V
otre mission, si vous l'acceptez, consiste à récupérer l'arme biologique qui a provoqué la destruction du Japon il y a deux-cent-soixante ans, avec les autres condamnés à mort dont vous faites partie. Cependant, l'enjeu est collectif, mais la victoire est individuelle. En conséquence, la libération sera accordée à l'unique gagnant. Attention, vos ennemis seront multiples : les forces étrangères en compétition, les radiations et surtout, l'imprévisible...
Fan de «survival», réjouissez-vous ! Ippatu démarre fort avec ce premier tome efficace mêlant classicisme et originalité. Les éléments de base sont présents : un sombre héros au passé encore peu dévoilé, plongé dans une situation propice à l'inattendu et aux dangers. Il en vient à côtoyer un étrange allié aux pieds d'oiseau, féminin et féerique. Certes, rien de vraiment compliqué niveau scénario pour le moment, mais cette entré en matière met l'eau à la bouche, car l'atmosphère s'avère remarquablement bien rendue et le suspense épais. Le dosage entre action et scènes plus calmes est équilibré, le manga se savoure aisément.
Le style graphique de l'auteur se rapproche beaucoup de celui de Akio Tanaka, le dessinateur de Coq de combat. En parfaite adéquation avec le thème, l'encrage fin et le travail de trame génèrent une ambiance oppressante qui sait se libérer dans l'action et le mouvement pour donner cet aspect plus violent et sauvage. Côté protagonistes et bestiaire, l'inventivité et le réalisme sont au rendez-vous.
Débuts très prometteurs pour Tsugumi project, série qui rend hommage au genre post-apocalyptique grâce à des personnages charismatiques et mystérieux, ainsi qu'à une intrigue généreuse en matière d'imprévu.
Démarrant rarement une nouvelle série avant sa clôture (j'évite les longues séries Manga), je me suis néanmoins laissé tenter par ce Tsugumi project à la couverture très réussie et intrigante. A lire l'interview de fin de volume il semble que ce soit une création originale en première édition chez Ki-oon, ce qui confirme le poids du marché français dans le Manga: si des auteurs hexagonaux commencent à être traduits au Japon (après l'expérience malheureuse de Jean Giraud avec Taniguchi sur ICARE), des orientaux font le choix de publications hors de leur pays d'origine. Tsugumi a beaucoup d'atouts, à commencer par son originalité, avec un concept post-apo classique (une arme terrifiante doit être ramenée du Japon dévasté par un commando après deux-cent ans d'une guerre nucléaire) qui vire très vite au survival avec un univers peuplé de créatures mystérieuses, à commencer par cette jeune fille aux pattes d'oiseau. Cela aurait pu être totalement WTF mais dans un univers graphique sombre, fouillé, ça passe totalement. L'auteur dont c'est un des premiers manga solo reconnaît son perfectionnisme qui se voit sur des planches de cité dévastée et réoccupée par la nature. C'est beau, très beau et ce premier volume se lit avec grand plaisir comme une mise en place d'une série que l'on imagine relativement courte. Tsugumi project apporte suffisamment d'originalité pour donner envie de continuer et constitue une réussite pour cette introduction.
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