L
a comète Hall-Bopp est une particularité de la nature. Dotée de trois queues au panache exceptionnel, elle a été visible à l’œil nu pendant dix-huit mois. Un record. Danièle contemple toutes les nuits l’étrangeté scientifique. Il utilise le télescope de son père. Quinze ans, bientôt seize, l’âge des amourettes. Lui, il peine à gagner l’amitié de ses camarades de classe, alors il n’ose même pas envisager s’amouracher de quelqu’un. Puis, certains disent qu’il est gay. Qu’est-ce qu’ils en savent ? À l’occasion d’une escapade au fond des bois accompagnés de son cousin, lui et un groupe d’adolescents tombent sur un camp de fortune monté à l‘aplomb d’un viaduc et à proximité d’un camion accidenté. Cela mérite bien des investigations, mais sous la pression d’une attaque de chien, ils prennent la fuite. Tant pis, ils y reviendront.
Paolo Cattaneo réussit à immerger le lecteur au milieu des années quatre-vingt-dix. Les posters de Michael Jackson sont affichés aux murs des chambres des midinettes et les jeunes hommes boutonneux s’empiffrent devant X-Files et Dragon Ball Z. Ça bourgeonne autant sur les visages que dans les cœurs. Des personnages s’isolent et d’autres acteurs tirent plus de gloire de cet âge ingrat. Subtilement, le scénario consacre quelques séquences aux différents protagonistes, des tranches de vie qui s’entremêlent toujours. Le prétexte est de découvrir le mystère qui entoure le véhicule et peut-être même le camionneur, vivant ou mort qui sait ? Cette légende urbaine happe le lecteur dans une intrigue dont le véritable but est de balayer les sentiments nouveaux qui envahissent ces adultes en devenir.
En vue d’insuffler la vie à son théâtre, l’artiste transalpin opte pour une technique graphique très épurée. Un crayonné parfaitement distillé et exempt de tout encrage, juste divers effets d’estompes afin de matérialiser les volumes. Son style est épais et en rondeur à la manière de Derf Backderf et les angles de chaque image disparaissent au profit de courbes, provoquant une unité et une sensation de douceur. À l’inverse, le gaufrier saccade le récit et provoque des accélérations autant que des instants de contemplation. Des strips aux dimensions très variées s’enchaînent. En ce sens, le travail de l’Italien est davantage à rapprocher des expérimentations de l’auteur Andréas. Ainsi, au sein même d’une bande, la hauteur et la largeur des cases diffèrent énormément sans nuire à la lisibilité. Le dessinateur use également des gros plans de façon à maîtriser sa narration. Il prend le temps de pointer des scènes de la vie courante, une main sur un levier de vitesse, un doigt sur une touche de téléphone ou encore un lacet pendouillant d’une paire de baskets. D’un coup, d’un seul, il glisse deux doubles planches amendant sa partition pour créer de la distance vis-à-vis des comédiens et recentrer les enjeux. Ce découpage, à la fois juste et minutieux, contribue divinement à l’immersion et au déroulement de l’histoire.
L’été dernier ne livre pas explicitement les réponses aux questions suscitées. Le prologue et l’épilogue ouvrent uniquement des pistes, laissant une part d’interprétation et invitant à une relecture des plus agréables !
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