A
près la famille, l’amour, la guerre et quelques autres sujets de société, Bastien Vivès a décidé de s’intéresser aux choses vraiment sérieuses : le football. Avec soixante-dix millions de sélectionneurs et une coupe du monde toute neuve, la France des cafés du Commerce et du forum de L’Équipe est devenue l’épicentre du ballon rond. L’auteur de Petit Paul a mené une longue enquête et livre ses conclusions dans un ouvrage choc et sans concession.
Vivès a pioché ici et là des propos de spécialistes, de commentateurs sportifs ou de simples amateurs. Après une petite digestion à sa manière, il en a tiré une série de scénettes décalées et souvent désopilantes. Sans jamais être frontalement méchant ou méprisant, il se moque des us et coutumes de cet univers, tout en pointant clairement du doigt les excès et le cynisme engendrés par le foot-business. De la division d’honneur à l’UEFA Champion’s Cup©, personne n’échappe à sa plume acérée. Il ne lui reste qu’à prier que les ultras des clubs de ce monde ne se montreront pas trop impitoyables avec lui pour avoir ainsi brocardé leur passion.
Plus proche de Fabcaro que de Guillaume Bouzard, le dessinateur impose son style pressé et minimaliste. Le trait va à l’essentiel et laisse le superflu à l’imagination du lecteur. Le résultat est direct et efficace. Les plus observateurs pourront déceler un usage fréquent de la photocopie dans certaines vignettes. Alors que ce procédé pourrait suggérer la tromperie, il souligne plutôt le côté artificiel, voire surréel, dans lesquels joueurs et dirigeants baignent à longueur de journée.
Volonté sincère de comprendre ce sain exercice et ses adeptes, un peu de facilité (aidée il est vrai par les « analyses » répétées ad nauseam après chaque passe ratée ou réussie d’une star des surfaces de réparation), ainsi que beaucoup de réalisme et de recul sur ce qui ne devrait rester qu’un jeu, Le football offre un regard original et grinçant à propos du sport le plus pratiqué sur la planète.
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