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horgal pensait en avoir fini avec les crimes commis lorsqu'il était le redoutable Shaïgan-Sans-Merci et écumait les mers au côté de Kriss de Valnor. Rongé de remords face à l'une de ses anciennes victimes, il lui promet de venir en aide aux adeptes persécutés d'un culte étrange.
Ce tome 37 attise la curiosité à plus d'un titre. Cet album marque les débuts de la nouvelle équipe d'auteurs après la retraite de son dessinateur historique, Rosinski, même si ce dernier signe encore sa couverture. Cela dit, Yann était déjà aux commandes des spin offs consacrés à Louve et à La jeunesse de Thorgal. Il a aussi joué les pompiers de service pour coscénariser l'album précédent, qui concluait l'arc "Aniel". Quant à Vignaux, il s'est fait la main sur les deux derniers épisodes de la série consacrée à Kriss de Valnor.
Ce nouvel album pose aussi les bases d'un nouveau départ pour la série, qui s'était enlisée dans un projet alambiqué et poussif qui a usé 2 scénaristes (Sente, qui avait initié l'aventure, puis Dorison, censé reprendre le flambeau avant d'être brutalement débarqué). Rares sont ceux qui ont été satisfaits de cet accident éditorial qui a duré une vingtaine d'albums.
L'ermite de Skellingar tente donc un nécessaire retour aux sources. Il propose un récit unitaire, qui se concentre sur le seul Thorgal et qui reprend de nombreux marqueurs de l'univers mis en place par Van Hamme et Rosinski. Il n'est pas question de réinvention ou d'innovation. Le héros se retrouve confronté à une situation qui semble limpide, mais se révèle de moins en moins claire au fur et à mesure de ses découvertes. Il fait preuve de ténacité, d'humanité, de courage et d'astuce pour finalement triompher sans fanfaronner. La recette est éprouvée et appliquée méthodiquement.
Le but de l'éditeur est visiblement de rassurer le lecteur après les errances des derniers tomes. Graphiquement, Fred Vignaux assure l'essentiel en restant fidèle au style de Rosinski. De plus, son travail ne souffre pas du manque criant de mouvement qui plombe les derniers albums de Roman Surzhenko sur les séries parallèles. L'intrigue imaginée par Yann ressemble parfois à un collage des tomes précédents. Toutes les situations ont un air de déjà vu et il semble évident qu'aucun nouveau personnage apparaissant ici n'est censé intervenir par la suite. Tout n'est que prétexte à proposer un Thorgal comme au bon vieux temps. Cela implique un Jolan et une Aaricia réduits à leur plus simple expression, simples silhouettes fades qui ne servent qu'à ancrer leur père et mari dans une vie rangée. Seule Louve tire son épingle du jeu. Il ne serait d'ailleurs pas surprenant que les prochaines aventures ne rebondissent sur certains éléments issus du spin off qui lui est consacré. Yann avait laissé suffisamment de pistes à exploiter, comme s'il sentait une ouverture.
Il est difficile de nier que le contrat est globalement rempli. Ce nouvel épisode ne démérite pas. Il vaut largement mieux que Arachnéa ou Le mal bleu pour ne citer que ceux-là. Il redresse également bien la barre après un tome 36 particulièrement mal né et pénible. Mais il confirme aussi qu'il ne faut s'attendre à aucune évolution. Quel est l'intérêt de continuer une série si c'est pour faire globalement la même chose ? C'est la question qui revient pour la majorité des reprises. Pour qui préfère le confort d'une BD-doudou, L'ermite de Skellingar fera l'affaire.
