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rofitant d’une permission, Jérôme a déserté. Alors que la guerre se poursuit en Europe, il se cache dans une vieille maison de la région de Coaticook, au Québec. Avec son grand-père, il rénove le bâtiment qui a été négligé par ses précédents propriétaires. L’endroit se révèle marqué par une succession de drames, notamment un suicide et un incendie. Les habitants du village savent que le militaire s’y terre, ce dernier vit d’ailleurs constamment dans la crainte d’être dénoncé. L’isolement devenant insoutenable et l’attente interminable, le jeune homme entreprend, avec l’aide de Mathilde, la jolie boulangère, de lever le voile sur les incidents qui ont marqué cette résidence.
D’emblée, c’est le traitement graphique de Simon Leclerc qui retient l’attention. La colorisation est très crue, beaucoup de rouge avec, de temps à autre, une ou quelques cases dominées par le pourpre. Les teintes, mélange de pastel et de peinture, sont posées agressivement, presque approximativement, sur le crayonné. S’en dégage une impression de violence évoquant le style de Dave McKean dans Cages ou Les fous d’Arkham. Le dessin rappelle par ailleurs l’esprit du croquis, il pourrait se comparer, par exemple, à celui de Jeff Lemire. Le découpage demeure classique, habituellement trois bandes accueillant chacune deux vignettes. L’illustrateur travaille généralement par double page, lesquelles présentent une belle cohérence. Un seul bémol, le petit format de l’album ne permet pas d'apprécier pleinement le travail de l’artiste.
Thomas Desaulniers-Brousseau en est à son coup d’essai dans le monde du neuvième art. Pour raconter cette histoire, il privilégie des scènes longues, chacune approfondissant la psychologie du héros et la relation qui se développe entre l’aîné et le petit-fils. Le scénario est bien construit, la réhabilitation du lieu faisant écho aux liens qui se retissent entre les deux personnages. La restauration de la construction l’amène du reste à chasser les fantômes qui y habitent. Métaphoriquement, le soldat combat ses propres démons alors que le conflit s’achève de l’autre côté de l’Atlantique.
Après avoir frappé en vain à la porte de tous les éditeurs européens, les auteurs de Jours d’attente se sont tournés vers les Américains qui ont eu la primeur de ce récit pourtant ancré dans la province francophone. La Pastèque a heureusement eu l’excellente idée de publier, en français, ce livre signé par un duo de bédéistes prometteurs.
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