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aris, 1750. Dans les salons progressistes, Diderot, D’Alembert, Buffon, le baron d’Holbach et quelques autres discutent et travaillent à leur grande œuvre : L’Encyclopédie. Outil de savoir et, donc, de libération du peuple, ce projet inquiète du côté du pouvoir et de l’Église. Suffisamment pour que des mesures extrêmes soient envisagées ? Certains, comme les « Croisés », une société secrète d’obédience catholique, oseraient-ils passer aux actes et éliminer ces dangereux penseurs ? Mieux vaut ne pas traîner trop tard dans les rues de la Capitale...
José A. Pérez Ledo a rassemblé un casting de rêve – les Lumières avec même une apparition exceptionnelle de Jean-Jacques Rousseau – pour imaginer Les Encyclopédistes. Polar historique dans la lignée des livres d’Arturo Pérez-Reverte, le scénariste se sert habilement de son cadre général et y glisse une intrigue policière quasiment « hardboiled ». La distribution parle d’elle-même et le judicieux ajout de la jeune Marie – dessinatrice engagée pour illustrer certains articles – apporte un (très) petit côté actuel à la narration. Malheureusement, Pérez Ledo perd assez rapidement le fil de son affaire. La greffe entre l’enquête proprement dite et les débats philosophiques ne prend jamais. Les scènes se succèdent sans se répondre et les personnages, comme le sous-utilisé commissaire, apparaissent et disparaissent sans trop de logique apparente. Les morts tombent, les acteurs réagissent vaguement, tandis que le pauvre Diderot court à gauche et à droite pour tenter de mettre un terme à ces meurtres. L’ouvrage ne fait guère honneur à son formidable matériel de départ et sa lecture se montre guère enthousiasmante.
Le découpage serré pratiquement uniquement centré sur les protagonistes rend la tâche délicate à Alex Orbe. Ce dernier s’en sort plutôt bien, les costumes et les intérieurs sont fidèlement retranscrits. Par contre, les planches, déjà écrasées par une mise en couleurs très lourde, manquent drastiquement de respiration et de nuance. Les passages dans les catacombes ne sont pas plus étouffants que les couloirs de Versailles ! Sans être rédhibitoires, ces défauts s’ajoutent à un récit déjà peu prenant. Résultat, le travail pourtant élégant du dessinateur peine à ressortir.
Finalement très convenu malgré des prémices prometteurs, Les Encyclopédistes rate le coche. Trop brillants, trop imposants, les inventeurs de la démocratie moderne et des révolutions à venir auraient mérité un challenge plus ambitieux.
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