prégnante. L’augmentation des inégalités, la ghettoïsation des miséreux, la privatisation de la police et, par incidence, l’institutionnalisation de milices, l’ensemble concorde pour décrire les dérives d’un capitalisme débridé. La distance avec le monde actuel est assurée par les petites touches de science-fiction qui germent au gré du récit. Parmi lesquelles, l’apparition de l’homme providentiel aux aptitudes supra-naturelles. L’opposition réalité/fantastique s’inscrit au sein d’un canevas scénaristique marqué par la dualité : le symbole de la fleur de lotus à la fois yin et yang, les fusils d’assaut contre la simple barre de fer ou encore le vigilant issu d’une caste défavorisée face à une militaire désignée par l’élite au pouvoir. Un synopsis trop manichéen, qui devra se révéler autrement plus complexe au fil de la série.
D’un geste vif, le dessinateur pose ses personnages. Son gaufrier répond à la séquence. Rectiligne lors de scènes statiques, il se déforme à loisir afin d’imiter l’activité des belligérants. La vitesse et la violence des confrontations sont retranscrites par des techniques inhérentes au genre, à savoir des traits de déplacement et des onomatopées en mouvement. L’absence remarquée de trames est mollement contrecarrée par des ombres portées directement à la plume et des niveaux de gris montés à l’ordinateur. L’informatique permet surtout d’apposer un encrage blanc, ponctuel et efficace. Par ailleurs, quelques planches bénéficient d’un traitement de couleurs aux tons violacés. Le procédé a nécessité d’intercaler un papier épais et glacé pour un rendu, au demeurant, anecdotique.
Au final, ce tome d’exposition happe le lecteur dans un agréable divertissement d’anticipation à la narration rythmée. Toutefois, l’intrigue doit s’épaissir comme il est impératif que la guerrière teenager très stéréotypée gagne en consistance.
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