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dison Crane est l'homme parfait. Entre son plan pour dévier un astéroïde qui fonce sur la Terre et répondre aux défis fous que lui lance un gamin, il trouve tout de même le temps de venir en aide à l'agent Rachel Straks et la CIA. Un plan qui impliquerait une société secrète, diverses matérialisations spectaculaires et un parchemin planqué au sein de la bibliothèque du Kremlin. Une broutille pour Edison...
Pour leur nouvelle collaboration, Rafael Albuquerque et Mark Millar (ils ont déjà réalisé le très sympathique Huck) ont choisi de taper fort. Trop peut-être... Malgré l'imagination et la productivité dont l'auteur écossais fait preuve pour justifier l'argent engagé par Netflix dans le rachat de sa société de création de comics, il ne peut pas être, à tous les coups, aussi inspiré que Jupiter's Legacy ou le récent The Magic Order.
Pourtant, son complice déploie tout son talent et s'en donne à cœur joie pour donner vie aux situations traversées par leur héros. Saut d'un avion en plein vol, cascades à moto (en étant enflammé tant qu'à faire), combat contre des requins, etc. les dangers sont aussi éclectiques que nombreux et le dessinateur d'American Vampire ne ménage pas ses efforts pour mettre en scène ces exploits. Son style caractéristique, dynamique et vif, colle parfaitement au rythme effréné de l'intrigue. D'autre part, sa (légère) propension à l'exagération des proportions ou des mimiques appuie les effets humoristiques dont cette course contre la montre est parsemée et ajoute un second degré bienvenu.
Jamais à court de bonnes idées, le scénariste de Starlight et autres Kick-Ass ponctue son récit de trouvailles dont il a le secret. Le rythme s'en trouve soutenu et les rebondissements nombreux mais... Si l'idée principale de la série semble un prétexte idéal pour proposer (avant de les filmer ?) des séquences spectaculaires, elle implique également un défaut majeur : à aucun moment il n'est possible de vibrer pour Mr Crane. Invincible, omniscient et riche à millions, il apparaît dès lors difficile de le voir menacé et donc de s'inquiéter pour lui. Pas d'identification, pas d'empathie ni de crainte à avoir et voilà le lecteur spectateur indifférent envers un personnage à qui rien ne peut arriver. Reste toutefois le savoir-faire indéniable d'un duo qui connait son affaire et maintient un semblant d'intérêt jusqu'au terme de ces six chapitres malgré le manque d'enjeu.
Efficace à défaut d'être novateur, Prodigy remplit son office en mettant plein les yeux. Les amateurs de comics risquent toutefois de trouver cela too much et les fans des auteurs de regretter le ton impertinent des premiers ouvrages de Mark Millar. Personne ne peut toujours être parfait... sauf Edison Crane.
Après l’excellent The Magic Order, cette mini-série constitue le second titre de Mark Millar à être publié après le rachat de sa société d’édition, Millarworld, par Netflix. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on est très loin d’y retrouver la qualité du premier (Prodigy 2018, #1-6).
L’histoire est celle d’Edison Crane, un prodige doué depuis l’enfance dans des domaines aussi divers que variés (les arts martiaux, les échecs, l’économie, la médecine, l’aérospatiale et bien d’autres encore), lancé dans une aventure hors-normes pour déjouer un complot sataniste mondial doublé d’une invasion extraterrestre. A la seule écriture de cette phrase, on se rend immédiatement compte de l’invraisemblance du scénario. Et même si Millar est habitué aux personnages atypiques, il en fait ici beaucoup trop.
L’intrigue ne prend pas le temps de la réflexion et se déroule à toute vitesse, l’aventure se résume à passer des requins de l’océan indien aux terroristes de l’Etat islamique, les méchants sont stéréotypés et on alterne les scènes de cascades périlleuses ridicules et celles de déductions sorties de nulle part. Même le personnage de Crane – ce génie milliardaire philanthrope humaniste et sûr de lui – est bien trop lisse pour être intéressant (à l’inverse des super-héros DC ou Marvel qui composent avec leurs failles et leurs émotions). Enfin, le retournement de situation final est cliché au possible et on croirait avoir lu une série B et non une production d’un scénariste majeur de l’industrie du comics.
Si le scénario est extrêmement décevant, il reste néanmoins le dessin de Rafael Albuquerque pour rattraper, un peu, l’ensemble et passer malgré tout un bon, mais rapide, moment de lecture. S’il s’agit là de la seconde collaboration entre Millar et Albuquerque après Huck en 2015, on n’y retrouve cependant ni la jolie colorisation pastel ni le personnage prodigieux mais surtout humain et sensible de leur précédente collaboration.