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icentenaire de la naissance d’Herman Melville oblige, Moby Dick refait surface, même si le célèbre cétacé ne s’était jamais vraiment éloigné des rivages de la bande dessinée (cf. les travaux de Christophe Chabouté, Jouvray/Alary ou Rouaud/Deprez). Un texte littéraire majeur, profondément ancré dans l’imaginaire populaire et, qui plus est, libre de droit, cette partie pêche rassemble tous les atouts pour intéresser les éditeurs sur la piste d’un bon coup éditorial. D’un côté, Achab affronte son cachalot et ses démons, de l’autre, des artistes ambitieux se frottent à un monumental roman du répertoire. Au lecteur de tirer la ligne et d’apprécier le résultat.
Comment retranscrire sans trahir et comment se démarquer des autres versions déjà existantes ? L’énoncé de l’équation est simple et terrifiante. Isaac Wens et Sylvain Venayre ont choisi une voie plutôt littérale et trouvé quelques astuces narratives pour condenser au mieux l'imposant volume tout en modernisant certains de ses enjeux. Les moments iconiques (la relation Ismaël – Queequeg, le doublon cloué sur le mât, l'âme troublée du capitaine, etc.) sont évidemment bien présents. Pour révéler les similitudes entre les sous-entendus culturels du XIXe siècle et les considérations sociétales de 2019, le récit se transpose aujourd’hui, à Paris plus précisément. Un journaliste interviewe un metteur en scène à propos de son échec à monter une pièce de théâtre sur le même sujet. Ces échanges soulignent la modernité du livre et pointent différents éléments thématiques pertinents (religion, crise environnementale, etc.). Surprenant un instant, ces glissements entre Pacifique Sud et région parisienne deviennent rapidement naturels alors que l’ultime chasse s’engage.
Trait à la hache épousant des faciès marqués par les embruns, découpage tendu et couleurs rongées par le sel, les illustrations d’Isaac Wens prennent à bras le corps les mots de Melville. Moins fougueux ou romantique que Riff Reb's ou Hugo Pratt, le dessinateur joue la carte du réalisme teinté d’expressionnisme : pas de fioriture ou d’envolée lyrique, à la place, des regards francs et, à l’horizon, l’immensité des flots, le tout baignant dans l’odeur de l’huile de baleine. Corollaire à la quantité d’informations à raconter, la mise en scène est passablement encombrée. Les dialogues et récitatifs sont pléthores et empiètent parfois sur les compositions. L’ensemble reste néanmoins très lisible et agréable à parcourir.
À la recherche de Moby Dick (excellent titre au demeurant) est une lecture « sérieuse ». À l’image du texte original, le ton est grave et la trame psychologique pesante. Au final, cette nouvelle version dessinée s’ajoute sans avoir à rougir ou devoir à la longue liste des ouvrages déjà existants.
Ce n'est pas parce que Moby Dick est un monument de la littérature universelle reconnu bien après la mort de son auteur Herman Melville que j'ai aimé cette énième adaptation un peu spéciale.
En vérité, c'est une sorte de relecture en approfondissement de l’œuvre que propose les auteurs. C'est comme un véritable devoir de français d'une œuvre connue avec une analyse assez détaillée. Bref, le format de la bd ne passe pas ce genre d'exercice en ce qui me concerne.
En effet, je me suis vite ennuyé tout d'abord par des dialogues assez assommants. Il faut dire également que la calligraphie des caractères n'aident vraiment pas. Le choix ne fut pas l'un des plus judicieux. Le dessin assez hachuré a fini par me rebuter totalement.
Il y a certes une certaine passion de l’œuvre par les auteurs (4 ans de travail) mais cela ne touchera qu'un public très ciblé.