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Marius (Scotto/Stoffel/Morice) 1. 1re partie

25/11/2019 4913 visiteurs 6.0/10 (1 note)

M arius travaille pour son père, César, au Bar de la Marine. Lorsqu’il sert un client ou qu’il donne un coup de chiffon sur les tables, il voit les navires arriver et repartir du port. Il rêvasse en regardant les voiliers, même si son destin de tenancier semble scellé. Juste en face du bistrot, il y a Fanny, la vendeuse de coquillages. Les deux se connaissent depuis l’enfance ; ils ne sont pas insensibles l’un à l’autre, mais le cœur du héros est ailleurs, en fait, il vogue au large, loin de Marseille. Afin de l’inciter à se déclarer, la jeune femme feint de considérer la proposition de mariage de Panisse, un quinquagénaire.

Le propos de Marius demeure somme toute mince. Dans cette adaptation de la pièce de théâtre du même nom, les auteurs, Serge Scotto et Éric Stoffel, ont su conserver toute la verve de Marcel Pagnol. Les situations sont amusantes, les dialogues savoureux et les personnages attachants. Bref, ils parviennent à maintenir l’intérêt pour une histoire archiconnue.

Le dessin semi-caricatural de Sébastien Morice rend justice au texte. Les protagonistes se révèlent un peu comme le lecteur se les imagine. Elle, irrésistible avec ses grands yeux noirs et ses airs de gitane, lui, bellâtre et ténébreux. Les acteurs ont fréquemment tendance à surjouer… comme c'est de bon ton de le faire dans une comédie. Un seul petit reproche : une abondance de plans rapprochés de visages en contre-plongée. Ce n'est pas vraiment répréhensible, mais le manque de variété agace un peu. Enfin, la mise en couleurs, toujours lumineuse, traduit bien l’esprit de la Provence.

Le tandem de scénaristes poursuit sa transposition en bande dessinée de l’œuvre de Marcel Pagnol. En cinq ans, il a adapté plus d’une vingtaine d’albums, généralement avec bonheur. Celui-ci est du même tonneau.

Par J. Milette
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

Marius (Scotto/Stoffel/Morice)
1. 1re partie

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L'avis des visiteurs

    Shaddam4 Le 23/10/2020 à 10:41:19

    Je n’ai jamais été très attiré par les adaptations littéraires, aussi c’est clairement Sebastien Morice, dessinateur découvert comme beaucoup sur le Facteur pour femmes, qui m’a amené à lire cet album. J’ai une tendresse pour son travail et notamment sa colorisation très lumineuse, lumière qui a dû jouer dans la proposition de l’éditeur de travailler sur l’univers de Pagnol. Pourtant l’auteur était sceptique, d’une part de partir sur une série (hormis Papeete 1914 en deux volumes il n’a fait que des one-shot), d’autre part car cette adaptation d’une pièce de théâtre est assez éloignée de ses habitudes et particulièrement difficile à mettre en image tant elle repose sur les dialogues et les espaces fixes. Pour celui qui nous a régalé de paysages insulaires, des landes bretonnes et de nature, cet album urbain a été une sacrée prise de risque, une mise en danger artistique comme on dit et rien que pour cela on peut le remercier car cela démontre un auteur qui évite le ronronnement.

    … quand on fera danser les couillons tu ne sera pas à l’orchestre.

    Cet album est surprenant car c’est assez peu une BD… Les habitués de Morice seront perturbés par un découpage qui ne mets pas en valeur ses qualités en serrant le cadrage sur les seuls personnages et quelques plans de Marseille où le dessinateur peut se faire plaisir. Pourtant on ne peut pas dire qu’il ait chômé pour reconstituer la place et le vieux port à l’aide de documents d’époque et de structures 3D qui lui permettent de tourner sa caméra avant de dessiner ses scènes. Sur le plan documentaire (et j’ai ressenti que c’était cet aspect qui avait dû attirer Sebastien Morice) c’est une réussite. En revanche sur une adaptation théâtrale assez grandiloquente je ne suis pas certain qu’il soit le dessinateur le plus adapté, plus à l’aise dans les postures et la technique que dans les expressions des visages. Il en ressort une impression que le dessin apporte peu au texte.[...]

