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Conan le Cimmérien 6. Chimères de fer dans la clarté lunaire

01/07/2019 4088 visiteurs 6.0/10 (2 notes)

U ne vengeance à assouvir, une femme à sauver et des ennemis à massacrer… La vie quoi !

Sixième volet de la saga du Cimmérien chez Glénat, avec dans le rôle-titre de Chimères de fer dans la clarté lunaire , la belle et fort peu vêtue Olivia.

Il faut être costaude pour s’attaquer seule à un monument de l’heroic fantasy, alors que d’autres ne s’y risquent qu’en bande. Mais la peur n’évitant pas le danger, Virginie Augustin s’élance sur la mer de Vilayet avec la foi de la conquérante.

Tout est parfaitement en place, un dessin soigné et expressif, des rebondissements en nombre, une mise en couleurs qui distille les différentes ambiances comme il faut... Cependant, au final, il manque quelque chose pour faire basculer le récit dans l’épique et l’homérique, dans un registre véritablement héroïque et fantastique. À l’évidence Virginie Augustin, tout en respectant la lettre et l'esprit de la nouvelle de Robert E. Howard est cependant restée dans sa zone de confort sans vraiment lâcher les chevaux !

Si l’exaltation manque au rendez-vous, il ne faut pourtant pas sous-estimer le travail réalisé par l'autrice catovienne, et savoir apprécier les add-on qui recontextualisent l'album et viennent enrichir ces escapades franco-belges sur les terres de prédilection du comics.

Par S. Salin
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

Conan le Cimmérien
6. Chimères de fer dans la clarté lunaire

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 15/03/2021 à 07:58:54

    J'ose le dire, c'est pour moi l'un des meilleures de cette nouvelle collection consacrée à Conan le Cimmérien (ce qui n'est pas la même chose qu'un barbare).
    Virginie Augustin (dessinatrice de la fameuse série Alim le tanneur) est une auteure complète qui livre une très belle prestation de l'adaptation de Conan. C'est toujours intéressant d'avoir une vision féminine de ce personnage mythique.

    Conan devient le protecteur d'une jolie demoiselle en détresse qui a été obligée de s'évader de la compagnie du souverain d'un royaume auquel elle a été vendue malgré son statut de princesse d'Ophir. Bref, ils sont tout deux obligés de fuir les hyrkaniens qui ne leur veulent pas du bien. Ils vont se retrouver sur une étrange île dans une mer intérieure à la découverte de ruines et de statues assez étranges.

    Il y aura beaucoup d'ennemis entre les hyrkaniens, les pirates, les statues de fer totalement horrifiantes ou encore le monstre à la King Kong qui rode sur l'île. Notre héros aura fort à faire.

    Au niveau de ce que je n'ai pas apprécié : le fait de désigner des villes ou des endroits qui ne figurent pas sur la carte du monde de Conan qui nous est présenté à chaque volume. Par ailleurs, on n'en saura pas plus sur ces fameuses statues et ce visiteur venu de l'espace. J'aurais aimé avoir un peu plus d'explications. Malheureusement, c'est orienté sur l'action et l'aventure.

    J'ai beaucoup aimé le graphisme qui donne des décors absolument magnifiques du marais, de la jungle, de l'île, des ruines. C'est un plaisir pour la lecture. Pour moi, il s'agit de la meilleure dessinatrice de la série tout entière. C'est dire !

    En conclusion, encore une très belle aventure de Conan à découvrir.

    bd.otaku Le 28/10/2019 à 09:43:44

    Dans les marécages d’Hyrkanie, Olivia tente d’échapper au cruel Shah Amurath qui la traque. C’est une princesse du royaume d’Ophir qui lui a été vendue comme esclave par son propre père parce qu’elle avait osé refuser un mariage arrangé. Elle s’est enfuie du palais du dictateur où elle a subi de nombreux sévices. Au moment où elle s’apprête à être reprise, Conan surgit. C’est le seul rescapé des Kozakis massacrés par ce même Shah Amurath. Le Cimmérien tue ce dernier et venge ainsi son peuple tout en sauvant Olivia. Elle décide de le suivre, malgré la crainte qu’il lui inspire, et ils naviguent sur la mer de Vilayet. Ils accostent sur une île accueillante au premier abord … au premier abord seulement …

    Dans la postface réservée à la première édition, Patrice Louinet (le spécialiste mondial de Robert E Howard) nous apprend que cette nouvelle a été écrite dans un but alimentaire parce les revues telles Weird Tales où paraissaient les œuvres d’Howard ont été sévèrement touchées par la crise de 1929 et que, pour avoir une chance d’attirer le chaland, on avait intérêt à mettre en scène des personnages féminins aussi peu vêtus que le permettait la censure et magnifiquement illustrés en couverture des magazines par la nouvelle recrue du magazine pulp : Margaret Brundage.

