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’immortalité de l’une pourrait provoquer le trépas de tous les autres… mais l’inéluctable ne l’est peut-être pas tant que cela…
Fin de cycle aux allures de feux d’artifice pour Azimut, œuvre aussi poétique que déconcertante.
Avec le fil du temps comme trame de fond, Wilfrid Lupano a construit - en cinq albums - une saga abracadabrantesque où la réalité nourrit une fiction, de prime abord, des plus extravagantes. Toutefois, sous couvert de fantaisie et d’humour, les messages sont pourtant là ; à l’instar de ce lapin givré qui provoque un refroidissement climatique qui met le feu au Petitghistan et jette, sur les routes encombrées de manchots ample-heures, des cohortes de "réfugelés" !
L’attrait, comme le succès d’Azimut, est d’avoir, parallèlement à la dimension onirique du propos, su développer un univers graphique à l’unisson. Pour l’occasion, le trait de Jean-Baptiste Andréae fait merveille. Volubile sur l’expressivité et la physionomie de ses personnages, inventif autant que précis sur la machinerie temporalo-drolistique, délirant sur les décors ou généreux lorsqu’il est question des courbes de Manie Ganza, le dessinateur bordelais donne vie à tout son petit monde dans une débauche de couleurs et une créativité propres à enflammer les imaginations les plus arides.
Les volatils chronoptères et autres saugres saugrenus ne sont plus, le Nord, lui, s’en est revenu et Manie a renoncé à son éternelle beauté… Tout est bien qui finit... peut-être trop bien !
Une série qui commence très bien avec un tome 1 prometteur, notamment avec un bestiaire farfelu et très riche, mais le scénario signé Lupano fini ensuite par perdre en intérêt au fur et à mesure des tomes, malgré l'imagination débordante qui en découle. Le style de dessin de Andreae est très atypique, de multiples personnages/animaux, des formes géométriques, élancés, c’est très réussi et surement le point gros fort de la série, tout comme les couleurs. L'univers est à découvrir pour ce faire un avis.
Clap de fin d'une série totalement azimutée !
Le lapin Polo, fou de désespoir après la disparition de la dame des sables, a déclenché une formidable tempête de neige et provoqué un désastre climatique : tout est gelé, sauf le PetitGhistan : les guerres s’arrêtent et des cohortes de migrants se jettent sur les routes pour se réfugier dans la contrée préservée. Cette nouvelle donne va par ailleurs provoquer l’ire de la banque du Temps puisque, avec l’arrêt des conflits, Manie ne peut plus rembourser en morts sanglants et trébuchants la dette qu’elle a contractée et se trouve donc en bien mauvaise posture …
Une bd tous azimuts
Le dernier tome de cette saga entamée en 2012 paraît peu après l’artbook « Créatures » du dessinateur et nous rappelle ainsi l’origine de la série dans un superbe jeu d’échos.
En effet « Azimut » est né de l’envie qu’avait Wilfrid Lupano de donner à Andreae un scénario à la mesure de son univers graphique : parti des dessins de l’artiste, il a ainsi brodé et crée le monde d’ « Azimut ». On y trouve donc pêle-mêle des créatures de rêve (Manie et sa mère la reine Ether), des personnages sortis du monde du cirque : le clown Augure et autres Freaks (le saugre Bâtis, les anthropotames, la femme obèse des amants éternels), des monstres cauchemardesques (l’arracheur de Temps, le baron Chagrin, son majordome) et des personnages cartoonesques (le cochon Picaillon, le lapin Polo). Les deux auteurs font preuve d’une imagination débridée et sans limite et nous entrainent dans leur monde parallèle….
Au-delà de l’inventivité des personnages et du scénario, il faut également souligner toute la maestria graphique d’Andreae : après la jungle et le désert, on est dans ce tome 5 dans des ambiances polaires avec des camaïeux de bleu de toute beauté. Il alterne scènes d’action et pages muettes ; monde féérique (avec des clins d’œil à Miyazaki) et ultra réalisme (le tri des réfugiés). Drôle de cocktail bien déjanté qui aurait pu finalement ne pas fonctionner par trop grande hétérogénéité ! Or ce n’est nullement le cas, au fil de ces cinq tomes, Andreae et Lupano ont réussi à créer un univers finalement très cohérent dont le fil rouge est le temps : comment ne pas le perdre, comment littéralement courir après, comment le figer dans une œuvre d’art, comment l’arrêter pour ne pas vieillir … et toutes les intrigues parallèles se petit rapprochent, se resserrent, et se complètent dans cet album conclusif.
Un album métaphysique et pataphysique
Dans la galerie des personnages, deux petits nouveaux et non des moindres font leur apparition : le préposé aux contentieux de la banque du temps et le bonze adepte du « zinzen ». Et on a donc deux dimensions de l’album qui sont ainsi mises en exergue : la dimension métaphysique avec la réflexion sur le temps, l’appât du gain et le jeunisme (ainsi qu’une critique de la finance !) dans une réactualisation du mythe de Faust mais également une dimension pataphysique que ne renieraient ni Vian ni Jarry lors que le maître oriental profère une sorte d’art poétique expliquant de façon ludique la démarche des deux auteurs : « la fantaisie, dans la philosophie zinzen, est la clé qui permet d’ouvrir les portes sans serrures » (p.24) et invoque le serpent anachronDADA se replaçant ainsi dans une tradition littéraire.
