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liza ne supporte pas les entraves, d'aucune sorte. Avec son caractère bien trempé et ses besoins vitaux de liberté, elle est prise entre l'autorité percluse de traditionalisme de son grand-père, son idylle naissante pour un jeune natif de la plantation de canne à sucre familiale et son attirance mêlée d'admiration à l'égard de Volny, récent propriétaire devenu citoyen libre. En 1846, à Saint-Pierre de Martinique, l'esclavagisme jette ses dernières forces dans sa lutte contre la modernité et le changement des mentalités sur l'exploitation des êtres humains. L'adolescente espère de toutes ses forces y prendre part.
Stéphane Piatzszek, qui a notamment signé les scenarii de Commandant Achab et de La cour des miracles, propose une nouvelle saga exotique située dans une époque charnière de l'histoire des Droit de l'Homme. Au travers de plusieurs destins qui s'opposent et se complètent, il décrit ainsi les différentes visions et positions sur l'épineuse question de l'utilisation immorale de l'individu par ses congénères. Les péripéties et rebondissements, nombreux, assurent une lecture plaisante et attentive. Les portraits se révèlent relativement juste, sans exagération dans le pathos, la violence ou les prises de parti.
Le style de Gilles Mezzomo (Mexicana) rappelle celui de Frédéric Bihel (L'Or). De veine classique et réaliste, il ne prend pas de risque dans les cadrages et les angles de vue. Cependant, cette austérité apparente est en grande partie effacée par la colorisation vive et chaleureuse et la fluidité du rythme de lecture. Les panorama insulaires ne sont pas nombreux, mais transportent aisément dans des décors paradisiaques.
Les maîtres des îles s'avère être un premier tome qui ne manque pas d'atouts ni de charme, du fait de son contexte relativement intéressant et ses personnages attrayants, bien campés.
Avec Gilles Mezzomo aux crayons, je savais que seul le scénario pouvait pécher (pour moi), car j'aime beaucoup son style même s'il est peut-être un peu "ancienne école".
Et toujours, appuyé par le travail fantastique de la coloriste Céline Labriet (de belles couleurs, pas ou peu d'effets numériques).
Je n'ai pas été déçu, je reproche assez souvent (dans ma barbe) aux scénaristes de trop s'appuyer sur le travail des dessinateurs mais une BD est avant tout une histoire, avec de la lecture où une scénette ne doit pas tenir sur trois planches.
Ici, le scénariste a bien dosé, on a une belle histoire (ou triste, ou révoltante, à vous de choisir), nous ne sommes ni assommés de textes ou de long dialogues, ni passés par des planches vides contenant trois mots et deux onomatopée.
Je ne me suis pas ennuyé un instant, et surtout j'ai très envie de connaitre la suite.
Les personnages m'ont touché et c'est bien ce qui compte.
Avec une héroïne "héroïque", la situation pourrait sembler manichéenne au premier abord mais elle ne l'est pas tant que ça, le grand-père et la jeune fille n'ont pas été élevés dans les même conditions.
La jeune fille a grandi durant une période de troubles, de doutes, de changements, il semble presque normal qu'elle fasse preuve de rebellion. Elle et son grand-pêre se comportent exactement comme la société de leur époque respective.
Bref, pour moi la seule lecture du premier opus est un émerveillement.
Je n'ai voulu ni lire autre chose ni regarder un film le soir après la lecture. Je me suis plongé dans quelques articles sur cette période à la place...
Nous avons l'archétype de la jeune héroïne Eliza Huc qui vient de sortir de l'école des bonnes sœurs pour rejoindre la plantation familiale située en Martinique dans les Antilles en 1845 dans les pires moments de l'esclavage.
Il est question d'un monde en plein changement avec de nouvelles lois un peu plus protectrice pour les esclaves et l'industrialisation qui aura un effet sur les productions agricoles de l'île.
On va assister à des scènes assez cruelles qui démontrent que les propriétaires blancs n'étaient prêt à rien lâcher de leur pouvoir. Notre jeune héroïne qui a fleurté avec un black va l'apprendre à ses dépend. Le jeune esclave en question qui devait satisfaire les moindres caprices de sa maîtresse va en perdre la main au sens propre du terme.
J'avoue avoir eu un peu de mal avec ce graphisme que j'ai trouvé un peu vieillot et trop classique mais c'est une affaire de goût tout simplement. Il faut s'y habituer.
Au final, c'est une véritable saga historique et familiale, sociale et politique, ayant pour cadre la Martinique ainsi que les plantations de canne à sucre. Pour mémoire, les esclaves se sont soulevés sans attendre le décret de 1848 proclamant la fin de l'esclavage. Bref, cela va être la fin des maîtres des îles pour notre plus grand bonheur.