D
ans le monde des mots, la compétition est rude. Chacun veut accéder à la reconnaissance et au bon usage. Pour cela, il n’y a pas trente-six solutions, il est indispensable de figurer dans le dictionnaire. Celui de l’Académie française évidemment, mais il ne faut pas être pressé. Le Larousse et le Robert (grand ou petit, peu importe) feront aussi l’affaire. Si les mises à jour sont annuelles, les places restent chères. Il faut avoir un dossier étymologique en béton et être utilisé à travers la francophonie, autant dire que la chose n’est pas facile et les conséquences d’un refus peuvent s’avérer dramatiques. Combien de locutions ayant raté le coche se sont-elles retrouvées sur internet et ont vu leur orthographe massacrée et leur sens détourné ?
Tout n’est cependant pas perdu ! L'illustre linguiste humaniste Lindingre a pensé à ces réfugiés sémantiques. Mieux encore, il les accueille sans jugement au sein d’un livre fait juste pour eux. Il les nourrit de douces définitions et les illustre même avec quelques dessins réconfortants. « Alléluia ! » comme disent les Cheyennes sur Netflix. Le Gros Robert est arrivé, la langue française respire et les lettrés éructent.
Vos amis se moquent de vous car vous persistez à redouter « l’infractus », vous reprennent quand vous parlez d’acier « équinoxe » et refusent carrément de trinquer avec du « clément » d’Alsace ? Maintenant, vous pouvez répondre du tac-au-tac que leurs remarques blessantes sont nulles et non avenues. Le Gros Robert en main, prenez-les à leur propre jeu et corrigez-les en retour : « Ben non, c’est comme ça qu’on dit. Regarde dans le dico, mon coco ! »
Sous titré « Répertoire alphabétique des mots les plus martyrisés de la langue française », Le Gros Robert est une fantaisie délirante à placer entre Le Catalogue d'Objets introuvables de Jacques Carelman et Les Brèves de comptoir de Jean-Marie Gourio. De plus, les fêtes approchent, l’ouvrage fera un excellent cadeau de fin d’année pour les maîtres et les maîtresses d’école.
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