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œur Marie-Thérèse est jugée pour avoir détruit des cultures scientifiques, sujet d’étude pour les Organismes Génétiquement Modifiés (voir le tome 6, La Guère Sainte). Rapidement, le procès tourne à la farce burlesque. Entre la désinvolture de la nonne à forte poitrine, la comparution de la Mort en tant que témoin, l’apparition de Hulk – métamorphose d’un scientifique brutalisé par la justicière – qui réduit en miettes le tribunal et l’arrivée d’un Jésus désœuvré, toute logique narrative est perdue et l’absurde côtoie le grotesque.
Cet album est un retour après onze années d’absence. Un prologue drôle et pudique explique la cause de ce mutisme, que Maëster aborde également dans ses remerciements. Les temps semblent encore difficiles puisque l’ancien pilier de Fluide Glacial et auteur du truculent Athanagor Wurlitzer, obsédé sexuel, passe le relais, pour les vingt dernières pages, à Julien Solé, lui aussi sorti de l’école de l’immense Marcel Gotlib.
Malgré ces intentions louables et la charge émotionnelle liée à la situation du scénariste, force est de reconnaître que ça ne fonctionne pas. Graphiquement, la série Sœur Marie-Thérèse, apparue dans le périodique susnommé dans les années 80, c’est le trait original, délicat et en noir et blanc de Maëster, qui conférait aux situations une dimension poétique et nostalgique, équilibrant la rugosité du personnage principal. Ce dernier était un subtil mélange de rigolade classique, puisant sa source chez Audiard, et de modernité iconoclaste, où gros rouge, esprit de rébellion, jurons et anticléricalisme bon enfant faisaient bon ménage.
Tout ceci a disparu, laissant la place à une tentative d’humour potache qui ne déclenche aucun rictus, à un dessin qui glisse de manière inopportune vers l’agressivité de certains comics, à une démultiplication stérile des références de coins de cases et à une mise en couleurs qui achève de dénaturer l’ensemble. Le lecteur gagnera à reprendre les premiers albums de la série, au charme intact et à drôlerie solide. Ainsi fut-elle.
Enfin notre "nonne essentielle" est de retour ! On retrouve tout ce qui fait le charme des récits de Maëster : de nombreux détails dans les cases, du grand n'importe quoi, du délire, des caricatures, des jeux de mots, etc. Même si les planches confiées à Solé paraissent plus vides à côté de celles de Maëster, l'ensemble reste malgré tout homogène. Ne boudons pas notre plaisir. Amen !
Enfin on retrouve notre sœur irrévérencieuse avec plaisir. Et si cette album n'est pas du tout comme les précédents, cela fait du bien de retrouver enfin une BD que l'on ne lit pas en un quart d'heure. Il faut chercher dans tous les détails du décor, essayer de reconnaître toutes les caricatures. Savoir apprécier tous ces petits détails qui font que C'EST du Maëster. Ça change de toutes ces éditions qui manquent d'imagination en racontant (ou en brodant maladroitement) l'histoire de Verlaine, Rousseau ou autre.
Autant les 4 premiers tomes sont extraordinaires, autant la série baisse graduellement par la suite : le tome 5 est un cran en dessous, le tome 6 amorce une grosse baisse de niveau, très largement confirmée par ce tome 7 sans intérêt : je n'ai jamais éclaté de rire, et ai à peine souri à 3 ou 4 endroits.
Je ne lirai même pas les suivants (s'il y en a).
A l'occasion de la sortie de ce septième album, je relis les tomes 5 et 6.
Allez, foin des "c'était mieux avant", "soeur Marie Thérèse c'est en N&B et pas en couleur", "halte à l'hérésie", et autres "anathèmes", je ne renierai pas ces albums plus récents. Les jeux de mots sont là, irrévérencieux, bons ou mauvais, le délire est complet, je m'amuse parfois à penser à Goscinny Desproges ou Gotlib, les références (à l'actualité ou autres) nombreuses, j'en ai saisi une partie, certaines, et je suis bien certain de ne pas avoir tout compris et qu'il faudra d'autres lectures.
Bon. Je n'avais pas suivi dans le détail l'actualité personnelle liée à Maëster. En lisant ce (possible) dernier opus et ces dernières pages, et sans manquer de respect à Julien Solé, allez, je me lâche : Ben oui, parfois, c'était mieux avant !!! ??? Et pourquoi pas?