A
nacréon aux oubliettes, la milice qui nettoie les rues de Paris, le lieutenant Gabriel de la Reynie applique à la lettre les ordres de Louis XIV. Par contre, si la cour des Miracles a perdu son roi, elle n’a pas dit son dernier mot. Après avoir touché le fond à la suite de la mort de son frère, la Marquise a décidé de se reprendre en main et tente de rassembler les gueux derrière elle. Quel est son but ? Organiser un ultime raout pour laver son honneur ou mener une réelle révolution ? Le sang n’a pas fini de couler sur les pavés de la Capitale.
Un cadre historique extraordinaire, des protagonistes de légende, des intrigues entremêlées, beaucoup de péripéties et de panache, Stéphane Piatzszek et Julien Maffre continuent de s’amuser à jouer à Alexandre Dumas dans Vive la Reine !, deuxième tome (sur trois) de La Cour des Miracles. La comparaison est flatteuse et sans doute disproportionnée, mais est néanmoins fort à propos vu la générosité et l’énergie que les auteurs ont mis dans la réalisation de la série. Le mélange entre instantanés historiques et fiction se montre parfaitement dosé, les illustrations de haut vol et le rythme sans répit.
Certes, la violence est un peu trop soutenue et certains personnages semblent sortir de nulle part, tandis que quelques deus ex machina permettent de boucler des situations apparemment sans solution. Rien de grave, c’est simplement le genre qui veut ça. Feuilletons populaires d’hier, films d’action d’aujourd’hui, tous les moyens sont bons pour proposer un récit prenant et clinquant. C’est le résultat qui compte avant tout, le scénariste a bien retenu la leçon. De plus, il a avec Maffre un « complice » dévoué qui ne rechigne pas à la tâche. Vues plongeantes sur la ville, scènes de combat démentes, gueules cassées et minois poudrés, le dessinateur a mis les petits pinceaux dans les grands et fait revivre le Paris du XVIIe siècle et ses bas-fonds avec brio et autorité.
Aventures, vengeances et traquenards, lecture plaisir par excellence, la suite de La Cour des miracles continue sur le même tempo infernal. Espérons que la conclusion sera du même acabit.
Après nous avoir fait découvrir la Cour des Miracles, sa vie, ses gueux et installer l’intrigue autour d'elle dans le premier opus, cette suite fait la part-belle au combat qui se prépare entre cette Cour et les forces de police de Louis XIV.
L'histoire est toujours autant rythmée et sans aucun temps mort. Les rebondissements s'enchaînement efficacement et certaines scènes sont crues et violentes. Bref, pas de doute, nous sommes bel et bien dans les bas-fonds des ruelles parisiennes.
Une approche un peu plus théâtrale et cinématographique est incontestable, notamment vers la fin de l'album pendant les combats, avec des points de vue et des cadrages qui n'ont pas été choisi au hasard.
Coté dessin, le travail de Maffre livre toute ses promesses avec des planches sur lesquelles il s'en donne a cœur joie. Il faut dire aussi que le contexte se prête bien à son style et à son graphisme.
Scènes de combats, gueules cassées, ruelles crasseuses, mines défaites, prisons insalubres, corps meurtries et guenilles en lambeaux n'ont plus de secrets pour lui.
Le tout toujours aussi bien mis en couleur afin de renforcer l'immersion dans l'univers.
Aventure, vengeance et traquenard sont les 3 mots qui résument parfaitement le second opus d'une série qui risque de se conclure sur une véritable révolution.
Dans ce deuxième épisode de la série, la royauté fait de plus en plus la chasse aux différentes cours des miracles parisiennes envoyant les femmes dans les colonies et embrigadant de force les hommes dans l’armée.
La « Marquise » réussi à s’échapper et va se faire élire grand Coësre à la place de son père qui croupit toujours dans un cul-de-basse-fosse. Elle va tenter de protéger la dernière cour qui reste encore impénétrable pour les forces de l’ordre. Quant à Anacréon, il va réussir à s’échapper avec l’aide du Noble Rohan, nouveau personnage entrant dans cette tourmente qui va voir le père et la fille s’écharper.
Le scénario de Stéphane Piatzszek, haletant comme jamais, se dévore de la première à la dernière page. Aucun temps mort dans cette course à la survie à la plus grande joie du lecteur.