"ô toi, fidèle lecteur, tu connais bien Starr le tueur. Mais sais-tu comment il est passé de simple sauvage cueilleur à noble guerrier au grand cœur ? Écoute donc la geste par Morro le joueur de mots qui a tout vu, depuis le début..."
Né de la communion des esprits de Roy Thomas et de Barry Windsor Smith dans les années soixante-dix, Starr le tueur reprend vie dans ce recueil, grâce à l'imagination fertile et les doigts agiles de Daniel Way et de Richard Corben.
Autant le dire tout de suite, le scénario ne fait pas dans la finesse : il remplit parfaitement son rôle de série B, totalement assumée et décomplexée. De l'action, un rythme bien géré et des personnages stéréotypés comme il se doit: que demander de plus ? Une mention spéciale est accordée au texte déclamé par la voix du troubadour rimeur qui use d'un vocabulaire pas piqué des vers avec des tournures chantantes et teintées d'humour au premier degré. Sans oublier les onomatopées aux sonorités incongrues et jouissives. Notez que si le «méchant» a plus de charisme que le héros présumé, ce dernier n'en attire que plus de sympathie, avec ses défauts et sa maladresse. Au final, cette histoire d'heroic fantasy se révèle relativement agréable à lire, pour qui aime ce genre bien codifié.
Richard Corben reste fidèle à son style hautement reconnaissable : silhouettes hypertrophiées, traits de visage accentués et couleurs tranchées, tout en contrastes. Sur un découpage peut-être un peu trop austère, il fait vivre sa galerie de protagonistes avec dynamisme et une expressivité qui lui est propre , même si certains arrière-plans se révèlent sommaires.
Il est possible d'écrire une bonne bande dessinée sans se prendre au sérieux, c'est ce que prouve le duo d'auteurs ici présent. Sous ses airs d'histoire pour décérébrés et amateurs de gros muscles, Starr le tueur démontre de grandes qualités ; un pur divertissement qu'il serait dommage dédaigner.
J’ai trouvé le dessin de Corben un peu moins percutant que d’autres œuvres plus anciennes mais c’est toujours du beau boulot, très typique. Peut-être des couleurs moins chatoyantes et des décors plus sages. L’histoire est intéressante aussi mais aurait mérité plus de développement.