L
e pont reliant dessin d’actualité et BD a toujours existé à un niveau ou un autre. Une bonne illustration valant mille mots, la caricature s’avère être un véhicule tout à fait adapté pour faire passer aisément des messages ou critiquer les institutions. Plus récemment, l’acceptation sociale de la bande dessinée s’étant élargie et, surtout, le phénomène des blogues, ont multiplié les possibilités d’échanges entre récits graphiques et commentaires politiques ou sociaux. Les succès, parmi tant d’autres, de Boulet, Zep ou Fabrice Erre, témoignent en effet de l’appétence pour les relectures dessinées du quotidien. Plus prosaïquement, dans ces temps difficiles pour les auteurs, la prépublication régulière, en ligne ou en magazine, procure également une source alternative de revenus certainement bienvenue.
Plus discret ces dernières années, Pierre Wazem revisite à sa manière les nouvelles suisses et mondiales pour l’hebdomadaire romand L’Illustré. Un monde pas possible rassemble ses chroniques. Après une petite présentation des particularités culturelles de la Confédération Helvétique, c’est tout 2018-2019 qui est passé en revue. Petits Riens façon Lewis Trondheim, coups de gueules obligatoires contre Trump ou quelques politiciens fédéraux inconnus en dehors des frontières et observations crédules des us et coutumes version 2.0, Wazem s’amuse, se moque de lui-même et s’insurge sympathiquement mais sûrement. Sans être très original sur le fond, le résultat est néanmoins amusant et souvent cocasse, à défaut d’être vraiment percutant. Les amateurs d’humour bête et méchant ou d’analyses poussées risqueront d’être déçus par le ton nonchalant et finalement très posé du Genevois.
Ceux qui ont lu Chère Louise (à quand la suite promise de ces délicieuses aventures épistolaires ?) ou Promenade(s) retrouveront avec plaisir des personnages déjà connus, comme sa maman-souris ou les membres du Studio Lolo, en guise de guest-stars, victimes ou simples caméos suivant l’humeur du moment. En effet, le scénariste ne rate jamais une occasion pour se mettre en scène avec ses copains. Faisant ainsi, il connecte cet album à ses œuvres antérieures, offrant dans la foulée une ouverture sur sa propre trajectoire personnelle et artistique. Pour les connaisseurs, cette continuité apporte un niveau de lecture tout à fait appréciable.
Plus ou moins inspiré suivant les infos de la semaine, mais toujours réalisé d’une manière appliquée et irrémédiablement très drôle, Un monde pas possible – Chroniques suisses de l’univers raconte juste ce qui se dit dans les bistrots au pays du chocolat. Tschüss, les gars !
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