L
e Tacchini© bien repassé, les baskets blanches Typex© et la casquette des grands jours, le crew le plus ubiquiste du 9-3 est de retour le temps d’une intégrale de ouf. Bougez vos races, Black & le suprême Mortamère sont dans la place et font entendre leur son.
Les éditions Rouquemoute inaugurent la collection Top Moumoute en rassemblant toutes les pérégrinations bédéphiliques de Black & Mortamère dans un fort beau volume toilé et gorgé d’inédits. La mécanique de Pixel Vengeur est simple : les deux héros se retrouvent dans des univers célèbres du Neuvième Art et ouvrent le feu. Quand la banlieue croise le fer avec le Londres de Edgar P. Jacobs, le résultat fait des étincelles évidemment. Le procédé n’est pas nouveau et la manière un peu maladroite et inégale, mais appliquée. Pour meubler ces hommages déguisés en parodies à gros sabots, l’auteur s’amuse simplement à empiler les décalages sémantiques et graphiques, sans aucune honte ou retenue. Les plus sociologues des lecteurs y verront également un joli portrait de la culture de rue des années quatre-vingt-dix/deux mille avec comme illustrations ces Pieds Nickelés adeptes de rap (impossible à passer à côté du clin d’œil à NTM et à IAM) qui signent leurs exploits à coups de gros calibre et de bombes de peinture.
Ligne claire, gros nez, SF façon Druillet ou Moebius, manga et comics, tout le monde a droit à sa petite visite des marioles de Saint-Denis. Ça rigole, ça dézingue et ça cause en verlant arabisant, mais finalement pas beaucoup plus. Remarquons néanmoins l’impressionnant travail technique du dessinateur qui s’est imposé de changer radicalement de style à chaque récit. Il a certainement appris une bonne partie de son métier dans ces pages.
Histoire complètement gratuites, bêtes et méchantes comme il faut, Black & Mortamère est une lecture parfois un peu répétitive, mais immanquablement hilarante riche d'un second degré du meilleur aloi. Attention aux pécaris roses !
Poster un avis sur cet album