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armi les personnalités qui ont forgé le destin politique de la France, Robespierre en est une qui ne fait pas l’unanimité, voire qui suscite toujours la polémique. Doit-on retenir le défenseur de la veuve et de l’orphelin, le porte-parole du peuple et l’opposant à la peine de mort ? Ou l’idéologue borné, le paranoïaque excessif et l’instigateur de la Terreur ? C’est un itinéraire empli de contradictions que retracent Bernard Swysen (Victor Hugo) au scénario et Philippe Bercovici (Les Femmes en blanc) au dessin, dans le cadre de la série La véritable histoire vraie.
Maximilien Robespierre naît en 1758 en Artois. À la mort de sa mère, son père disparaît. Brillant élève, lecteur de Jean-Jacques Rousseau, il s’implique dans l’installation de paratonnerres, tente de lutter contre les superstitions et devient avocat. Il combat l’Église qui couvre les méfaits de ses moines et se montre réticent à la condamnation à mort, pourtant fréquemment utilisée. Il voudrait que les lois s’appliquent à tous. Son altruisme s’accompagne cependant d’un amour-propre démesuré, qui ne le rend pas sympathique. Le 5 mai 1789, lors de l’ouverture des États Généraux, il est député. Aux côtés de Desmoulins, Mirabeau, Saint-Just et de bien d’autres, il commence à ébranler la monarchie. Au lendemain de la prise de la Bastille, il justifie le sang versé par la justice de la cause.
L’album suit deux axes majeurs. D’abord celui de la justesse historique. Le récit repose sur des faits et épisodes avérés et les dialogues empruntent l’essentiel de leur substance aux nombreux discours-fleuves du fameux orateur. Cette caution est donnée par la préface de l’historien Patrice Guéniffey. Par ailleurs, la narration s’accompagne d’une légèreté de bon aloi et d’un humour constant. Swysen trouve le point d’équilibre entre la véracité des événements et un décalage constant fait de caricatures, de jeux de mots et de double sens à la Goscinny. La bêtise de Louis XVI pendant toutes ces années ou l’épisode du calendrier républicain en sont des éléments particulièrement désopilants. L’austérité du personnage est contrebalancée par le ton de l’approche, sans trahir le sérieux de la démarche.
L’option choisie était risquée, mais les auteurs s’en sortent avec les honneurs. La trajectoire du personnage se déroule jusqu’au moment où il semble extrait de lui-même par les événements. Cette période trouble pendant laquelle la guillotine symbolise davantage le pays que son drapeau ou la cocarde, qui tue au nom des libertés, n’a pas encore livré tous ses secrets. Cette bande dessinée a le mérite de la mettre à nouveau au premier plan, avec ses enjeux qui sont toujours d’actualité.
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