Dans la lignée des grands auteurs dadas, surréalistes et pataphysiciens, on retrouve également dans ce tome ce qui faisait le sel des précédents : de nombreux jeux sur le langage. Ainsi il est question de créatures « chronoptères (liées au temps) comme les « manchots ample-heure » ou « l’anachrondada » source des jeux de mots grâce à la paronomase. L’on assiste aussi à de savoureuses reprises au pied de la lettre d’expressions telles « mystère et boule de gomme », « nous sommes au creux de la vague » ou « truc mortel » qui acquièrent un lustre nouveau grâce à leur mise en contexte.
Fantasy, fantaisie et gravité : au-delà du miroir
Mais toute cette verve, cette fantaisie et ces mondes parallèles issus de la « fantasy »ne devraient pas occulter un aspect essentiel de l’œuvre : si Lupano et Andreae se réclament depuis le début de Lewis Carroll et lui rendent hommage avec le lapin blanc Polo et le saugre tortue entre autres, si à son instar ils utilisent des mots-valises et refusent de donner toutes les solutions et toutes les réponses au questionnement du lecteur pour lui faire élaborer ses propres hypothèses , ils sont aussi dans la continuité de Jonathan Swift. « Azimut » se transforme en effet également parfois en un contre philosophique : ici il est question de l’aliénation volontaire de l’homme au dieu machine, de dérèglements climatiques, de la sénilité de certains hauts dirigeants, de la dénonciation de l’immigration choisie et de la façon dont on traite les migrants. A l’image d’Eugène dans l’album qui condamne le bellicisme intéressé de Manie dans son tableau et lui fait prendre conscience (ainsi qu’au grand Tracasseur) de la folie de son attitude, les deux auteurs se muent donc parfois en lanceurs d’alertes et permettent par le truchement de ce monde imaginaire de réfléchir sur notre réalité et notre monde contemporain. D’ailleurs c’est peut-être le seul reproche qu’on pourra faire à ce dernier tome : souligner les parallèles avec notre monde de façon parfois un peu trop appuyée et opter pour une fin étonnamment optimiste - tempérée tout de même par les dernières vignettes qui laissent leur lot d’ambiguïté.
Avec ces « derniers frimas de l’hiver », on a bien une œuvre plurivoque : à la fois très aboutie sur le plan graphique, empruntant à différents genres et courants littéraires, et énigmatique. A peine le tome 5 refermé, on a l’envie de se replonger dans les autres albums pour y percevoir tous les détails et subtilités qui nous avaient échappé et rêver de nouveau!
Comme depuis le premier volume de cette exceptionnelle série, la maquette, de la couverture aux intérieurs de couverture, fait partie intégrante du projet. Si les illustrations de couverture (hormis la première) ne sont pas des plus accrocheuses, le cadre de chacune (qu’Andreae ne s’est pas contenté de dupliquer mais a recréé à chaque album) vaut à lui seul le détour. Surtout, l’intérieur de couverture propose un nouvel extrait de l’encyclopédie des Chronoptères (par Aristide Breloquinte!) avec des animaux présents dans l’album et d’autres non, toujours avec un descriptif drolissime et d’une imagination folle. De quoi espérer, avec cette conclusion, que les auteurs aient l’envie de proposer par la suite un volume d’encyclopédie naturelle du monde d’Azimut, tant la richesse de cet univers reste à explorer.
Après l’apocalyptique éternuement du Pôle Nord, le monde a été presque intégralement gelé. Partout? Non. Miraculeusement épargné, le Petighistan prépare ses plans d’invasion en vue de la création du tant attendu Grandghistan! Alors qu’un dangereux émissaire de la Banque du temps vient réclamer un dû mis à mal par le nouvel âge glaciaire, l’oiseau d’acier prépare son réveil, un réveil qui doit marquer la fin de ce qui était et le retour à la barbarie humaine…
Jean-Baptiste Andrea est l’un des plus grands dessinateurs européens depuis pas mal de temps et n’avait peut-être pas totalement trouvé le projet qui lui ferait atteindre la perfection. Doté d’un univers personnel d’une richesse et d’une cohérence aussi grandes que celle d’un Tim Burton, il a trouvé en Wilfried Lupano son égal scénaristique et tous deux ont produit une série, Azimut, qui atteint comme très peu une perfection aussi intellectuelle que visuelle. Pour être clair si le premier tome m’avait déjà terriblement séduit et les suivant de même, je peux dire avec cette conclusion (…qui méritait sans doute une prolongation, j’y reviens) qu’Azimut est l’une des trois meilleures séries des vingt dernières années!
