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Legio Patria Nostra 1. Le tambour

28/10/2019 8611 visiteurs 7.4/10 (5 notes)

1856 à Lyon. Avec les pandores collés aux fesses et l'assurance de se retrouver ligoté sur la bascule à Charlot, deux vauriens habitués aux rapines, l'un de surcroît coupable d'avoir trucidé un souteneur, sont obligés de fuir vite et le plus loin possible. Mais le sort s'acharne, car, de fil en aiguille, de larcins en crimes, ce périple mouvementé va amener ces deux gones à enchaîner les mauvaises rencontres. Le peu de chance sur laquelle ils pouvaient compter jusqu'à présent va définitivement les abandonner.

D''abord, il y a l'hommage. Celui d'un auteur envers son propre aïeul, qui fut capitaine au sein du 1er régiment de la Légion étrangère, décédé à Sidi-Bel-Abbès en 1852. Puis viennent les interrogations : qui étaient ces hommes et pourquoi étaient-ils capables de donner leur vie pour un drapeau qui n'était pas le leur ? Pour tenter d'y répondre, Jean-André Yerles imagine l'itinéraire dramatique d'un jeune garçon contraint de se tourner vers ce nouveau corps militaire, seule opportunité pour fuir son passé et ceux qui le pourchassent. Annoncé en cinq volumes, cette entrée en matière présente l'enfance tragique de deux délinquants juvéniles créés de toutes pièces pour l'occasion et propulsés au sein de faits historiques. De l'action, du rythme et de l'empathie, ce récit particulièrement prenant n'en manque pas. Le lecteur est le témoin de la progressive et lente descente aux enfers de Casimir Berthelot, pris dans l'engrenage, comme de sa quête de liberté. Il pensait enfin y accéder au sein des troupes fondées par le roi Louis-Philippe en 1831.
Le parcours est tortueux est mouvementé : la narration est, elle, tout en aisance autant que plaisante, en témoignent les échanges et les répliques pour la plupart croustillants.

«C'est désormais un légionnaire. Son passé n'existe plus.» Évariste

Sans être d'un réalisme criant en ce qui concerne les faciès des personnages, le dessin de Marc-Antoine Boidin (La guerre des Sambre, Kérioth) révèle toute sa justesse et sa force dans les arrière-plans et les décors variés. De Lyon en passant par la cité phocéenne, la rade de Toulon, jusqu'aux côtes d'Oran, le souci du détail et de la précision est au centre des préoccupations du dessinateur auquel il ajoute de très jolies couleurs et des cadrages inhabituels. De même, grâce à son talent et son aptitude à le faire vieillir sans le métamorphoser, son héros parvient à prendre de la bouteille au fur et à mesure que l'histoire progresse.

À l'occasion de ses grands débuts dans la scénarisation versant BD, Jean-André Yerles fait une entrée remarquée et réussie. Pour la lecture du tambour, premiers notes de Legio Patria Nostra - Notre patrie la légion -, un seul et unique mot d'ordre : engagez-vous !

Par D. Roy
Moyenne des chroniqueurs
7.4

Informations sur l'album

Legio Patria Nostra
1. Le tambour

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 27/08/2020 à 18:55:15

    C'est une aventure dont on sait comment elle va se terminer, à savoir à la bataille de Camerone, où 62 légionnaires ont fait face courageusement à 2000 soldats mexicains. Évidemment, ils ont perdu cette bataille sanguinaire, mais cet acte de bravoure est resté gravé dans l'histoire.

    On revient en arrière pour faire connaissance d'un gamin des rues dont la mère se prostitue pour gagner sa croûte. Il n'a pas une vie très facile et cela va le conduire progressivement à s’engager dans la Légion étrangère.

    Un graphisme au top avec de belles illustrations en fin d'album. Un récit assez prenant au milieu de beaucoup d'épreuves à traverser.

    Un premier tome plutôt dense qui donne envie de voir la suite. 4 étoiles, car c'est bien réalisé, et je ne trouve rien à redire. En tous les cas, un plaisir à la lecture.

    bd.otaku Le 10/11/2019 à 18:10:15

    Un premier tome mené tambour battant !

    Casimir Berthelot et son inséparable ami Dino Laï sont deux gamins des rues de Lyon qui perpétuent de menus larcins. Depuis qu’il a entendu un tambour lors d’un défilé de l’Empereur, Casimir rêve d’en jouer. Il touche ce rêve du doigt quand, profitant de la crue du Rhône et de l’inondation de l’école de musique, il s’apprête à mettre la main sur l’un de ces précieux instruments ; mais survient une bande rivale qui l’humilie et l’en empêche. Deux ans plus tard, il a grandi et réagit cette fois en voyant sa mère se faire molester par son souteneur. Il tue ce dernier accidentellement et doit s’enfuir. Dino l’accompagne. C’est le début d’un long périple qui mènera Casimir jusqu’à Camerone au Mexique …

