L
ors d’une banale chute dans l’escalier du lycée, Koyomi Araragi a découvert le secret de la froide et évanescente Hitagi Senjougahara : elle ne pèse quasiment rien. Comprenant que sa camarade a été touchée par une de ces maladies surnaturelles qui sévissent dans la population, il lui propose de l’aider en la conduisant à un certain Oshino. Ce dernier n’est autre que l’homme qui l’a sauvé du mal inoculé par un vampire et dont il ne conserve que quelques capacités bien utiles. Constamment sur le qui-vive et pas entièrement convaincue, la jeune fille accepte de le suivre, mais son cas se révèle difficile à résoudre.
À l’origine, Bakemonogatari est un light-novel écrit par Nishio Ishin, alias NisiOisin, et illustré par Vofan, publié en 2006. Déjà adapté avec succès en anime en 2009, il a connu plusieurs suites, tout aussi populaires. En 2018, une déclinaison en manga, dessinée par Oh! Great, a débuté au Japon et débarque maintenant dans les librairies grâce aux éditions Pika.
Le premier tome, dont il existe une version collector, s'ouvre au moment où le héros emmène Senjougahara chez son ami et donne aussitôt le ton : celui de la méfiance de la seconde envers le premier, ainsi que sa propension à dégainer à la moindre occasion l’intégralité de son matériel scolaire le plus tranchant, coupant ou transperçant. Ainsi posé, ce personnage féminin suscite l’interrogation et donne envie d’en savoir davantage. Le flashback qui suit cette scène révèle les circonstances de l’accord entre les deux protagonistes ainsi que la manière dont Araragi a lui aussi été victime d’une de ces chimères qui peuplent l’univers imaginé par l’auteur. Point d’orgue de ce tome, l’exorcisme, qui se déroule en plusieurs phases, apporte son lot de révélations et d’explications, tandis que la psychologie de la lycéenne est très progressivement approfondie. Cependant, le rythme est un peu lent. Si cela vise à créer une atmosphère pleine de tension, la récurrence des démonstrations d’agressivité et du jeu quelque peu pervers de l’adolescente envers son accompagnateur – puceau -, produit plutôt l’effet inverse et finit par lasser.
Cette tendance se retrouve dans le graphisme. En effet, Oh !Great ne manque pas de proposer de nombreux plans sur l’anatomie avantageuse de la damoiselle, peu avare et guère farouche quand il est question de se dénuder. Pour autant, les planches s’avèrent réussies, le trait réaliste, le découpage soigné et les cadrages variés assurent une bonne dynamique. Les décors assez chiches cèdent la place aux attitudes et regards qui transcrivent bien les ressentis et les rapports de force.
De facture correcte et s'appuyant sur une idée intéressante, ce volume initial de Bakemonogatari laisse une impression mitigée, du fait d'une débauche de pulsions hormonales qui n'apportent rien au récit.
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