A
près avoir échappé à leurs poursuivants russes en leur subtilisant un side-car, Buck Danny, Jerry Tumbler et Sonny Tuckson tombent dans la Spree. Ils sont recueillis par le capitaine d’une péniche, proaméricain, qui s’engage à les mener jusqu’à Berlin. Leur mission : faire passer à l'ouest les microfilms d’un prototype soviétique, dont les performances technologiques, utilisées à mauvais escient, pourraient déclencher la troisième Guerre Mondiale. Mais le célèbre colonel de l’US Air Force veut aller plus loin. Laissant ses deux compagnons rejoindre la capitale allemande, il part de son côté vers la base où se trouvent les deux exemplaires du convoité Tsybin, dans l’intention de les détruire. Simultanément, à Glendale, en Californie, des espions de l’armée rouge tentent d’obtenir des renseignements sur le Blackbird, avion furtif nouvellement mis au point par les États-Unis.
L’action d’Alerte rouge, deuxième partie d’un diptyque commencé avec Opération rideau de fer (2018), se passe en 1961, en pleine Guerre froide, qui voit une de ses crises majeures provoquer la construction du mur de la honte. Tensions géopolitiques, ambitions individuelles, vengeances personnelles, alliances et trahisons font le décor de ce cycle. La Stasi, Cuba, les spectres de Kennedy et Khrouchtchev sont autant d’acteurs de l’ombre tirant des ficelles à l’agencement changeant.
La série Buck Danny, créée en 1947 par Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon, compte aujourd’hui cinquante-six albums. En 2014, à l’instar de ce que Dargaud fit avec Tanguy et Laverdure, Dupuis lança la collection « classic », ayant pour objet de produire des aventures prenant corps dans le passé glorieux des héros. La démarche permet d’exploiter des filons historiques inédits, d’opérer des retours de personnages crédibles (ici apparaissent Slim Holden et Lady X), tout en étant fidèle à l’esprit de la saga.
Frédéric Zumbiehl, ancien pilote et imminent spécialiste d’aéronautique (Tanguy et Laverdure, Team Rafale) et Frédéric Marniquet (Les Aventures de Jack Bishop, Les Archives secrètes de Sherlock Holmes) orchestrent et achèvent parfaitement cette aventure menée tambour battant. Le rythme est haletant, l’arrière-plan historique est respecté, la précision du détail est jubilatoire et l’humour ponctue l’ensemble avec à-propos. De son côté, Jean-Michel Arroyo fait honneur au trait de Hubinon, tout en étant dans l’esthétique de son temps. Ses paysages, urbains ou champêtres, ravissent le regard et le franchissement de Mach 2 par ses appareils secoue les planches. Le travail de mise en couleur de Ketty Formaggio mérite d’être également mentionné, particulièrement dans le rendu des atmosphères nocturnes.
Le débat sur ces reprises, suites, hommages ou spin-off ne sera jamais clos. Un puriste restera par définition obtus. Néanmoins, il ne sera jamais honteux de proposer au public une bonne bande dessinée, qui n’a rien à se reprocher sur le fond ou sur la forme. C’est le cas avec Alerte rouge. Le lecteur ne doit pas bouder son plaisir, car c’est bien de cela dont il s’agit.
Cette seconde partie se tient bien. Je n'ai pas été autant emballé que pour la première partie du diptyque, qui nous proposait quelque chose de vraiment unique en terme d'intrigue, d'atmosphère, mais je dois reconnaître que cet album se perçoit comme une réussite. Les ingrédients qui ont fait le succès du premier sont bien repris, à savoir ce mélange entre récit d'espionnage et d'aviation. Le dessin se tient encore une fois, mais tout va peut-être un peu trop vite dans cet album, d'autant qu'il est dur de suivre une intrigue se déroulant dans trois espaces différents. Néanmoins, cet album se tient, donc cette série est à suivre.
Cette deuxième partie du cycle « Guerre froide » est un ton en dessous de la première partie. Nous sommes toujours dans l’excellence mais « Opération rideau de fer » était d’un tel niveau dans sa conception qu’il aurait fallut sortir un chef d’œuvre pour faire mieux. Je ne sais quoi dire de plus sur ces « Buck Danny » version « Classic » sans me répéter. Messieurs les auteurs, merci de nous faire encore de nombreuses histoires en deux volumes avec cette qualité qui caractérise si bien votre « Buck Danny ». (4,5/5)
Contrairement à ce qu'annonce la couverture de cet album, l'intrigue s'apparente plus à un récit d'espionnage ,sur fond de guerre froide, qu'à un récit d'aviation..
Il faut en effet attendre le dernier tiers de l'album pour découvrir des scènes aériennes.
Sinon, le scénario est classique , voire un peu trop prévisible avec malheureusement une lady X pas aussi présente que ne l'augurait le premier album de ce diptyque.
Pendant que Sonny & Tum essaient de passer le mur de Berlin, nous suivons Buck Danny en Union Soviétique à la recherche d'un avion soviétique, à la manière d'un Clint Eastwood dans "Firefox,l'arme absolue". Peut-être que le fait de suivre trois aventures parallèles sur trois pays différents (RDA, URSS et Etats Unis) casse un peu le rythme de lecture et empêche d'avoir une intrigue plus fouillée.
Le dessin de Jean Michel Arroyo est en parfaite adéquation avec le côté rétro des aventures de Buck Danny "classic" mais j'ai cru lire que le trio d'auteurs "Arroyo, Marniquet et Zumbiehl" n'étaient pas reconduits pour le prochain album.
Dommage, car j'ai pris un grand plaisir à lire les six albums que composent cette série.