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n 2000, Marjane Satrapi avait créé la surprise avec sa série Persepolis, récit autobiographique d'une rare intensité. Un témoignage à la fois intime et historique sur l'enfance et l'adolescence d'une jeune iranienne, musulmane modérée, face à l'arrivée des intégristes et aux nombreux changements qui ont suivi.
Broderies se démarque de Persépolis. Il lève le voile sur une coutume qui réunit les femmes iraniennes entre elles après le repas, pendant que les hommes vont faire la sieste, pour ce qu'elles appellent « la discussion ». Dans un pays où la liberté individuelle est plutôt contrainte, elles se sont octroyées le droit d'échanger librement a propos de leur condition de femme. Le moins que l'on puisse dire c'est que le choix des sujets ne connait pas de tabous et qu'elles abordent aisément les problèmes rencontrés dans leur sexualité. Il ne s'agit pas uniquement de cela, comme le résume très bien la grand-mère de Marjane avec cette phrase : « parler derrière le dos des autres est le ventilateur du coeur ». On ne peut plus clair comme explication. Les anecdotes, racontées avec beaucoup d'humour, nous montrent le quotidien de ces femmes sous l'angle de sujets aussi variés que le mariage forcé, l'adultère ou encore la chirurgie esthétique. Derrière tout cela il y a également la broderie, articifice nécessaire lorsqu'elles ont perdu leur virginité et qu'il faut continuer à faire croire le contraire.
Cet album est émouvant, fort et raconté avec beaucoup d'humour, mettant en lumière la condition des femmes en Iran. On croyait ces pratiques dégradantes d'un autre âge disparues, mais elles ont toujours cours. Marjane Satrapi a osé l'exprimer avec beaucoup de tendresse. Cela ne permettra sans doute pas à la situation d'évoluer, mais en parler c'est déjà bien.
Découverte de Satrapi avec Broderies et je dois dire qu'entre nous ça matche pas mal!
J'ai aimé suivre ces conversations entre femmes notamment autour des relations entre hommes et femmes. Marjane Satrapi nous dévoile avec humour les dessous d'une société que l'on ne connaît pas vraiment. Elle nous montre l'intimité de ces femmes. On découvre dans cette BD des problématiques quotidiennes et chacune d'elle se livre, un peu, beaucoup, parfois trop! Le scénario est très naturel. J'ai eu l'impression d'être un témoin privilégié.
Les personnages sont vraiment sympas et haut en couleur. Les femmes que j'ai découvert sont pleine de caractère et surtout elles m'ont fait rire et sourire.
L'esthétique est très spéciale. Toute la BD est en noir et blanc. Le trait est épais et fort. Je dirai que le coup de crayon de Marjane Satrapi a du caractère, tout comme les femmes qu'elle met en scènes.
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Un livre assez drôle sur la vie des femmes iraniennes, mais bien en dessous de Persepolis ! Les conversations s’ajoutent les unes aux autres… Je trouve que le thème aurait pourtant pu être traité avec un tout petit peu plus de profondeur vu le talent de la dame !
On retrouve avec plaisir l'humour de Marjane Satrapi qui sait se moquer des travers de la vie iranienne avec beaucoup de tendresse. Et ses histoires de femmes dans toute leur crudité sont à la fois touchantes et révélatrices.
Les dessins sont minimalistes mais les personnages sont bien croqués.
Une bonne lecture donc.
Pas évident de rendre intéressant des papotages entre femmes iraniennes...surtout que ca frôle la conciergerie parfois ! Et pourtant j'ai lu la BD d'une traite, avec le sourire au lèvre et en prenant du plaisir. Marjane Satrapi dépeint finalement très bien la situation de son pays et des femmmes qui y vivent au travers de ces anecdotes douces amères, parfois franchement amères mais toujours racontés d'une manière qui évite le mélo pleurnichard.
Ma deuxième incursion dans l'univers de Marjane Satrapi après Poulet aux prunes (comme quoi, Angougou, ça ouvre les horizons). Récit plus en apparence léger dont on peut se demander ici s'il aurait le même retentissement dans un contexte plus occidental.
Certes, entrer dans le cercle fermé des conversations entre femmes iraniennes dont les hommes sont exclus, procure un certain plaisir voyeuriste, alimenté par les textes crus et les anecdotes souvent sexuelles (et dramatiquement drôles) des membres du cénacle, mais le sujet de fond en perd un peu de son importance. On perçoit que les fameuses broderies sont un enjeu bien plus important que l'évocation qui en est faite dans ce récit. On en ressort amusé, sensibilisé, mais aussi un tantinet fataliste (du moins en ce qiu me concerne).
Un album peut-être plus féminin, aussi, et en soi, c'est déjà assez rare que pour être souligné.
alors j'ai du mal à me dire que c'est de la Bd ... mais sinon c'est très bien! Là c'est de la tranche de vie à l'état pur! Des p'tits morceaux de la vie de femmes iraniennes... C'est un coup tendre, un coup drôle, un coup émouvant... en fait je pense que ma plus grosse erreur lors de cette lecture c'est de ne pas l'avoir lu avec une tasse de thé... histoire de bien se mettre dans l'ambiance. Parce que les discussions ont lieu au moment du thé!
Et en plus lire ça le jour de la journée de la femme ça tombait vraiment bien!