A
près avoir raconté la vie de Glenn Gould, Sandrine Revel est de retour au pays de la feuille d’érable pour se pencher sur le destin de Tom Thomson, un peintre naturaliste associé au groupe des sept, un collectif d’artistes qui a fait entrer la peinture canadienne dans la modernité. Garde forestier, il est employé par le parc Algonquin, dans le sud de l’Ontario, là où il peint la majeure partie de son œuvre. Tout s’arrête abruptement lorsqu’il est victime d’un mystérieux accident de canot. L’affaire a rapidement été classée, elle reste toutefois suspecte.
Le scénario de Tom Thomson, une esquisse d’un printemps alterne entre deux époques. D’abord celle de la vie du protagoniste, qui est dévoilée à rebours, de sa mort à son enfance en passant par sa courte période de production artistique et son travail comme graphiste publicitaire. Comme c’est de coutume avec ce type d’ouvrage, le lecteur découvre la démarche du héros, ses motivations et ses inspirations. Ces segments sont fréquemment interrompus par la quête d’une bande d’aficionados qui, quarante années après le décès, tente de refaire l’enquête. La structure pourrait s’avérer complexe, l’auteure a cependant eu la gentillesse d’indiquer les dates et l’ensemble affiche une grande limpidité.
Sandrine Revel a beaucoup illustré de livres pour enfants (notamment la chouette série Un drôle d’ange gardien) et cela se ressent. Son trait présente une rondeur et une douceur, accentuée par un effet cendré qui atténue agréablement les teintes. De façon étonnante, quoique très réussie, la forêt est souvent représentée en noir et blanc alors que les autres éléments d’une même case, par exemple les personnages, sont en couleur. Sa représentation des arbres, par un jeu de hachures, se montre particulièrement intéressante. Le résultat a un peu l’allure d’un collage, comme si la bédéiste avait rassemblé différents motifs pour constituer ses vignettes. Les acteurs revêtent pour leur part un petit côté mécanique qui n’a rien de déplaisant. Le découpage demeure somme toute classique, généralement quatre bandes, accueillant deux cases de tailles égales, cela dit, la dessinatrice n’hésite pas à donner plus d’ampleur à certaines illustrations lorsqu’elle le juge nécessaire.
Un récit habile, à mi-chemin entre la biographie et le roman policier, soutenu par une approche graphique audacieuse. M. Thomson est certainement heureux du résultat.
Je ne connaissais pas du tout l'histoire, ni même l'existence de Tom Thomson qui est considéré comme l'un des plus grands peintres de la jeune nation canadienne. Bon, on est quand même assez loin du niveau de Dali, Picasso, Monet ou Léonard de Vinci mais tout de même.
La particularité est qu'il a fait une carrière de seulement cinq ans et cela a été plutôt assez fulgurant du fait de sa mort dans la région du lac Algonquin.
Il sera question d'une enquête pour nous préciser les raisons précises de son décès présumé accidentel. Il fut retrouvé dans le lac et on le pensait noyé mais il avait quand même une sacrée bosse au visage comme si on l'avait assommé avant de le plonger dans l'eau en abandonnant son corps.
Il n'est pas question essentiellement de son art où il aimait peindre des paysages canadiens en étant précurseur d'une certaine modernité. Non, on va vraiment se pencher sur les circonstances de sa mort à la manière d'une enquête policière. On se dit également que c'est dommage de connaître une telle fin alors que la reconnaissance en qualité d'artiste était en train de se réaliser.
La lecture de cette BD m'aura permis de faire un tour au niveau de l'art nouveau canadien. Cela éveille une certaine culture. C'est à la fois une biographie mais également un polar. Le dessin reste quand même assez austère. Encore une fois, cela colle bien avec cette tragédie.
Je dirai en conclusion qu'il faut choisir sa vocation entre peintre et garde forestier car on ne sort jamais indemne.
Tom Thomson est un peintre canadien du début du XXe siècle dont le travail prend ses racines dans l’art nouveau et le post-impressionnisme. Alternant des bribes de vie de l’artiste et l’enquête qu’un homme mène, 40 ans plus tard, sur les circonstances mystérieuses de sa mort, ce biopic original est aussi une ode à la nature. Remontant le temps de 1917, année de sa disparition, jusqu’à l’enfance de l’artiste, on découvre comment Tom Thomson s’est construit au fil des rencontres et des envies, comment sa passion a grandi jusqu’à occuper toute sa vie. Sa carrière aussi brillante que courte – 5 ans seulement - nous plonge au cœur du parc de l’Algonquin. Au fil de ses déplacements en canot, on s’enfonce dans une nature profonde et sauvage. Très beaux dessins, douceur des paysages et des couleurs, superbe atmosphère inspirée des tableaux de l’artiste mais au final, il manque quelque chose… Pas adhéré complètement mais belle découverte.