    Howard reprend donc « une recette » éprouvée : celle de la jeune donzelle en détresse sauvée par l’« Homme » (avec un H majuscule) ! Il ajoute, pour faire bonne mesure, trois dangers qui guettent le couple de héros : des pirates, des créatures surnaturelles et enfin un singe géant… On pourrait justement s’interroger sur la qualité de cette accumulation - très loin de faire l’unanimité chez les fans du nouvelliste - et se demander alors ce qui a bien pu motiver le choix de ce texte par Virginie Augustin pour son adaptation…

    La réponse est assez simple en fait : Chimères de fer dans la clarté lunaire est un « concentré » de Conan. Or, l’autrice s’est elle-même portée candidate pour participer à la série « Conan le Cimmérien » chez Glénat. Elle voulait réaliser « un rêve de petite fille » parce qu’elle aimait l’héroic fantasy et avait été nourrie aux dessins animés « Conan » et aux illustrations du Cimmérien réalisées en leurs temps par Barry Windsor Smith, Buscema ou encore Frazetta. Dans ce sixième volume, elle œuvre pour la première fois (de la série et de son œuvre à elle !) seule aux commandes au scénario, au dessin et à la couleur. Et elle s’en tire haut la main !

    Elle reprend les codes graphiques de ses prestigieux aînés en accentuant presque les stéréotypes : Conan a un physique parfois néanderthalien, une musculature hyperbolique et s’exprime souvent par simples onomatopées (« crom » !) ; la tenue d’Olivia, extrêmement vaporeuse et échancrée, ainsi que sa plastique savamment détaillée sous tous les angles… ne laisse ni l’homme, ni la bête, ni le lecteur indifférents !

    Si elle sacrifie à ces codes graphiques, Virginie Augustin, rend pourtant ses héros plus complexes : Conan se comporte de façon beaucoup plus civilisée que le « raffiné » et déviant Shah Amurath ou que le père de la princesse qui a vendu sa fille : le plus barbare n’est donc pas celui qu’on pense … Comme dans « Alim le Tanneur » on a ainsi une mise en question de la notion de barbarie et de civilisation. La scène orgiaque au palais d’Amurath dans les tons rouges orangés fait écho au massacre des Kozakis dans ses tonalités. Ce choix de couleurs qui s’oppose aux verts de la jungle et aux noirs des passages fantastiques permet de dresser un parallèle : les femmes sont victimes au même titre que les combattants.

    De même, l’autrice des féministes « Monsieur désire » et « 40 éléphants » ne se contente pas de faire de son héroïne une simple potiche. Olivia évolue puisque de secourue, au début du récit, elle devient celle qui sauve et qui choisit d’accompagner Conan dans ses aventures au dénouement. On pourra objecter que c’était déjà dans la nouvelle mais les relations entre les personnages semblent avoir été bien dépoussiérées ! En effet, le personnage le plus dénudé dans l’album est finalement …Conan lui-même ! Il est observé, dans un renversement de perspective, au bain par l’héroïne qui s’attarde « en caméra subjective » sur le fessier du Cimmérien ! Et c’est d’ailleurs par le jeu des regards dans des pages muettes, par les contre champs et par les changements de points de vue que l’autrice met à jour de façon très subtile la tension érotique régnant entre les deux protagonistes et une certaine égalité…

    Enfin, Virginie Augustin est aussi une grande amatrice de Lovecraft avec qui Howard entretint une correspondance assidue. Elle réussit dans son album à transmettre, dans la partie fantastique, le même sentiment de malaise, d’angoisse et même de peur qu’on trouve chez l’auteur de « l’Appel de Cthulhu » grâce à un découpage innovant et rythmé avec des cases qui se chevauchent, se superposent, et des incrustations au sein de superbes pleines pages. Quand elle évoque les créatures maléfiques et le flashback de l’éphèbe divin, l’atmosphère onirique et délétère est rendue par une magnifique utilisation de la bichromie et des lumières ainsi que par des noirs qui envahissent la page.

    On peut ainsi dire que l’adaptation de « Chimères de fer sous la clarté lunaire » n’est pas une simple œuvre de commande mais bien un hommage aux illustrateurs de l’enfance de Virginie Augustin et une revisitation du mythe qui fait d’une nouvelle mineure une œuvre plus complexe et personnelle. On regrettera simplement peut être un dénouement un peu précipité …

    kingtoof Le 01/07/2019 à 13:30:25

    Je pense qu'il faut être fan de Conan pour apprécier cette série et d'autant plus cet album !
    Le scénario et les dialogues sont simplistes.
    C'est du Howard tout craché avec un côté ésotérique et onirique.
    J'ai tout de même apprécié cet album, qui se lit cependant très vite.

