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ille de dompteurs, Lucia a été nourrie et a grandi en compagnie de Cyrus, l’un des lions du cirque. Elle adore passer du temps avec lui, jusqu’à ce qu’un drame bouleverse sa vie. D’abord, sa mère est fatalement agressée par un des fauves en plein spectacle. Puis, un incendie ravage le campement et réduit en cendres la cage des félins. Ensuite, son père décide de tout plaquer et de l’emmener pour commencer une autre existence. Mais, Lulu, elle, n’a qu’une idée : partir en Afrique du Sud et en ramener des bêtes pour prendre le relais. Embarquée sur un paquebot, elle entame une équipée qui la mènera à la rencontre de Nelson, un garçon noir, et d’un monde où règnent injustice et inégalité.
Avec son fond bleu nuit doucement éclairé par la lune, son duo d’enfants et ses animaux courant dans une même direction, la couverture du premier tome (sur trois annoncés) de Lulu & Nelson annonce d’emblée aventure et grands espaces, mais aussi amitié par-delà les couleurs et les frontières. Elle invite au voyage, tandis que les signatures conjointes de Charlotte Girard et Jean-Marie Omont (La balade de Yaya) au scénario et d’Aurélie Neyret ( Les carnets de Cerise) au dessin ont la saveur d’une promesse. En ce qui concerne le graphisme, cette dernière est pleinement tenue. Ainsi, le lecteur retrouve avec plaisir la patte de l’artiste, son trait légèrement arrondi, ses bouilles attachantes, sa faune variée – ici, principalement des lions – et sa colorisation douce. Des rues de Naples à la brousse sud-africaine, il est servi.
Quant au récit, destiné d’abord à un public jeune, il entreprend de raconter à la fois la quête éperdue d’une fillette qui s’est retrouvée orpheline de mère et privée abruptement de seul ami, un félin, ainsi qu’une amitié naissance ayant pour toile de fond une réalité ségrégationniste peu reluisante. Il faut néanmoins attendre plus de la moitié de l’album pour que la narration prenne son essor, au moment du débarquement sur le continent noir. Avant cela, les auteurs s’attardent sur les différents éléments poussant Lucia à fuguer, sans parvenir complètement à toucher en profondeur malgré les drames qui s’enchaînent. Pour autant, l’héroïne se révèle plutôt attachante grâce à sa personnalité aussi vive que bien trempée. Il en est de même pour Nelson qui endosse bien son rôle d’ouvreur de conscience et résume avec un fatalisme un rien désabusé la situation dans son pays.
Tome d’ouverture, Cap sur l’Afrique aborde un sujet des plus intéressants et, en cela, ne démérite pas, au contraire, malgré quelques longueurs avant d’entrer dans le vif du sujet. Notez qu’un projet de film d’animation reprenant l’intrigue est également en cours.
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