K
enton a toujours un problème avec la hiérarchie et ce n'est pas le jour où il doit passer l'épreuve de la Voie qui va changer les choses. Contre l'avis de son père, qui dirige l'ordre et l'en pense incapable, il tente l'épreuve et la réussit. Mais sa joie est de courte durée, lors de la cérémonie d'intronisation des nouveaux « Mastrell », les siens sont attaqués et décimés. Seul, déboussolé, il n'a pas le temps de cogiter, des voyageurs venus du côté sombre de son monde le récupèrent et lui demandent son aide pour traverser son territoire, le désert. Le début d'un long périple pour faire la lumière sur les événements récents et aller à la recherche de potentiels survivants.
Brandon Sanderson n'est plus à présenter pour les férus de littérature fantasy. En plus d'avoir repris l'écriture de la série de romans La Roue du temps de Robert Jordan, l'écrivain est à l'origine d'une œuvre prolifique. Whitesand, prévue en trois tomes et éditée par Dynamite outre-Atlantique, vient compléter et enrichir l'univers qui sert de cadre à ses livres, le Cosmere, et représente sa première incursion dans le neuvième art. Pour l'aider dans son entreprise, le romancier s'est attaché les services de Rik Hoskin (Star Wars - The Clone Wars) au scénario, Julius Gopez au dessin et Ross Campbell à la couleur.
Dès les premières pages, la patte de l'auteur de Fils-des-brumes est présente. Magie, société à l'organisation établie et héros d'emblée attachant. En plus des tourments auxquels ce dernier est en proie et notamment sa relation tumultueuse avec son père, l'équilibre de son existence est très vite rompu. Le talent de Julius Gopez est mis à contribution et la générosité dont il fait preuve dans les décors - un comble dans le désert ! -, le nombre de personnages et leurs tenues impressionne. À l'image de l'univers dépeint, son travail est dense et regorge de détails que la colorisation de Ross Campbell met en valeur.
Cette ambition n'est pas gratuite, en plus de poser le contexte et de belles ambiances, le graphisme donne de l'ampleur à une histoire qui démarre pourtant fort. En optant pour un découpage oblique et une mise en page éclatée, le dessinateur accentue le dynamisme d'une intrigue qui, même si elle n'en est qu'à ses débuts, ne traîne pas. Malgré l'introduction abrupte des chasseurs de prime, l'intérêt ne faiblit pas. Au fur et à mesure que les pensionnaires du monde de l'ombre, et le lecteur avec eux, progressent dans ces contrées et en découvrent les rouages, la tension s'accroît. Mais force est de constater que la lisibilité laisse à désirer. Entre le recours systématique à une narration en voix off, pas toujours judicieuse, un sens de lecture parfois ambigu (au point d'avoir recours plusieurs fois à un fléchage) et des visages (Kenton et Drile essentiellement) trop semblables pour être identifiés au premier coup d'œil, le plaisir est quelque peu gâché.
Ouverture au potentiel indéniable, ce premier volume de White Sand montre néanmoins de petits défauts de fluidité à gommer pour laisser le charme agir et profiter pleinement des deux prochains opus.
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