    Shaddam4 Le 26/06/2019 à 11:35:42

    A chacun des albums de la (plutôt très intéressante) collection Conan le cimmerien j’hésite longuement entre les deux versions proposées. Je possède la NB grand format de La fille du géant de gel qui est vraiment superbe, tant par le format, papier utilisé que par le rendu graphique des planches non colorisées… mais n’a que peu de bonus (quelques illustrations additionnelles et aucun rédactionnel). La version couleur de Toulhoat et Brugeas et celle-ci de la très douée Virginie Augustin (dessinatrice d’une des meilleurs séries de ces dernières années, Alim le Tanneur avec Lupano) comporte un très intéressant texte explicatif sur la nouvelle qui sert de matériau de base à l’album et permet d’apprendre pas mal de choses sur l’auteur Robert E. Howard. Quelques illustrations d’autres dessinateurs complètent le cahier bonus. Tip-top donc question édition, juste étonnant que Glénat ne propose pas le même contenu sur la version de luxe. Enfin, malheureusement, la couverture ne rend vraiment pas hommage à la qualité graphique d’Augustin sur cet album. C’est étonnant et vraiment dommage…

    Cet album est celui que j’attendais le plus depuis le lancement de la série. J’ai gardé un excellent souvenir d’Alim le tanneur, non que le style d‘Augustin soit absolument original, mais il se dégage de ses dessins un mouvement, une ambiance vraiment particulière. Il me semble qu’il s’agit en outre du premier album en solo de l’autrice et je dois dire qu’elle s’en sort remarquablement bien. L’adaptation des nouvelles Conan ne vise pas à révolutionner le scénario de BD. Il s’agit surtout d’une vision graphique d’auteurs confirmés et sur ce plan Augustin parvient à insuffler un esprit féministe très intéressant dans ce monde barbare où le Conan classique avec son slip de peau est conservé, pour mon plus grand plaisir (je suis un enfant de Conan le barbare, le film de John Milius!).

    Dès les toutes premières pages la sauvagerie du cimmérien s’illustre, taillant en morceau le poursuivant de la donzelle. Si l’on ne voit que très subrepticement les palais des Hyrkaniens on en regretterait presque que l’autrice ne s’attarde pas plus sur cet univers des mille et une nuits où son dessin prends toute sa force en des matières subtiles. Mais le sujet est autre, fait d’île tropicale devant servir de piège pour les deux fuyards, en migrant vers l’univers de la piraterie que nous laisse deviner la conclusion très alléchante… mais que l’on ne verra jamais. Car on touche là une des limites de cette série, son format, variable selon les auteurs mais relativement proche d’un format classique de 46 planches… ce qui est trop peu pour pouvoir donner toute l’ampleur d’une histoire sauvage en one-shot. Il nous faut donc prendre ce que l’on nous offre avec ce petit regret.

    Si la physionomie du barbare semble au début hésiter avec une étonnante gueule carrée presque néandertalienne (les croquis finaux nous montre les différentes versions), la subtilité du personnage surprend, lorsque la fille, incarnation de la faiblesse, craint de se faire viol(ent)er par lui. L’homme armé de son épée est sans peur dans l’espace ouvert de la forêt et y protège la fille. Dès qu’ils pénètrent dans l’étrange temple aux statues de fer le caractère féminin, perméable aux esprits, se connecte avec l’histoire du lieu pour avertir l’homme du danger. On aurait encore une fois aimé que soit poussée cette relation et l’histoire du personnage lumineux, mais il n’y avait pas la place. Cela permet cependant de garder cette part inquiétante que produit le genre fantastique, le lecteur ne sachant jamais le pourquoi du comment. L’équilibre est du reste parfait entre combats hargneux, début d’intrigue et pauses contemplatives sur les paysages luxuriants magnifiquement colorisés par Virginie Augustin. Tout est juste dans cet album, des dessins au découpage qui se permet quelques superbes pleines pages, dont cette séquence de massacre rouge remarquablement construite.

    Un peu de frustration donc, avec une histoire qui se rapproche un peu du Colosse Noir, avec sa magie et sa relation homme/femme, les deux auteurs de celui-ci ayant pris quelques pages de plus pour finaliser une histoire qui s’avère ainsi plus confortable. Mais Virginie Augustin nous propose ce que l’on attend, une vraie histoire de Conan que l’on aurait très sérieusement envie de voir continuer ses aventures sur la mer intérieure. Pour ma part j’ai commencé à lister les albums d’Augustin que je n’ai pas encore lus avec une grande envie de rattraper mon retard! Et cet automne la version de Vatine et Cassegrain arrive alors que 2020 prépare du très lourd avec rien de moins que Valentin Sécher, Timothée Montaigne et Stepan Sejic…

    Lire sur le blog:
    https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/06/26/conan-chimeres-de-fer-dans-la-clarte-lunaire/

    kurdy1207 Le 17/06/2019 à 08:42:09

    Très bon album de « Conan le Cimmérien » où le côté intransigeant du personnage semble moins perceptible. Il est dans la gestion et la protection d’Olivia la jeune princesse à laquelle il a porté secours.

    Notre couple, très hétéroclite, se retrouve sur une île qui semble déserte mais va devoir faire face à trois dangers, un temple avec des statues terrifiantes, des pirates et une surprise à découvrir pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance de lire ce tome.

    Virginie Augustin maîtrise son sujet autant sur le scénario, qui peut paraître simpliste de prime abord, que sur le dessin et les couleurs. Du très bel ouvrage qui place ce « Chimères de fer dans la clarté lunaire » au même niveau que « Au-delà de la rivière noire ».