L
’hiver est arrivé dans l’Ouest. La tribu de Yakari doit se dépêcher d’atteindre un campement protégé des intempéries. Le temps presse vraiment, car une énorme tempête s’annonce. Suivant de près la caravane, un mystérieux individu s’affaire à rester caché. Parti en repérage, le petit Indien tombe dans un piège tendu par cet adversaire inconnu. Instinctivement, Petit Tonnerre remarque cette absence et part à la rescousse de son compagnon.
Avec quarante tomes en près de cinquante ans, Yakari fait partie des rares séries qui ont su traverser les époques sans perdre sa fraîcheur ni ses racines. Un héros doté d’un don extraordinaire, son clan, ses amis et toute la faune d’Amérique du Nord : le programme de Derib et Job - désormais remplacé par Joris Chamblain - n’a pas changé d’un iota, pour le plus grand plaisir des jeunes lecteurs ainsi que leurs parents. Les corollaires à cette longévité sont évidemment, pour le scénariste, la difficulté de trouver de nouvelles idées ne dénaturant pas l’esprit du titre et, pour le dessinateur, le risque de se lasser à devoir animer, histoire après histoire, les mêmes protagonistes au milieu des mêmes décors. Heureusement, outre le talent des auteurs, il existe des petits « trucs » afin d’éviter les déconvenues ou la facilité.
Une de ces astuces est de tourner son regard vers le passé, dans l’œuvre existante, pour y dénicher des pistes à exploiter ou des personnages marquants à réutiliser. C’est exactement ce qu’a fait Chamblain en construisant L’esprit des chevaux. Sans déflorer le nœud de l’intrigue, il s'agit pratiquement d'une suite à un récit précédent qu’a imaginé le cocréateur des Carnets de Cerise. Ce dernier, partant de cet acquis, le prolonge très intelligemment sans aucune redite. Après de nombreuses péripéties dramatiques entrecoupées de plusieurs révélations, sans oublier un peu de morale, tout finira bien et Yakari retrouvera les siens (cela, il est permis de le révéler, ce n'est plus un secret depuis longtemps).
Découpage et mise en scène de haute volée, un trait un peu plus hésitant qu’à l’habitude (rien de rédhibitoire) et d’innombrables moments d’émotions, L’esprit des chevaux s’avère être un excellent Yakari.
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