À même le sable du Circus Vaticanus, à Rome, entravé à des poutres de bois croisées, un vieillard attend que débute son supplice. Tandis que les soldats qui le surveillent devisent, il se rappelle du jour, au bord du lac de Tibériade, en Galilée, où lui, Simon le pêcheur, a été renommé Pierre par ce Jésus en lequel certains voyaient le Messie espéré. Tout lui revient, son baptême, les miracles de son mentor, la foule des disciples et, à l’heure de l’épreuve, sa propre trahison au Mont des Oliviers.
Co-éditée par Glénat et Le Cerf, la collection Un pape dans l’histoire vise à retracer les existences de quelques figures emblématiques qui ont été, à un moment ou à un autre, à la tête de l’Église. Pour entamer le mouvement, le présent album évoque donc Pierre (mort entre 64 et 68), apôtre du Christ, à la fois premier évêque de la ville devenue le centre du christianisme en Occident et premier pape.
Ancré au Ier siècle de notre ère, le récit écrit par Patrice Perna transporte d’abord au cœur de l’empire romain, peu de temps après l’incendie qui a ravagé Rome, au moment où les Chrétiens sont persécutés par Néron. Après un rapide rappel des circonstances, il met en scène le martyr et l’agonie du saint, tout en effectuant des allers et retours dans le passé de ce dernier. Il s’arrête sur les épisodes les plus connus, appuyant sur le trait de personnalité le plus marqué du personnage : sa propension au doute. Pour renforcer la tension dramatique, le scénariste n’hésite pas à faire intervenir un autre acteur présent dans les Évangiles, en l’occurrence, un centurion dont l’enfant avait été miraculeusement sauvé par Jésus. Bien que l’idée soit bonne, le rendu semble un peu artificiel, peut-être en raison du manque de souffle dans le propos.
Le dessin de Marc Jailloux se révèle de bonne facture. Les cadrages sont variés, la mise en scène assez réussie – en particulier, dans les scènes qui ont lieu au cirque - et les protagonistes plutôt bien caractérisés, même s’ils auraient pu paraître moins figés. La colorisation de Florence Fantini crée quelques atmosphères convaincantes – les ocres de l’arène possèdent un bon rendu poussiéreux -, cependant, elle reste un peu trop fade dans l’ensemble. Ce one-shot se termine sur un dossier de sept pages conçu par Bernard Lacombe. En plus d’être richement illustré et de proposer un lexique utile, il permet d'en apprendre davantage sur le personnage, les débuts de l’Église chrétienne ou encore la basilique Saint-Pierre.
Saint Pierre - Une menace pour l’empire romain constitue une lecture instructive à défaut d’être profondément prenante. À noter qu’un album consacré à Léon le Grand (Ve siècle) est sorti en parallèle.
Excellent album, habilement mis en scène et donnant une explication très crédible et bien écrite aux derniers instants de Saint Pierre. Le dossier de 8 pages en fin d'album est aussi particulièrement intéressant et richement illustré.