« Ce qui paraît n’est presque jamais la vérité » : forte de l’enseignement maternel, Mlle de Chartres est désormais avertie. Mais la cour d’Henri II est pleine de dangers pour une jeune oie blanche qui viendrait à confondre profondeur des sentiments et légèreté des sens.
La princesse de Clèves est considérée comme l'un des fleurons des belles lettres françaises, l’une des toutes premières œuvres classiques. Toutefois, pourquoi vouloir prendre le risque d’en faire une adaptation ? Bande dessinée et littérature n’utilisent pas les mêmes ressorts narratifs, peu s’en faut ! Dès lors, il devient difficile de respecter l’ouvrage originel sans l’expurger de certaines parties superfétatoires pour le 9e art. Si la psychologie des personnages et leurs questions existentielles (doit-on être fidèle à ses engagements ou à ses inclinations ?) sont conservées notamment aux cours de séquences de dialogues sur six cases sans bords, les aspects descriptifs trouvent dans le dessin une forme de résumé dont les autrices ont su jouer, tout comme de la mise en abîme de Mme de La Fayette et sa respectable connivence avec de La Rochefoucauld.
Joliment revisité à quatre mains par Catel Muller et Claire Bouilhac, La princesse de Clèves est une histoire dans laquelle il est loisible de se (re)plonger ne serait-ce que pour en apprécier l’intemporelle subtilité.
Comment traiter un tel roman? Le sujet pourrait paraitre peu d'actualité: la fidélité au-dessus de l'amour, la réflexion comme élément de maîtrise des sentiments et élans et tout cela au XVème siècle avec des codes et une langue qui nous sont "étrangers".
L'exercice ici est particulièrement réussi. Excellent équilibre entre la place laissée au texte et celle du dessin. Le dessin un peu maniéré nous plonge dans l'époque (les expressions du visage de la Princesse de Clèves sont très expressives). L'histoire est bien rythmée.
Les deux autrices se sont bien réparties les rôles Catel, les préfaces et postfaces et Claire Bouilhac le corps du roman.
A lire et découvrir pour ceux qui apprécient les textes classiques.
Je ne connais pas le classique de La princesse de Clèves mais j'ai lu tellement d'avis élogieux sur ce roman graphique que forcément, j'ai cédé à la tentation.
Le scénario est calqué sur le roman de Madame de La Fayette. Il met en scène le Princesse de Clèves qui lutte contre ses pulsions pour Nemours un gentilhomme un brin tombeur. Cet amour impossible est au centre de tout le roman graphique et c'est cette intrigue amoureuse qui rythme toute la lecture.
Les personnages sont juste fantastiques. J'ai adoré la Princesse de Clèves qui est magnifique et fait preuve de droiture dans son attitude. J'ai aimé cette fidélité, cette détermination dans sa décision. Elle ne cède pas à la tentation et se montre sous ses airs fragiles d'une implacable détermination.
Nemours quant à lui est un personnage intéressant. Au départ, il pensait jouer avec la Princesse de Clèves mais il se fait prendre à son propre piège en tombant éperdument amoureux d'elle. Il n'aura de cesse d'insister et de l'attendre. Un vain espoir qui se terminera en tragédie.
L'esthétique est fidèle à Catel que j'apprécie beaucoup. Les traits sont en rondeurs. On sent que le travail de documentation en amont a été conséquent.Il y a une multitude de détails dans les tenues et les décors ce qui contribue à nous plonger de plein pied dans l'atmosphère du roman graphique.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com