    Lire la suite sur le blog:
    https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/11/06/marius-1/

    yannzeman Le 03/01/2020 à 14:12:51

    J'ai acheté l'album sans réfléchir, à cause du dessin de Morice, déjà reconnu et admirable dans ses autres réalisations ("facteur pour femmes", "Papeete 1914","l'ile aux remords"...).
    Surtout cette couverture, fabuleuse, lumineuse, qui donne à la lumière sa couleur du sud.

    Mais ensuite, qu'en était-il du texte ? Le scenario était-il à la hauteur ?
    C'est une adaptation d'une oeuvre archi-connue, et est-ce que cette adaptation allait respecter l'époque de sa création ?

    L'histoire est un bonbon, une douceur réjouissante, qui m'a donné une furieuse envie de revoir les films tournés à l'époque.
    Je suis breton mais cette histoire est universelle, et j'adore cette peinture d'un Marseille d'autrefois, à l'accent chantant et aux personnages hauts en couleur. En vérité, les personnages "parlent" sans accent, les mots ne sont pas écrits différemment qu'en français parisien (ou presque), mais quand on les lit dans sa tête, on prend inévitablement cet accent chantant de Marseille.

    La première partie se termine, et je regrette de ne pas avoir attendu que le tome 2 paraisse pour lire l'ensemble d'une traite.
    Parce que maintenant, l'attente sera longue...

    J'espère simplement que Morice sera le dessinateur des autres tomes, puisque je suppose qu'après "Marius", il y aura "Fanny" et "César". Si tout va bien, 6 tomes de pur bonheur de la culture française.

    kurdy1207 Le 17/11/2019 à 18:43:39

    Je l’attendais cette trilogie marseillaise qui reste pour moi le chef d’œuvre cinématographique d’après Pagnol. Et quand on pense à Marius, César et Fanny on a du mal à se retirer de l’esprit les visages de Fresnay (Marius), Demazis (Fanny), Dullac (Escartefigue) et surtout, surtout Raimu (César) et Charpin (Panisse). Et les timides reprises, celle avec Roger Hanin ou celle avec Daniel Auteuil, plutôt réussies, ne font pas le poids.

    Comment ne pas voir Raimu dans César ??? Le personnage de la BD est aussi bourru mais je trouve qu’il manque un peu de nonchalance et comment dire… de présence. Et Panisse… le personnage n’est pas à la hauteur d’un Charpin qui collait tellement au rôle. Par contre, Fanny, Escartefigue et Marius ne perdent pas au change. Surtout Fanny tellement je trouvais qu’Orane Demazis jouait faux, surtout dans cette trilogie mais il s’agissait de ses premiers rôles.

    Très difficile de dessiner l’accent marseillais. Les postures peuvent aider comme celles d’Escartefigue dans les premières pages ou celles d’Honorine, la mère de Fanny. Par contre les réparties sonnent justes et sont toujours aussi drolatiques. La luminosité et le choix des couleurs donnent de la chaleur à l’histoire. Il est alors impossible de ne pas se voir sur le vieux port de Marseille. La qualité du dessin est un plus et il est vraiment agréable de tourner les pages en admirant toutes ces jolies cases.

    Au final, cette mise en images me plait et je sais qu’il doit être compliqué de s’écarter un peu de l’existant tellement le poids des films des années 30 peut peser. Mais le plaisir est bien présent et pour bien apprécier j’ai essayé de lire les bulles avec l’accent, à l’exception de M. Brun le lyonnais et de Panisse qui prend l’accent Parisien comme dit Marius.

    Quant à l’histoire, je la connais tellement sur le bout des doigts que je trouve la mise en musique par Stoffel et Scotto excellente.