Je vais pourtant vous expliquer pourquoi cet ultime opus est une frustration aussi grande qu’est la série. Respectant le format des autres albums de cinquante planches, les auteurs ont tenu à conclure en cinq tomes leur saga temporelle, format idéal comme je le clame à peu près à chaque billet. L’univers développé est cependant si riche, proposant de nouveaux personnages, idées, lieux succulents à chaque volumes, qu’arrivé à ces Frimas de l’hiver on avait le sentiment de n’être qu’à l’étape de la rupture dramatique devant nous emmener à la conclusion… Élément intriguant, l’éditeur a posé sur le premier tirage de l’album un sticker laissant entendre la suite sur un nouveau cycle… qui n’est absolument pas prévu par les auteurs. Autant ce procédé permettant de prolonger des séries commercialement rentables à l’infini peut être vu comme mercantile, autant sur Azimut il aurait été nécessaire de trouver un moyen de rallonger pour conclure de Résultat de recherche d'images pour "azimut andreae derniers frimas"façon moins brutale. Récemment Olivier Ledroit a proposé un magistral très volumineux troisième et dernier tome de sa série Wika initialement prévue en quatre tome. Certains rajoutent un ou deux épisodes lorsqu’ils réalisent que le compte n’y est pas. En maître scénariste Lupano sait créer et conclure une série et j’imagine des raisons non créatives qui expliqueraient cette insistance à vider le sablier tant le plaisir manifeste à la réalisation, le professionnalisme des deux auteurs et le contenu de la valise étaient encore fournis. A cinq albums on ne peut pas dire que la série soit à rallonge, un sixième et septième tome auraient permis de réutiliser les nouveaux personnages et de se dispenser des nombreux deus ex machina que comportent l’album…[...]
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2020/01/29/azimut-5-derniers-frimas-de-lhiver/
Quand le meilleur scénariste/dialoguiste de sa génération rencontre un dessinateur virtuose et qu'ils entrent dans une osmose narrative achevée, vous obtenez AZIMUT.
Plaisir de lecture total.
Cela vaut pour l'ensemble de la série puisqu'il s'agit d'une histoire en 5 tomes.
Bravo, bravo et bravo !
Une des BD les plus originales de la Création.
Très bons dessins.
Des scènes toujours loufoques et réussies.
Et de la folie encore et toujours.
Cependant, il me manque un petit quelque chose pour mettre une note de 4/5 pour cet avis.
Le scénario n'est pas assez construit ou trop haché / entre découpé de scènes sans transitions les unes avec les autres.
Fin de cycle ? Aïe ! Je redoute pas mal ces séries par cycle qui s'essoufflent et s'enlisent. Bref, cette série est excellente, une histoire intelligente, poétique et folle ! Dessins splendides (n'hésitez pas à découvrir les autres séries d'Andreae !) et un scénario bien mené. ATTENTION SPOIL ! Seul regret, la fin qui est pour moi trop mièvre. J'aurais aimé quelque chose de plus dramatique, douloureux ou mystérieux... Je trouve que çà manque de force.
Cet album est juste sublime ! Il clôt magnifiquement ce premier cycle et j’espère sincèrement qu’il y en aura un autre avec une idée aussi magique que celle du temps et de tout ce qui en découle.
L’album commence très fort avec le « Vous êtes ici » d’un jalonneur qui vaut bien le « Juste Leblanc » du film le dîner de cons. Les bons mots et l’absurdité ne prennent pas le temps de s’arrêter car ils s’enchainent au fil des pages et sont autant de sources de réflexions sur le temps et sur l’humanité en général.
Concernant l’humour, il foisonne, il détonne, il m’étonne de page en page et se fait le miroir de notre société. Le monde qui part en cacahuète en page 16, le questionnement sur les réfugiés tellement horrible et réel (pages 18 et 19), le dieu machine dont nous sommes devenus esclaves (pages 44 et 45). Pages 24 et 25, même si elle était un peu facile, la blague sur le mystère et boule de gomme est géniale.
Quant aux phrases coups de poing comme « un crédit apocalyptique à la banque du temps », « le principal moteur de l’âme humaine, ce n’est pas le succès des uns, c’est l’échec des autres », « ce qui m’empêche de vivre heureuse, c’est l’idée qu’on me survive », elles assomment comme des uppercuts et vous envoient directement au tapis. Mais les images de cet album donnent aussi à réfléchir et le tableau de Manie et du grand tracasseur, en page 40, pourrait être une photo de notre siècle qui a la folie de sa jeunesse.
Si je pouvais mettre un 6/5, je le ferais. Cet album est incroyable, magique, sublime et l’ensemble de la série m’a époustouflé tant par son intelligence que par son graphisme impeccable. Vraiment messieurs Lunpano et Andréae, lancez vous dans un deuxième cycle uniquement si vous êtes certain de votre coup (mais je désire tellement une suite...). N’allez pas tout gâcher… et merci pour votre Azimut.
Le premier cycle d'AZIMUT se termine de belle manière, non sans avoir levé le voile sur tous les mystères de ce monde extravagant. Nul doute que ces derniers seront résolus dans un second cycle que j'attend déjà avec impatience. Scénario délirant, personnages abracadabrants et dessin unique en son genre: AZIMUT est vraiment un belle série.