Comment les loups ont massacré la civilisation porcine à peine émancipée, et comment celle-ci a survécu et s’est installée malgré tout… Cette série originale développait dans son premier cycle un western animalier de trame assez classique sur fond de clins d’œil aux contes traditionnels. Le second cycle, conclu par ce quatrième tome, explique les origines de la cohabitation des civilisations des hommes, des porcs et des loups.
Difficile passage de l’exercice de style sympathique et réussi, à celui d’une histoire convaincante qui fait passer la forme au second plan. C’est le pari qu’ont tenté les deux Damien (Marie et Vanderstraeten) en initiant un second cycle alors que le premier se suffisait à lui-même. Malheureusement, ce qu’on pressentait dès le tome 3 se confirme ici : l’intrigue manque de consistance, et ce n’est pas le travail approfondi sur les personnages qui sauve l’ensemble.
Avec des thèmes forts en arrière plan, comme le droit du sol, le racisme, la différence, le récit avait de bons atouts de son côté. Toutefois, malgré le choix de la voix off à la première personne, on ne s’identifie jamais vraiment aux personnages. De plus, comme cet épisode se déroule comme un miroir du précédent (avec les loups à la place des porcs), on n’est guère surpris de la tournure des événements, les personnages secondaires ayant un destin totalement semblable.
Dommage car le travail de Vanderstraeten justifiait à lui seul que la série se poursuive. Moins connu que celui de Guarnido, son coup de crayon mérite pourtant qu’on s’y attarde. Avec parfois des difficultés sur les ressemblances (chez les loups surtout), il a réussi à humaniser ses personnages au point qu’on oublie très vite leur condition animale. Il est hélas trahi par son compère, qui a paradoxalement choisi d’en faire le thème principal de ce cycle.
Ce n’est pas la première fois qu’une suite en forme de récit des origines fait moins bien que l’histoire initiale. Reste à savoir si cette déception entraînera la fin de cette série. On aimerait en tout cas revoir à l’œuvre les auteurs, incontestablement doués, dans un autre contexte.
>> Voir la chronique du tome 3, Trois Cochons
La chute des loups nous est narrée ici. Des similitudes existent entre l'histoire des loups et celle des cochons : un vénérable chef, des enfants qui se disputent, le clan qui se divise et se déchire mortellement. Comme si la destruction venait avant tout de l'intérieur. Le résultat en sera terrible.
Dans tout cette pagaille, on comprendra mieux la psychologie d'un personnage : celle de Wolf, personnage ambigu du tome 1 (celui qui s'était épris de Scarlett, en se remémorant Elveen). Ce dernier, pourtant de nature pacifique, sera opposé par la force des choses à son frère Engrell, belliqueux loup assoiffé de pourvoir ayant assassiné leur père. Avant cela, Wolf se proposera pour apaiser les tensions d'effectuer une mission de rapprochement avec les cochons, afin de mieux comprendre leur nature et apporter un message de paix. Mais il semble que cela soit trop tard. La chute est proche. Les personnages en garderont de profondes séquelles, faites de rancoeurs et de regrets.
Ainsi, la boucle est bouclée. Très sympathique série, à la narration graphique percutante, au scénario plein de finesse, qui nous donne à réfléchir par cette extrapolation animalière à notre humanité (ou inhumanité).
Bon album qui cloture ce second diptyque de manière intéressante. Il y a pas mal d'explications sur les personnages apparaissant dans le premier diptyque (du moins les 3 petits cochons et le grand méchant loup :)). Le développement de l'intrigue est réussie avec pas mal de tragédies bien introduites et de doubles jeux bien menés. Bref j'ai bien accroché.