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Paul 9. Paul à la maison

02/01/2020 4135 visiteurs 7.5/10 (2 notes)

D epuis vingt ans, Michel Rabagliatti raconte les aventures de Paul, son alter ego. Bondissant d’une époque à l’autre, il dévoile, dans le désordre, des tranches de la vie du garçon né au début des années 1960. En toile de fond, il dépeint également la petite histoire de Montréal et du Québec. Dans ce neuvième opus, l’action se situe en 2012.

Il y a un bon moment que le lecteur a compris que le blondinet et son créateur ne faisaient qu’un, mais la chose est maintenant claire : le protagoniste est auteur de bandes dessinées et il vient de lancer Paul au parc dont il fait la promotion. Dans ce nouvel épisode, il voit ses trois femmes le quitter : son épouse rompt, sa fille lui annonce son intention de vivre à Londres et, enfin, sa mère meurt du cancer. Fini l’insouciance, l’homme broie du noir. Et, cerise sur le gâteau, il a une tonne de soucis de santé.

La trame se révèle simple, le gaillard est seul, il a perdu pied et il vivote comme il le peut. Ce sont les détails qui pimentent la narration : l’explication schématique de la pose d’un implant dentaire, une laborieuse inscription sur un site de rencontres en ligne ou encore les polices de caractère des panneaux routiers. L’ex-typographe se désespère d’ailleurs de l’abandon du Highway Gothic au profit de Clearview (ironiquement le nom de la première évoque les ténèbres et celui de la seconde la lumière). Une nouveauté : l’acteur principal possède un caniche qui, se prenant pour Milou, commente facétieusement certaines scènes.

Au-delà de l’anecdote, le récit propose de sympathiques jeux formels. Par exemple, en prélude, l’artiste présente un plan fixe sur un oiseau aux abords d’un ruisseau, un congénère se pose à proximité, puis un second, mais tous deux finissent par partir. Le ton est donné, la thématique de l’album sera la séparation. Rapidement les eaux limpides de la petite rivière seront remplacées par celles, embrouillées, d’une piscine délaissée, laquelle symbolise évidemment les états d’âme du héros. Le dessin est moins dépouillé que naguère, les décors apparaissent plus riches. Le bédéphile s’amuse d’un arrière-plan où il voit une femme voilée passant devant une affiche annonçant le Festival du porc ou à découvrir que les livres empilés sur la table de chevet expriment le cheminement du quinquagénaire : Comment survivre à une séparation, Divorce : mode d’emploi, Refaire sa vie, Célibataire et heureux, Vivre seul, pourquoi pas, Vaincre la solitude et... Spirou et les hommes-bulles. Michel Rabagliatti a peut-être le cafard, mais il a toujours le sens de l’humour

Un mélange de drame et de remise en question ponctués de segments cocasses, un personnage et un auteur qui se confondent, le parallèle avec Woody Allen est tentant.

Par J. Milette
Moyenne des chroniqueurs
7.5

Informations sur l'album

Paul
9. Paul à la maison

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Note: 4.2/5 (14 votes)

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L'avis des visiteurs

    bulle.noire Le 12/06/2021 à 22:47:22

    Je n’avais jamais lu un livre de la série Paul. Je ne sais pas si j’ai bien fait de commencer par celui-ci… surtout après avoir relu « Les couloirs aériens » (voir chronique précédente).

    Toujours est- il qu’il est facile de s’identifier à Paul quand on est proche de la 50aine … Les problématiques évoquées sont connues : la séparation, le deuil, la solitude, le départ de l’enfant devenu grand, le retour du sport, les problèmes de santé…. Ici elles sont touchées avec finesse et poésie. On suit Paul et on est rapidement en empathie avec lui : ses manies (les typo !), ses doutes, sa confrontation à un nouveau monde : les réseaux sociaux, les sites de rencontres, l’omniprésence du smartphone… Les tableaux en noir et blanc sont brossés avec talent et humour, symbolisme et tendresse. Le tout donne un album sombre mais émouvant et touchant (même en québécois !)

    Il se pourrait bien que je lise les autres volumes….

    Erik67 Le 27/08/2020 à 18:36:08

    Cela m'a fait un peu mal au cœur de retrouver un Paul vieilli qui est devenu un peu réactionnaire et hostile au changement. En même temps, il est vrai que sa fille part faire sa vie à Londres, sa femme l'a quitté et sa mère est mourante d'un cancer. Il se retrouve tout seul dans une grande maison qu'il a bien du mal à entretenir. A noter également la présence d'un voisin pas très commode.

    J'avoue quand même ne pas bien comprendre son aversion pour le téléphone portable. Certes, le chanteur Soprano évoquait ses excès dans un de ses titres intitulé mon précieux. Cependant, on peut également le considérer comme un moyen de communication et de rapprochement entre les gens.

    Je ne suis pas certain que Paul aurait fait long feu dans une entreprise où il faut constamment se remettre en cause et s'adapter au changement. Heureusement qu'il est auteur de bd coincé dans sa bulle sans vouloir être méchamment péjoratif. Idem pour les panneaux de signalisation sur autoroute ou beaucoup d'autres choses qui changent pour s'adapter mieux au public.

    Oui, on a du mal à reconnaître le Paul jeune qui nous faisait rêver grâce à sa gentillesse et sa bienveillance. L'épisode avec les touristes français ou sa séance de dédicace en disent long sur son changement de comportement au fil des années. Oui, c'est triste d'être aigri par la vie.

    Pour autant, je vais donner 4 étoiles car l'auteur a fait preuve d'une grande sincérité dans son propos en ne cachant pas les problèmes, car la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille. On arrive même à percevoir pourquoi il ne souhaite pas couper un pommier alors que le professionnel lui indique expressément qu'il faut le faire. La scène finale avec sa maman est absolument poignante surtout pour ceux qui ont perdu celle-ci.

    J'ai eu plaisir à retrouver cette ambiance si particulière à la série des Paul. Tous ces moments de vie nous avaient un peu manqué. Et pour info, cette bd m'a donné envie d'acheter la fameuse écharpe de Gryffondor.