    Cette série est prévue cinq « chapitres » comme l’inscrit Marc-Antoine Boidin à la fin de ce premier tome. On pourrait dire qu’il s’agit plutôt des cinq « actes » d’une tragédie. En effet, l’album débute par la fin : la célèbre bataille de Camerone au Mexique pendant laquelle 62 légionnaires affrontèrent plus de 2000 combattants mexicains et refusèrent de se rendre pour obéir au serment qu’ils avaient fait à leur officier, le capitaine Danjou. Or, cette issue tragique - accentuée par les tons orangés et pourpres de l’incipit qui rappellent le charnier et par les larmes de sang sur les visages en gros plans reprenant l’imagerie christique- va orienter notre lecture et montrer le déterminisme à l’œuvre dans la destinée du héros. D’ailleurs on remarquera souvent des gros plans sur des objets symboliques : Vierge dans sa niche, statue sans tête, doigt de pierre menaçant en gros plan, église inachevée comme si le salut n’avait plus sa place dans ce monde du second Empire. L’empathie envers le héros est accentuée également par l’utilisation d’une narration à la première personne dans les récitatifs : c’est Casimir qui endosse le rôle du chœur antique et raconte son histoire a posteriori : à chaque fois que le personnage émet un vœu ou un espoir dans les dialogues, le récitatif vient le contredire. Casimir apparaît ainsi comme le jouet du destin … A la manière d’une ouverture d’opéra, cette première scène va mettre en place un des éléments fondamentaux de la vie de Casimir : la confrontation à la violence.

    La rupture de construction à la page suivante avec le flash-back de l’enfance et Dino va jouer le rôle de contrepoint en mettant en scène une amitié, de la légèreté, de la drôlerie aussi (Dino ne pense qu’à manger) en déployant également une palette de couleurs complémentaires dans les tons gris verts et de superbes cases panoramiques sur le vieux Lyon qui donnent une respiration en occupant la moitié de la page. On passe alors à des scènes classiquement dialoguées.

    Tout l’album est construit dans cette alternance de tons et de rythmes. Des passages presque immobiles et d’autres trépidants, des moments drôles et d’autres extrêmement violents et cette scansion est magnifiquement rendue par le découpage : dans les moments de calme et de bonheur on a des panoramiques sur les villes où se trouve le héros dans de grandes vignettes et des tons bleus ou au contraire dorés (chaleureux) ; dans les moments de tension on observe des cadrages resserrés quasi étouffants, un éclatement du gaufrier et une succession de cases étroites (à la fois verticales et horizontales )qui jouent sur le sens de lecture et se multiplient frénétiquement. Dans ces cases le rouge et le noir (menaçants) finissent par contaminer la page et pour créer de telles atmosphères, Marc Antoine Boidin joue une fois de plus en virtuose des lumières et des éclairages.

    Mais cet acte 1 est aussi un acte d’exposition : il met petit à petit en présence tous les protagonistes du drame. On fait ainsi la rencontre de la belle Zélie aux yeux verts qui rêve de s’établir au-delà des mers en Algérie, du Maure méchant hyperbolique à la cruauté exacerbée ainsi que de ses sbires aux trognes pittoresques. Tous dignes de figurer dans un roman de Dickens (il y a des accents de « Oliver Twist» dans l’épisode marseillais) ou dans un roman-feuilleton par leur côté archétypal formidablement croqué par Boidin qui avait déjà travaillé sur ce genre romanesque en adaptant « Chéri-Bibi » de Gaston Leroux. On pourrait croire que le personnage d’Evariste Berg, le joueur beau-parleur et bretteur, fait partie de cette distribution fictive mais, en se documentant sur Camerone, l’on s’aperçoit qu’il a réellement existé et que le scénariste comme le dessinateur ont scrupuleusement respecté sa biographie et ses traits ! Il en est de même pour le capitaine Danjou dit « main de bois » ou encore pour les caporaux del Caretto et Louis Maine à la vie rocambolesque et pourtant réelle et aux états de service scrupuleusement exacts et savamment distillés dans des dialogues savoureux. Lorsqu’on examine la liste des légionnaires de Camerone on y trouve aussi un tambour, Casimir Laï, le seul à ne pas avoir été fait prisonnier, et dont on ne connaît pas la date de mort ! Ce vécu énigmatique rattrape la fiction, laisse une aura de mystère et donne furieusement envie de lecteur de savoir ce que Jean -André Yerlès ont brodé autour de cette destinée et de connaître la suite des aventures de Casimir, de Zélie et des autres !

    thieuthieu79 Le 01/11/2019 à 17:04:28

    Une histoire plaisante, qui nous conte le récit d'un gamin des rues entre canailleries, bêtises et violences, et qui va s'enrôler bien malgré lui dans la Légion Étrangère.
    Sans révolutionner le genre, cette nouvelle série prévue en 5 albums pose les bases d'une future aventure militaire pour notre jeune Casimir.
    Le dessin très propre et très juste va à l'essentiel sans révolutionner les choses lui non plus.
    Au final, on a une bonne histoire divertissante qui ne sort pas forcément du lot mais dont on s’intéresse malgré tout.
    L'avenir nous dira si l'ensemble, de part le contexte militaire sur font de guerre, s'intensifie et se complexifie ou si au contraire il reste aussi léger.

    Johnny Fletcher Le 16/10/2019 à 18:58:39

    Un album à la lecture plaisante grâce à un dessin incarné et à un récit mené sans temps mort.
    L'histoire de ce gamin des rues lyonnaises au milieu du 19e siècle qui finira par incorporer la légion étrangère et se retrouvera parmi les derniers combattants à la bataille de Camerone au Mexique en 1860 promet d'être épique et romanesque. Il faut maintenant attendre de voir comment cela sera développé par les auteurs dans les albums suivants pour savoir si le récit se déploie vers la grande aventure comme ce premier tome le laisse entrevoir. Seul petit bémol, le dessin de Boidin parait moins inspiré dans le dernier tiers de l'album, avec une mise en couleur informatique moins délicate que dans les très belles premières pages.
    (Note: 3,5/5)