le grand atout de cet album, c'est qu'il vient après une tripoté de purges qui ont mis à rude épreuve l'affection des fans pour Thorgal. En dehors de cela, il n'y a rien vraiment d'extraordinaire à retenir, si ce n'est le dessin talentueux de Vignaux (mis en valeur par une mise en couleur formidable de Gaëtan Georges) qui marche dans les pas de Rosinski tout en conservant les grandes qualités de son propre graphisme. Sans lui, cet album tomberait dans l'anonymat que le scénario lui promettait. Car Yann se contente prudemment de se conformer à quelques consignes pour donner à son histoire l'allure de celles concoctées jadis par Van Hamme. Et comme tout travail trop servile, il prend assez vite des airs artificiels avec ses passages obligés et ses tics scénaristiques. Là où Van Hamme suivait sa voie, celle de son imagination, avec ses qualités et ses défauts, Yann lui emboite le pas avec ses propres défauts et c'est à peu près tout malheureusement. Son récit souffre d'un manque de dramaturgie; Yann peine à donner du rythme et à faire naitre et à maintenir une tension, un mystère, toutes ces choses que Van Hamme avait su insuffler à la série par le passé et qui faisait que "Thorgal" dépassait bien souvent les séries concurrentes.
On sent le travail effectué par Yann pour reprendre la série. le problème c'est justement qu'on le sent trop. il a étudié le monde viking, il nous le fait savoir à tout bout de champ de façon presqu'intempestive. Il a aussi étudié les précédents albums de la série, il nous en ressert les codes de la même manière qu'il le fait pour le monde viking. Tout ça est un peu trop scolaire et manque de fulgurance et de surprises. Ca ronronne gentiment en cheminant placidement par les différents passages obligés du récit thorgalien .Tout cela est agrémenté par moment de trop nombreux dialogues qui donnent parfois l'impression de faire office de remplissage.
Heureusement, le dessin de Vignaux fait grimper quelques étages à ce scénario grâce à un sens de la mise en scène évident. Car à bien y regarder, ce sont encore les scènes sans dialogue qui nous rapprochent le plus de ce qui a fait l'essence de cette série. Vignaux semble avoir mieux appréhendé que son scénariste les éléments qui confèrent "sa magie" à cette série.
Au final c'est une impression mitigée qui demeure, celle d'avoir aperçu au détour d'une rue un vieil ami qu'on avait perdu de vue, de le retrouver avec joie, de s'asseoir avec lui pour entamer une discussion et très vite de ne pas le reconnaitre tout à fait, embarrassé par un malaise diffus, comme si on prenait peu à peu conscience que quelqu'un lui ressemblant essayait de se faire passer pour notre ami.
Note 2,5/5
(scénario 1,5/5 - Dessin: 4/5)
Très bon album.
Une histoire en un tome, ce qui est très agréable.
Bon scénario qui rappelle les albums historiques de Thorgal.
J'ai apprécié ce retour aux sources avec une histoire de viking !
Un dessin impeccable (çà fait du bien) mais on est loin des cycles de Brek Zarith et Qâ... Plus de figures emblématiques, de personnages attachants, de vrais ennemis avec du caractère. Pour moi, fan de la première heure, Thorgal se meurt depuis le tome 24 après un tome 23 (La cage) qui aurait pu clore les aventures et rendre cette série absolument mythique. Le seul tome qui avait une chance de relancer la série était le Royaume sous le sable avec le retour du peuple des étoiles malheureusement bâclé en un tome très moyen...
Très bon album qui nous replonge plutôt dans les scénarios des tout premiers opus.
Comme d'habitude la continuité avec les aventures précédentes est parfaites. On regrettera qu'Aricia, Louve ou Jolan soit si secondaires dans cette histoire.
Les dessins sont épurés mais diablement efficaces.
Je crois qu'avec la paire Vignaux/Yann Thorgal a retrouvé toute sa magie.
9/10.
Les fans de Thorgal seront ravis en lisant ce nouvel album. On a le sentiment de déjà vue en le lisant. La prise de risque dans le scénario n'est pas grande. Mais que cela fait du bien après des albums si difficile à lire ( ou à apprécier) de retrouver le Thorgal que j'aime temps. Ici fini le dessin en couleurs directe qui était pour moi très désagréable et qui en plus d'un scénario complexe avait fait dans du mal à cette série.
Je ne sais pas ce que penseront les autres lecteurs de ce 37ème album de Thorgal… je l’ai adoré. Un scénario de qualité, un excellent dessin et que du bonheur. Du coup, j’ai aussi acheté la version FNAC de l’album avec sa magnifique couverture.