P
énélope - chirurgienne de guerre - est de retour. Cela fait dix ans qu’elle s’absente longuement pour tenter de sauver ceux ou celles qui peuvent l’être.
Plus le temps passe et plus la jeune femme a du mal à revenir totalement, à comprendre les siens et à se faire accepter d’eux. Elle les aime pourtant, mais pas plus que la mission dont elle s’est investie. Car pour exister, Pénélope a besoin d’être un peu ici et beaucoup là-bas… Aujourd'hui, le fragile équilibre qu’elle croyait avoir construit avec son mari et sa fille vacille.
Judith Vanistendael n’est plus une inconnue. Après La jeune fille et le nègre, David, les femmes et la mort et Salto, elle scénarise et dessine Les deux vies de Pénélope.
Cet album, au propos aussi intimiste que profond et au dessin subtil fait d’aquarelle et de crayons, interroge le lecteur sur la manière de concevoir et construire son existence, de différencier ce qu’il convient de faire... de ce qui ne peut l’être. La question n’est pas alors de dire ou de définir qui a tort et qui a raison, mais d’appréhender comment il est possible de s’accomplir pleinement à travers ses choix et les diktats de la société.
Les sentiments sont mis à nus, simplement, la culpabilité de se voir s’éloigner des siens est là, sous-jacente, et la souffrance de ne pas être à sa place devient vite prégnante. Certains départs ressemblent à une fuite et voilà quatre ans que Pénélope n’est pas revenue.
Pénélope est médecin humanitaire et intervient pour sauver des vies sur les quatre coins de la planète en guerre. Elle est également une mère de famille qui délaisse fille et mari pour accomplir ses missions notamment en Syrie. Bref, le sacrifice d’une vie familiale pour s’accomplir dans sa vie professionnelle.
Visiblement, cela commence par le fait qu’elle va louper le 18ème anniversaire de sa fille qu’elle n’a pas vue depuis 4 ans. Puis, il y a un retour 4 ans en arrière où elle fait sa dernière incursion dans la famille et cela ne se passe pas vraiment très bien pour elle.
Il est vrai qu’elle garde en elle les fantômes des enfants qu’elle n’a pas pu sauver et ceci n’est rien face aux caprices de sa fille adolescente. On ressent tout de suite un énorme décalage qu’elle n’arrivera pas à gérer convenablement.
A noter de beaux dessins tout en aquarelle qui colle parfaitement à ce genre d’histoire car cela lui confère une dimension particulière.
On ne ressort pas forcément très bien de cette lecture non pas qu’elle soit pénible. Il y a des bd qui font du bien et d’autres un peu moins.