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eb a pris goût au sang. Ses pulsions l'amènent à croiser le chemin de Bess. Maxine, elle, ne pense qu'à ses enfants. Au point de prendre la route avec eux, sans réfléchir. Dans le sillage des premiers, l'agent Thompson. Sur les traces des seconds, Bo, bien décidé à revoir sa compagne. Deux destinées amochées que le hasard va faire s'entrechoquer.
Emmanuel Moynot aime le rock et les polars. Alors quand l'occasion lui est donnée de mêler ses influences dans une intrigue aux allures de Balade sauvage mâtinée de Tueurs nés, nul doute que l'auteur va s'en donner à cœur joie. S'appuyant sur une narration éclatée, séquencée en courts chapitres, il s'amuse à brouiller les pistes. Le lecteur est rapidement happé et se demande où cette folle course va le mener. Dans un récit choral, il suit plusieurs fils que des personnages charismatiques - l'agent du FBI, mystérieux - la mère de famille ou inquiétants - Jeb et Bess, rendent rapidement palpitant. Les questions se bousculent et l'immersion est totale.
En bichromie, son trait expressif et vif, à peine esquissé par moments, lui permet de travailler son découpage pour privilégier les ambiances lourdes et glauques de l'Amérique profonde. Il se sert de ce contexte pour rendre, un peu, ses Bonnie et Clyde sympathiques grâce à leurs passés et ce, malgré leurs méfaits. Leur route, ensanglantée et parsemée de violence, ressemble à une fuite en avant dont le lecteur percevra rapidement la nature de l'issue. L'essentiel est ailleurs. Au fur et à mesure des pages, le rythme s'accélère et la tension monte inexorablement. Emmanuel Moynot entretient avec maîtrise le suspense jusqu'à l'ultime chapitre où tout prend forme et les deux ramifications principales de son histoire vont se rejoindre pour un épilogue funeste.
Road BD saupoudrée de sexe avec une grosse dose de violence et de fatalité, No Direction porte bien son titre et démontre une nouvelle fois les dons de conteur d'un artiste à la plume et au style reconnaissables. Un rocker amoureux des polars qui les raconte avec talent.
Pas du tout aimé. Hormis le dessin sombre et difficile à lire de l'auteur, les stéréotypes américains grotesques et carnavalesques qui font fantasmer les auteurs français qui rêvent encore de l'été indien de Joe Dassin ne m'enchantent guère.
Ce n'est pas une BD à prendre au sérieux, certes. Mais ce road-trip de tueurs sans vergogne qui se frottent à tous les paumés de la société n'est pas si intéressant que ça non plus. Les personnages sont trop caricaturaux pour être attrayants. Ça m'a un peu rappelé le Tricked d'Alex Robinson.
Dans le genre, je préfère de loin le Lorna de Brüno.
Fauve du meilleur polar au @bdangouleme 2020, 180 pages de road movie découpées en épisodes comme une série sur HBO. Et on binge... On enchaîne les épisodes, @emmanuel_moynot s'en donne à cœur joie et on est embarqué dans ce tourbillon de violence et de soufre...
Épopée « terrible » dans une ambiance très bien menée
Des personnages bien campés et un scénario efficace , ce one shot se laisse lire d’une traite