E
lisabeth. Rae. Tant de choses les rapprochent… sauf une ! Là est toute leur différence.
Tillie Walden fait figure d’enfant prodige de la BD puisqu’après avoir été double récipiendaire des Ignatz Awards en 2016 (« Outstanding Artist » pour The End of Summer et « Promising New Talent » pour I Love this Part), elle reçoit en 2018, à 22 ans, l’Eisner dans la catégorie « Best Reality-Based Work » pour Spinning ! Aujourd’hui, voici qu’elle traverse à nouveau l’Atlantique avec la version française de son second album J’adore ce passage, édité en 2015 chez Avery Hill Publishing.
La surprise passée de ne trouver qu’une case par page, les 72 planches se lisent sans effort… un peu trop même ! Compilés dans une temporalité indéterminée, ces arrêts sur image colorés de noir et de mauve ne constituent finalement que la partie émergée d’un iceberg : celui des sentiments d’une Elisabeth visiblement autobiographique. Car, au-delà de la spontanéité désarmante du graphisme de la jeune Texane (alors âgée de 19 ans), se cache une propension à faire émerger les émotions de l’adolescence avec simplicité et sincérité. Alors, effectivement, il ne se passe pas grand-chose dans cet album, mais l’important semble devoir être ailleurs… dans les silences qui séparent chaque dessin.
Œuvre de jeunesse et de premières expériences, J’adore ce passage fait cependant preuve d’une certaine maîtrise de la narration confirmant la précosité de Tillie Walden. Reste à savoir si cette dernière saura sortir de ce qui semble être sa zone de confort pour explorer d’autres registres.
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