A
u Moyen-Age, Foulques le Ruistre, chevalier brutal, un peu frustre et un peu cuistre, fait étape avec son nain de valet Petitbus, au château de Montorgueil. Ils sont accueillis par la châtelaine des lieux, dame Aurimonde, veuve depuis peu. Au cours du repas auquel ils ont été conviés, Petitbus va outrepasser les lois de l’hospitalité en offensant la jeune femme d’un vieux chevalier. Au cours de la bagarre qui éclate, Foulques tranche la main du mari outragé. Remarqué pour sa bravoure et voyant en lui une aide précieuse, il est invité à partager la couche de la châtelaine. Foulques honorera cette invitation jusqu’à proposer à son valet cette femme en pâture. Elle sera violée par le nain, sous les yeux de son fils caché derrière une tenture. La vengeance de ce dernier prendra la forme d'un carreau d'arbalète blessant grièvement Le Ruistre.
Avec Le Ruistre, Jean-Charles Kraehn retrouve la planche à dessin pour une série en solitaire. Il ne délaisse pas pour autant Gil Saint André, Tramp ou Myrkos dont il est le scénariste, mais il souhaitait visiblement se faire plaisir en travaillant sur un nouveau projet. Et il a, à nouveau, choisi une période qu’il affectionne particulièrement, le Moyen-Age. Il a acquis cette passion lors de sa collaboration avec Patrice Pellerin sur les Aigles Décapitées. L'authenticité est le fil rouge de cette aventure médiévale : les personnages s’expriment en vieux français, les visages n’ont rien de très avenant et l’époque y est dépeinte de manière très rude. Les hommes sont des brutes, n’ayant aucun respect pour les plus faibles et les femmes en font partie. Il s’agit bien d’une histoire où la fiction et le témoignage historique se mélangent de manière harmonieuse. Il a su éviter l’écueil de l’exposé didactique en dosant judicieusement les informations récoltées. Ce deuxième tome s'intéresse à Dame Aurimonde et à son courage pour défendre son château de la convoitise d’un seigneur voisin.
Fidèle à son trait simple et efficace, il atteint la maturité d’un dessinateur à l’aise avec son dessin. Il aurait certainement pu oser un trait un peu plus brut pour coller encore plus à son récit, mais c’était sans doute prendre un risque supplémentaire. Les couleurs sont réalisées avec justesse par sa femme, comme elle avait l’habitude de le faire sur les Aigles Décapitées.
Le Ruistre est un récit purement historique bien construit. Ce deuxième tome confirme les bonnes impressions du premier mais reste cependant à réserver aux inconditionnels de l’auteur ou aux amateurs d’aventures médiévales.
Excellent scénario et très beau dessin.
Une BD en ancien français, il fallait oser et le résultat fut prometteur. Dommage que la série n’ait pas été achevée. Quelqu’un osera t’il reprendre?
Kraehn mérite une notoriété bien plus grande qu’il n’a eu. Tramp, bien sur, mais aussi Myrkos, autre chef-d’œuvre, lui aussi n’ayant pas eu le public qu’il méritait.
Quel dommage que cet embrion de série soit mort si tôt. Les deux album étaient très prometteurs, avec des personnages à fort caractères dans une époque très attachantes.
Il fut un temps où je lisais pas mal de bd historiques. Puis, je dois avouer que je me suis un peu lassé. Je pense que cette lassitude est venue à cause du coté parfois trop encyclopédique de ce genre de récit.
Pourtant, en feuilletant Le Ruistre, ma curiosité a été interpelée par plusieurs points. Tout d'abord, nous sommes, ici, plongés en plein Moyen-âge, certes, mais dans une période indéterminée. Ensuite, notre héros est un vrai méchant, le genre de gars qu'il faut mieux éviter de côtoyer. Un autre élément qui m'a frappé c'est l'emploi du vieux francais. C'est à la fois très curieux et intéressant même si parfois cela vous oblige à une concentration plus soutenue.
D'un point de vue scénaristique, Jean François Kraehn (Gil St André) nous offre une histoire plutôt bien écrite. Les personnages sont décrits avec beaucoup de crédibilité. Cela les rends parfois attachant ou parfois répugnant à l'image du héros qui, au fil de l'histoire et contre toute attente, se révèle plus humain.
Ceci-dit, ce sentiment est peut-être dû au fait qu'on s'habitue tout simplement à sa malveillance. Mais une chose est sûre, on n'est pas insensible à sa destinée.
Graphiquement, le dessin de l'auteur est irréprochable. Il faut dire que le dessinateur n'est pas un débutant dans le métier. De ce fait, son traît est d'une grande précision à l'image des décors qui sont remarquablement dessinés.
Le Ruistre est une série historique que je conseille pour sa qualité et surtout pour son originalité.
A suivre !