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n 1936, Haru quitte Nagasaki pour Shanghaï, où son père a été envoyé. Impressionnée par la ville cosmopolite, elle peine d’abord à s’adapter et ne cesse de pleurer. Sa rencontre impromptue avec un garçon chinois mystérieux la tire de sa mélancolie. Fascinée et curieuse, la fillette ne tarde pas à se lier d’amitié avec Xing et le suit bientôt à travers les rues animées, allant d’un émerveillement à l’autre. Pourtant, tout n’est pas rose et la réalité des antagonismes entre les communautés japonaise et autochtone va s’inviter dans ces excursions.
Dans Un pont entre les étoiles, Kyukkyupon choisit de raconter l’histoire d’une amitié naissante entre deux enfants d’origines sociales et culturelles différentes. La mangaka plante son décor dans l’immense port de Shanghai, où les puissances européennes et le voisin nippon ont colonisé d’importantes concessions. Si certains aspects ne sont pas sans rappeler l'excellente Balade de Yaya, le présent récit débute, lui, un an avant l’invasion de l’ancien Empire du Milieu par le Japon et distille par touches opportunes la réalité d’inimitiés qui vont croissantes. Cependant, il met d’abord l’accent sur la découverte par la petite héroïne expatriée de son nouvel environnement que la présence de Xing rend enthousiasmant. La paire, bien assortie, se révèle attachante et leurs échanges, rendus difficiles par la méconnaissance de la langue de l’autre, ne manquent pas de faire sourire, d’autant que certains quiproquos sont assez cocasses. De plus, la promenade à travers les rues constitue, en elle-même, un véritable intérêt et offre un beau tableau du quotidien shanghaïen, côté autochtone du moins. Dans le dernier tiers de l’album, le ton s’assombrit quelque peu, tandis que la relation touchante née entre les jeunes héros gagne en épaisseur, en plus d’avoir été mise à l’épreuve.
Pour la forme, le dessin s’avère être de belle facture. Expressif, il insuffle vie et énergie au duo enfantin dont les bouilles passent par tout un panel d’émotions authentiques. En parallèle, l’auteure offre des vues très réussies de la ville, que ce soit à travers un plan de celle-ci, les croquis de Xing ou quelques panoramas urbains, et livre un travail soigné par rapport aux décors et aux ambiances qui se dégagent des trames et du recours aux hachures. Enfin, le découpage et les cadrages variés assurent une bonne lisibilité.
Ce tome initial d’Un pont entre les étoiles constitue un agréable moment de lecture et promet d’intéressants développements dans les trois volumes à venir.
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