V
era, fillette de bientôt 10 ans, ne se sent pas vraiment à sa place. Pas totalement russe, ni vraiment américaine, elle compte sur ses deux semaines de colo en forêt pour remédier à tout ça, se faire des nouveaux amis et enfin être comme les autres...
Ah, les jolies colonies de vacances... tout le monde ou presque, se rappelle avec plus ou moins de bonheur, de ces rires, de ces gênes, de ces rencontres. En compilant ses propres souvenirs mais aussi ceux de ses proches, Vera Brosgol raconte les quelques semaines que son double dessiné a passées loin de sa mère ; et elles sont plutôt éloignées de l'image d'Épinal. Après une introduction pas franchement gaie pour l'enfant qu'elle était, place à l'espoir. Celui de s'évader de son quotidien de petite immigrée, perdue au milieu de ses amies qui ne la comprennent pas et auprès desquelles elle a du mal à se faire une place. Un sentiment d'exclusion social, mais aussi financier avec la situation précaire de sa mère, dont elle pense parvenir à se défaire en rejoignant le camp ORRAH, parmi d'autres enfants d'origine russe.
Très vite, elle déchante et tandis que son petit frère prend ses marques, elle se heurte à sa méconnaissance des pratiques du camping, la différence d'âge et les conséquences qu'elle implique. Avec un art consommé de la mise en scène et de la narration, l'autrice raconte avec justesse et humour les affres de la (pré)adolescence. Son lot de moqueries, d'amitié aussi rapide que fragile et le tourbillon de sentiments qui parcourent les personnages. Le ton surprend, entre nostalgie légitime et vieilles blessures, amuse et le récit de ce séjour devient rapidement prenant. La mise en page s'avère également efficace, comme le rythme et la dramaturgie travaillée. Le folklore, culture orthodoxe oblige, les ateliers et autres compétitions prêtent autant à sourire qu'ils étonnent. S'appuyant sur un trait rond, très cartoon, l'artiste parvient à retranscrire chaque réaction d'une intrigue en forme d'ascenseur émotionnel constant, qui se lit d'une traite.
Émouvant souvent, drôle parfois, Un été d'enfer ! respire la sincérité. Un récit d'enfance attendrissant qui ravira les lecteurs de tous âges.
Je suis toujours choqué que dans les relations entre enfants, il y a déjà autant d'inégalités (de richesse). Ainsi, notre petite héroïne d'origine russe Véra est invitée à un anniversaire par une fille gâtée de riches Américains. En retour, elle ne recevra que du mépris et de la méchanceté. Cela nous fait d'emblée de la peine.
Elle va croire que la solution pour passer de bonnes vacances est un camp russe de scouts. On pourrait penser que ce n'est sans doute pas le meilleur moyen de s'adapter à un nouveau pays. Elle connaîtra en effet les mêmes difficultés d'intégration qu'elle finira bien par surmonter d'une manière ou d'une autre.
Il ne se passera pas des choses extraordinaires mise à part l'apparition d'un élan en pleine forêt. Cependant, il s'agit d'un témoignage d'enfant déraciné et solitaire assez touchant. On est tout de suite immergé dans cette ambiance de scoutisme en pleine nature.