A
près avoir déjoué des complots terroristes au Moyen-Orient et à Paris, Léna assure le bon déroulement d’une conférence tenue secrètement dans l’arrière-pays québécois. Officiellement majordome, elle veille à la sécurité des représentants de différents États venus discuter des frontières syriennes. Les échanges s’étirent pendant des mois. Dans cet univers peuplé de hauts fonctionnaires, tout le monde a quelque chose à cacher et les fourbes ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit.
Phalanges de l’ordre noir, Partie de chasse et pourquoi pas certains Valérian, Pierre Christin a de toute évidence une affection pour la chose politique. Dans Léna dans le brasier, il propose une vision réaliste de la diplomatie. L’héroïne joue un rôle discret, mais efficace ; les diplomates, avec leurs marottes et leurs préoccupations parfois mesquines, apparaissent également convaincants. Par petites touches, le scénariste met en lumière leurs motivations profondes et leurs allégeances réelles. Comme il est de coutume dans ce type d’histoire, le dénouement se révèle inattendu. Au rayon des bémols : un rythme plutôt lent, mais surtout, un personnage principal qui manque de densité, voire de crédibilité. Bien que l'héroïne soit en deuil d’un époux et d’un fils tués lors d’un attentat, elle ne semble pas hantée par cet événement. Il y aurait pourtant là un ressort narratif intéressant.
Précis et appliqué, le dessin d’André Juillard répond aux attentes. Le scénario est sobre et le découpage est à l’avenant : trois bandes rigoureusement de la même hauteur donnent un petit côté cinématographique au projet. Les décors nordiques sont bien rendus ; quelques indices trahissent le lieu (il est tout de même un peu étrange de lire des textes en anglais sur la vitrine d’un dépanneur établi dans la province francophone), l’action pourrait toutefois se dérouler dans le nord de l’Europe ou des États-Unis. Enfin, le jeu des acteurs souffre d’un léger déficit d’expressivité.
Un bon récit de fiction politique qui n’est probablement pas très éloigné de la réalité.
Le scénariste Pierre Christin (celui de Valerian) et le dessinateur André Juillard sont aux commandes de cette petite série de 3 albums qui relatent Le long voyage de Léna.
Les deux premiers sont parus en 2006 et 2009 mais il a fallu attendre 2019 pour le troisième épisode.
❤️ On aime le talent de Juillard pour retracer en quelques images l'ambiance d'une ville : ceux qui sont allés à Berlin ou Budapest retrouveront en deux ou trois images les clichés typiques de ces villes.
❤️ On aime le personnage de Léna, femme mystérieuse au passé douloureux, vêtue de sa petite robe noire. Heureusement pour les lecteurs, il fait chaud et Léna aime bien la baignade.
❤️ On aime charme tranquille de cette BD qui aborde pourtant des sujets sous haute tension : le personnage de Léna est bien loin des cow-boys qui hantent habituellement les coulisses des services de renseignement.
L'après communisme, le terrorisme islamique, la poudrière du Moyen Orient. La géopolitique de notre monde moderne.
Même s'il s'agit globalement d'une histoire d'espionnage, c'est surtout un beau portrait de femme : celui de la mystérieuse Léna qui parcourt le monde en délivrant des messages pour le moins ambigus et des cadeaux pour le moins piégés. Qui est-elle, pour qui travaille-t-elle et quel est son lourd passé mystérieux ? Il faudra attendre la fin du premier album pour en savoir un peu plus.
[...] - Quel dommage que vous n'ayez pas le temps de visiter notre ville.
- Mon départ s'annonce-t-il aussi lent et compliqué que mon arrivée ?
- Lent oui, puisqu'il va se faire par voie maritime, mais c'est justement le prix à payer pour qu'il ne soit pas compliqué et que nul ne garde trace de vos mouvements.
L'épisode suivant entraînera Léna au cœur de la préparation d'un attentat islamiste, peut-être l'histoire la moins réussie car il est bien difficile de sortir des clichés habituels.
Le dernier épisode remet Léna au centre d'une conférence diplomatique sous haute surveillance et une surprise attendra finalement le lecteur ...
"Léna", nom de notre héroïne qui cherche à infiltrer un réseau terroriste pour le démanteler, avec l'appui des bonnes personnes. Mais pour le personnage de Léna il ne s'agit pas là d'une "Carmen Mc Callum", mais d'une personne sensible et féminine qu'on a plaisir à voir évoluer au fils des tomes, on se sent d'autant plus proche d'elle qu'elle reste profondément humaine avec ses défauts ; et c'est toute la force de ce triptyque de Christin et Julliard, les personnages sont profondément humains. Le scénario prend son temps, on peut lui reprocher beaucoup de descriptions et de longueurs, mais je trouve qu'elles permettent de voyager, avec un dessin tout bonnement réussi et coloré, la ligne claire est particulièrement soigné et les planches sont très agréables à parcourir. Julliard, fidèle à lui même, propose une multitude de personnages atypiques, dont Léna, d'un naturel ravageur qu'on prend plaisir à suivre, une sensualité se dégage du personnage dans sa posture et sa façon d'être (de la même manière que Louise dans "Le Cahier Bleu"). On pourrait qualifier le T1 d'introduction à la série, beaucoup de descriptions et peu d'actions fortes ; le T2 représente le cœur du cycle et c'est surement le plus réussi avec une belle tension, le T3 manque de folie et il faut attendre la 35-40 planches pour que l'intrigue décolle, sans que cela soit non plus dingue. Avec 3 tomes, la série "Léna" est donc bien inégale, la recherche scénaristique manque de force, seul le dessin soigné et agréable de Juillard subsiste vraiment. Série sympathique tout de même.
