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our Sylvestre Ruppert-Levansky qui arrive en fin de carrière, sa nomination en qualité de président de cour d'assises au sein même de la ville qui l'a vu grandir et devenir un juge respectable est l'occasion de se remémorer les deux femmes qui ont marqué sa vie. D'abord, Rachel, son premier grand amour qui l'a brusquement quitté pour des raisons qu'il a toujours considérées comme futiles. Puis, il y eut le dossier "Mathilde", une affaire dont il a mené l'instruction à charge et pour lequel il a obtenu une condamnation pour meurtre. Autant d'épreuves différentes et bouleversantes qui laissent penser qu'il n'est peut-être pas le magistrat exemplaire qu'il paraît.
Suffit-il d'être un ténor du barreau pour être à l'abri de la délinquance ou se croire immunisé contre toute déclinaison de criminalité ? Telle est la question que soulève et épluche Denis Robert (l'Affaire des affaires, Grand Est). L'auteur, qui était auparavant journaliste spécialisé dans les retranscriptions des grands procès, trouve son inspiration dans un regroupement de nombreux faits divers réels. Son histoire brosse le portrait d'une sommité des parquets, lui-même aux prises avec ses propres démons et de la violence presque inéluctable qui en découle. Autant de profonds traumatismes qui impactent et sont susceptibles d’entraîner des actions aussi répréhensibles que celles commises par les multiples prévenus qu'il a pu voir défiler sur le banc des accusés. "Faites ce que je dis, pas ce que je fais" : l'allégation est présentée sous la forme d'une longue analepse dans laquelle le lecteur sera le témoin et surtout le psychologue d'un haut fonctionnaire d'État, né et demeurant homme avant tout, avec ses forces et ses faiblesses. Le dilemme du ressentiment, l'absence de culpabilité et de remords sont également convoqués à la barre d'un récit captivant qui monte en puissance en opérant une agréable étreinte au fur et à mesure qu'il progresse.
Le trait semi-réaliste de Franck Biancarelli, déjà à la tâche sur Grand Est du même scénariste, connu et reconnu pour Le livre des destins et sur des travaux collectifs tels que Paroles de Poilus ou Infinity 8, acquiert de la profondeur et de la percussion, principalement lorsque la tension grimpe d'un ou plusieurs crans. Les regards deviennent soudainement très expressifs et l'angoisse qui transpire des protagonistes vient délicieusement tamponner l'œil sur de très jolis flash-back en noir et blanc.
Pour les amateurs de bons polars et de personnages torturés, passer à côté de ce thriller judiciaire constituerait une grosse "erreur de parcours". À vous de juger !
J’avais acheté cette bd un peu par hasard et un dimanche matin où je me suis levé un peu tôt, j’ai profité du calme de la maison pour piocher cette bd, que je n’avais pas encore lue, dans ma collection.
Et là je peux vous dire que je suis rentré dedans direct et qu’elle m’a tenu en haleine jusqu’a la fin et que cette fin m’a beaucoup plu.
La narration est menée de main de maître. L’histoire n’est pas si facile à raconter. Il y a une enquête criminelle avec des flashbacks, des hypothèses, des cauchemars et puis la vie privée du juge d’instruction. Et pourtant tout est fluide et clair.
Du grand art à mon goût. Je mets rarement un 5/5
Cette BD est là pour nous rappeler qu'un juge peut très bien faire son travail et avoir été un assassin durant sa jeunesse : ce n'est pas incompatible pour rendre la justice. Tous les espoirs sont permis pour exercer une profession honorable. A quand un malfrat à l’Élysée ?
Plus sérieusement, ce juge a bien caché son jeu en s'inspirant d'une autre criminelle qu'il a contribué à faire arrêter. Pas vu, pas pris : tel est la devise. A vrai dire, je déteste un peu cette hypocrisie. Mais bon, en l’occurrence, notre magistrat a usé de beaucoup de ruse pour échapper à la prison.
On va suivre son parcours, son enquête et cela se révèle assez passionnant. On ne lâche pas une miette jusqu'à la dernière page pour savoir s'il va s'en tirer à aussi bon compte. Comme dit, il n'y a pas de justice en ce bas monde. C'est juste une erreur de parcours !