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ouru couru – surtout des dames -, Raspoutine a atteint les sphères les plus hautes et goûté sans frein aux plaisirs de la vie. Sa mort fut plus violente. Quelque peu allumé, Charles VI a failli finir en torche en endossant une tenue inflammable. Son petit surnom ? « Le Fol », tiens donc… Brillant militaire auréolé de gloire, Baybars l’emportait sur tous ses ennemis, mais il a sottement partagé la même coupe empoisonnée qu’un de ses rivaux… Ballot. Caracalla, Érasme de Slovénie et Louis de Bourbon ont aussi trépassé bêtement. Quant à Vasco de Gama, sa propension à malmener les peuples rencontrés durant ses explorations a largement terni sa réputation. Tout gamin, Richard Ier de Normandie a montré, lui, de fameux talents d’acteur et a pu ainsi filer au nez et à la barbe de ceux qui le séquestraient. Et si Yaa Asantewa et Tomoe Gozen se sont illustrées comme rebelles et guerrières, les hommes ont réussi à leur voler la vedette au final.
Ennuyeuse, l’Histoire ? Pas du tout ! Elle peut même s’avérer amusante, en y mettant les formes. Tel a été le pari de Benjamin Brillaud quand il a lancé sa chaîne youtube, Nota bene. Le succès a été au rendez-vous, puisque celle-ci compte aujourd’hui plus d’un million d’abonnés. Il faut avouer que les anecdotes rapportées pas le vidéaste barbu ne manquent généralement pas de piquant. Quoi de plus naturel alors que cette vulgarisation historique soit déclinée an bande dessinée ? Les éditions Soleil s’y sont collées en publiant deux volets, l’un en avril 2019, l’autre en novembre.
Co-scénarisé par Mathieu Mariolle, À la rescousse de l’histoire invite à suivre les destins de dix personnages importants – parmi lesquels deux femmes -, certains connus, d’autres beaucoup moins. La trame est identique pour chacun : une contextualisation, quelques points éminents de l’existence de ces messieurs-dames et un dénouement, le tout sur un ton léger et empreint d’humour. Pour accompagner le lecteur d’une figure à la suivante, un Benjamin Brillaud de papier introduit le nouveau sujet, campé au milieu d’une galerie de tableaux et symboliquement vêtu d’un costume reflétant l’époque abordée. Bien qu’il ne soit pas franchement époustouflant, le propos demeure bien amené et un sourire pointe çà et là. La mise en image de Christian Paty est à l’avenant. Son dessin semi-réaliste se révèle largement expressif et force volontiers le trait, à l’instar du ton général. Le découpage et les cadrages sont efficaces, assurant lisibilité et dynamisme. La colorisation de Joël Odone vient compléter le tout, sans anicroche. Enfin, l’éditeur propose de se connecter à son application afin de bénéficier de bonus en réalité augmentée. Prosaïquement, il s’agit à chaque nouvelle pleine page de voir l’effigie du narrateur prendre un peu de volume et d’enclencher la vidéo youtube correspondant à la personnalité mise en avant. Toutefois, il est dommage que des indications bibliographiques, même succinctes, n’aient pas été inclues en fin de tome.
Ce second album de Nota bene constitue une façon honorable et ludique de rendre le savoir historique accessible à un large public. Cependant, le format court des saynètes laisse un goût de trop peu.
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