La Grande conférence doit résoudre le conflit territorial qui déchire la Syrie. Des diplomates de différents pays protagonistes se retrouvent dans le huis clos très confortable d'un hôtel de luxe dont l'organisation logistique est dirigée par Léna Muybridge...
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Étonnante non-série que ce triptyque autour du personnage de Léna, dont le scénariste Pierre Christin, connu pour sa rareté et l'intelligence de ses textes semble développer la biographie progressivement, de façon non préméditée. Nous l'avions connue endeuillée et recherchant un sens à sa vie dans le premier ouvrage qui date déjà de quatorze ans! Puis elle avait été enrôlée comme agent infiltré pour les services de renseignements. Comme un aboutissement après un second volume imparfait, la voici au cœur du Brasier, au cœur des négociations secrètes qui doivent déterminer de la paix alors que personne ne semble franchement désireux de résoudre ce conflit. Le risque de la caricature était grand, Christin y tombe un peu avec ces gros lutteurs post-soviétiques et cet iranien passé maître des coups d'éclat. Mais la série Le Bureau des légendes est passé par là et a redistribué les bases des histoires d'espionnage. Du coup le jeu de chacun deviens subtile et subtilement mis en scène par le trait toujours si élégant d'André Juillard. [...]
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Quel plaisir de retrouver une dernière fois (?) Léna dans un huis-clos hitchcockien !
Une BD classique et chic de deux auteurs majeurs que nous retrouvons toujours avec plaisir.
J'aime beaucoup Juillard, et son dessin est toujours un réel plaisir au fil des pages grâce à sa précision et sa ligne clair. Pour autant pour un super album il faut un dessin et un scénario de qualité, et là le scénario ne tient pas en haleine le lecteur, la mise en place est très longue et la chute très rapide, dommage car le thème est sympa et on n'a le sentiment qu'il n'est pas complétement exploité. Enfin la redondance où les acteurs ne sont jamais d'accord s’essouffle au fil des pages.
J’ai toujours aimé cette série qui prend toujours le temps d’installer une intrigue souvent complexe. Avec ce dernier opus, je ne suis pas déçu.
Pierre Christin, comme à son habitude, nous présente une aventure de Léna tournant autour du Moyen-Orient. Par contre, il le fait sous la forme d’un formidable huis-clos où chaque protagoniste se méfie l’un de l’autre, sous le regard d’une Léna parfaite en maitresse de cérémonie.
Oh bien sûr, si vous préférez les bd avec des scènes d’actions, passez votre chemin.
« Léna dans le brasier » se place sous le signe de la diplomatie et non de l’action. C’est finement observé et les personnages sont très crédibles, le tout avec un dessin parfaitement maitrisé d"André Juillard, encore plus beau avec l’édition en format à l’italienne, format sous lequel j’ai découvert ce troisième opus d’une série qui ne compte que 3 albums depuis 2006, et dont le dernier opus remonte à 2009.
Ce format sied parfaitement au rythme lent de cette histoire, rythme qui s’accélère vers la fin.
Je l’ai déjà lu deux fois depuis sa sortie, gage d’une bande dessinée de grande qualité.
Excellent album. Le scénario de P. Christin est (encore!) réaliste prenant innovant et aussi très ancré dans le présent et l'actualité. De plus j'ai apprécié le rythme de l'histoire et le renversement des rôles où seuls les pays arabes cherchent à trouver une solution dans cette négociation à plusieurs bandes. Le dessin de Juillard est toujours aussi somptueux, ainsi que la mise en page qui supporte bien l'alternance des temps forts et faibles du récit.
Y aura-t-il une suite?
Une très bonne surprise que ce retour de Léna si longtemps après, et je dois dire que je n'en attendais pas tant. Le dessin très réaliste de Juillard, tendance ligne claire, fait plaisir à retrouver. Et surtout le scénario de Christin est une vraie réussite. Ce presque huis-clos diplomatique a furieusement l'air d'un clin d’œil au fabuleux Partie de chasse que le même Christin avait concocté en d'autres temps avec un dessinateur bien différent. Il aime décidément le style géopolitique et il y excelle. Un petit bémol pour la fin, un peu rapide et simple peut-être, et surtout bien optimiste. Ou utopiste peut-être?
J'ai aimé !