L
a renommée de Mausart a franchi les Alpes et l’a conduit en Italie pour une tournée qui doit s’achever à Venise. Le virtuose y donnera un récital dans le palais d’un certain Sassin et pourra s’en remettre aux bons soins de Lopar, cousin du valet de l’éminent Salieri, pour le guider. Mais dans cette cité en prise à l’effervescence du Carnaval, il est tellement tentant d’aller explorer les venelles soi-même. Qui sait quelles surprises y attendent le minuscule compositeur ?
Le duo formé par Thierry Joor et Gradimir Smudja (Vincent et Van Gogh, Le Bordel des muses,Cheval de bois, cheval de vent) revient avec une nouvelle aventure consacrée au génie des notes. Ce concerto plante son décor au cœur de la Sérénissime, en proie aux festivités entourant le Mardi-Gras. Ouvrant la narration par une lettre adressée par le héros à sa dulcinée, le scénariste déroule sa partition sans anicroche, posant le contexte, ménageant le suspense, menant la danse crescendo et agrémentant le récit d’un zeste de fantaisie. Il y glisse également un savoureux interlude aux airs de songerie qui rapproche Wolfgang Amadeus d’un autre grand nom de la musique, Stradivarius. Pour autant, il n’oublie ni les embûches ni les périls qui semblent poursuivre son protagoniste, le final survenant après une fugue haletante jouée presto.
À la plume poétique de son partenaire qui marque le tempo, répondent brillamment les pinceaux du dessinateur serbe. La liesse vénitienne offerte sur un plateau à sa virtuosité lui permet de s’en donner à cœur joie. Les planches fourmillent de détails, tant dans les scènes extérieures et intérieures, qu’au niveau des costumes des personnages et de la foule déambulant dans les rues bondées. Les clins d’œil aux tableaux connus se retrouvent çà et là, tandis que l’artiste déploie tout son talent, allant jusqu’à imaginer, au détour de certaines planches, la vie subaquatique de la cité des Doges. La palette de couleurs, riche, parachève l’ensemble, en créant de belles atmosphères.
Régal pour les yeux des petits comme des grands, les quarante-huit pages de Mausart à Venise se lisent avec un plaisir gourmand.
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